On ne compte plus ces jours derniers, dans la presse et dans les blogs, les manifestations de mécontentement d’usagers suite au "coup" de la nouvelle offre publicitaire de Facebook. Les appels au boycott et à la désertion se multiplient, les associations (EPIC, EFF) se mobilisent et montent au créneau, et l’on semble redécouvrir soudain la problématique de l’industrialisation de l’intime et de la marchandisation de nos mémoires et de nos échanges privés.
L’avenir dira si Facebook saura ou non faire preuve d’une communication de crise à la hauteur de celle (la crise) qu’il traverse actuellement. Et pourtant. Pourtant il eût été facile à Mark Zuckerberg (fondateur de Facebook) de se souvenir de ce qui à l’époque avait tué le moteur de recherche leader, à savoir Altavista. Ce dernier avait eu l’idée saugrenue de mixer les résultats organiques de son moteur avec des liens sponsorisés, déclenchant l’ire de ses utilisateurs, et donnant naissance aux premières manifestations massives de boycott sur Internet. En quelques semaines, le sort d’Altavista était pour ainsi dire plié, reléguant ce dernier au cimetière des moteurs. A la même époque, un petit moteur universitaire, avait l’idée de séparer dans l’interface les résultats organiques des liens sponsorisés, et ce faisant remportait la partie. Un petit moteur aujourd’hui devenu grand. La publicité n’est pas soluble dans les résultats de recherche. Elle ne l’est pas davantage dans la sociabilité numérique. Signe des temps cependant (et maturation des problématiques big brotheriennes aidant), la grogne des usagers fut à l’époque d’Altavista, principalement menée par les utilisateurs francophones du moteur, alors que les associations aujourd’hui en pointe sur le front de la contestation Facebokienne sont très largement anglo-saxonnes.
Facebook dispose de quelques mois (pas plus) pour changer de stratégie s’il ne veut pas tout simplement plier boutique. Il peut (encore pour quelques mois donc) continuer de s’appuyer sur un vivier d’utilisateurs très largement surnuméraire, utilisateurs ne pouvant (pour l’instant) se tourner vers aucun autre réseau social équivalent en termes de fonctionnalités proposées et de masse critique. L’arrivée d’OpenSocial dans les prochains mois, devrait mettre un terme à ce leadership. Je ne voie donc pour Mark Zuckerberg que 2 manières de sauver Facebook :
- Primo : réaligner la politique de confidentialité du site et sa charte d’utilisation pour endiguer l’hémorragie des appels au boycott qui se multiplient (avec le risque de perdre quelques
vautourspartenaires commerciaux ayant flairé le bon coup, mais en même temps, les mêmesvautourspartenaires commerciaux sortiront peut-être d’eux-même du marché si l’hémorragie n’est pas endiguée et si l’image de marque de Facebook, jusqu’ici très positive, sort lessivée de cette période trouble …) - Deuxio : réorienter, favoriser ou mettre davantage au premier plan le développement d’applications tierces à caractère professionnel pour "captiver", attirer et ancrer le public geeks & CSP++ qui est l’essentiel des utilisateurs de Facebook. Si ceux-là arrivent à y trouver leur intérêt et à développer sur Facebook de réelles dynamiques de travail collaboratif, et si on ne leur propose pas en pleine réunion de travail de résoudre leurs problèmes d’éjaculation précoce, alors il y a fort à parier que ceux-là resteront et que Facebook consolidera l’avance qu’il avait jusqu’ici réussi à prendre sur le créneau de la fidélisation.
Sinon …