Un article sur les enjeux et les risques du projet Google Print Books (oui je sais … encore un … mais celui là est à la fois très partisan et très "argumenté") : "A risky Gamble with Google." Pour vous donner envie : "We need services like that provided by Google Library. But they should
be "Library Library" projects. Libraries should not be relinquishing
their core duties to private corporations for the sake of expediency." Paru en accès réservé dans "The Chronicle Review", Volume 52, Issue 15, Page B7, et en accès libre … sur le blog de l’auteur 🙂
(Via la liste Web4Lib)
Magnifique article. Et — vous avez tout à fait raison — parfaitement argumenté.
Sa conclusion souligne également la richesse, la valeur humaine et politique de la bibliothèque — et aussi du centre de documentation en entreprise ajouterais-je — : le centre d’information construit une communauté humaine et soutient ses valeurs.
Siva Vaidhyanathan rappelle ainsi que les fondateurs de la démocratie américaine estimaient que la République ne pouvait survivre sans bibliothèques. Pour ma part, je pense notamment aux animations assurées en bibiliothèque pour les enfants, à la promotion de la lecture publique faite par les bibliothécaires en zones rurales ou banlieue, aux expositions thématiques d’ouvrages sur des sujets comme les droits de l’Homme ou la liberté de la presse. Je pense aussi aux espaces pour que les collégiens, les lycéens et les étudiants puissent faire leurs devois, avec les encyclopédies et les conseils des bibliothécaires sous la main. Et surtout, souvenez vous de cette atmosphère de travail intellectuel ou bien de ces enfants perdus, heureux, dans leurs BD, cette valorisation implicite de la pensée et de la littérature — et d’une pensée et littérature de qualité.
Car les bibliothèques et centres de documentation, c’est aussi une sélection des meilleurs documents. Malgré tous leurs algorythmes, les moteurs ne sélectionnent rien. Seuls les êtres humains sélectionnent. Google et les autres ne sont rien sans la pertinence des liens hypertextes. Et qui tisse tous ces liens, je vous le demande un peu ?
On se demande s’il ne serait pas temps de promouvoir des moteurs de recherche réellement publics et open source (exemple pour un moteur open source : Nutch http://fr.wikipedia.org/wiki/Nutch, en partie basé sur Lucene http://ocsima.neuf.fr/KMThesaurus/Indexation-Recherche-Lucene.htm et implémenté comme moteur interne sur le portail Droit francophone http://droit.francophonie.org/recherche.epl?lang=fr ).
Citations :
«It means making sense of what a library signifies to a community and the individuals in that community. Libraries are more than resources. They are both places and functions. They are people and institutions, budgets and books, conversations and collections. They are greater than the sum of their books.
The presumption that Google’s powers of indexing and access come close to working as a library ignores all that libraries mean to the lives of their users. All the proprietary algorithms in the world are not going to replace them.»
«We have become obsessed with seeing everything in the universe as « information » to be linked and ranked. We have focused on quantity and convenience at the expense of the richness and serendipity of the full library experience. We are making a tremendous mistake.»
A partir de votre billet, de mon commentaire et de ma lecture de l’article de Siva Vaidhyanathan et d’autres que vous avez cités ailleurs, j’ai écrit ceci :
Les centres d’information face aux moteurs : au delà des outils de recherche
http://www.precisement.org/blog/article.php3?id_article=134
Histoire de rappeler que les moteurs n’ont pas tant inventé que ça et qu’il n’y a pas de recherche sans êtres humains 🙂