En septembre 2005 je publiais un article indiquant toutes les potentialités des blogs et du RSS pour la veille.
Plus de 3 ans plus tard, la dernière étude de Digimind ("Baromètre des pratiques de veille stratégique des grandes entreprises françaises") montre à quel point l’adoption de ces pratiques est encore confidentielle :
- "plus de 50% des cellules de veille ne surveillent pas ou peu les forums, blogs et autres réseaux sociaux."
Reste à savoir pourquoi … L’étude de Digimind évoque comme premier frein "la méconnaissance des sources".
Il se peut fort bien que la veille stratégique soit une entreprise à la fois probabiliste et pragmatique.
Les connaissances extraites de la recherche se veulent plus une probabilité de résultats qu’un constat net et nuancé. Les clients se contentent peut-être très bien d’une approximation quand la quantité d’information est trop grande ou trop précise.
D’où l’approche pragmatique d’une veille axée sur les sources institutionnelles, coconstructrice d’une réalité « officielle », commune et partagée, permettant de naviguer à vue, dans un monde ainsi plus stable.
Au final, les « institutions » donnent en général dans la prescription, autorévélatrice parfois, alors que les milliers de blogues ressemblent davantage à un mouvement brownien, extrêmement coûteux à « processer ».
Humainement parlant, aussi, il est plus facile de survivre à un conseil d’administration en citant Forrester que Affordance ou Zéro Seconde. Les autres sources ont l’avantage de faire consensus et de permettre la discussion sur une base commune.
La « méconnaissance des sources » me semble être un facteur exogène dans l’écologie de la veille : le pouvoir de la blogosphère –ou des forums et autres réseaux sociaux– n’a d’impact qu’à partir du moment où un média traditionnel ou une institution en tient compte.
J’imagine qu’il y a des domaines d’activités où Internet n’est pas essentiel…