Tim Berners Lee s’exprime assez rarement, mais sa parole est d’or. Sa dernière entrevue sur BBCNews (à propos de l’importance d’interdire aux fournisseurs d’accès de conserver la trace de nos connections) n’apprendra rien aux spécialistes de la question, mais les exemples et les analogies choisis sont lumineux, ainsi :
- "Je n’ai pas envie que, si je recherche des livres sur cancer, ces données soient transmises à ma compagnie d’assurance, avec le risque de voir ma police d’assurance augmenter, à cause de ces recherches"
- "J’estime très important que mon fournisseur d’accès amène l’internet jusqu’à mon domicile, de la même manière que la compagnie untel y amène l’eau. Cet apport de connectivité doit se faire sans contrainte, sans contrôle ni surveillance des sites sur lesquels je me connecte."
- il plaide enfin pour que la procédure d’opt-in l’emporte clairement sur ce terrain.
Un interview à mettre en balance avec les sociétés contractantes dans le cadre des projets OpenID fondation ou encore OpenSocial fondation, fondations derrière lesquelles on retrouve encore et toujours les 3 grands acteurs que sont Google, Microsoft et Yahoo! Une composition qui si elle est dans la nature même des "fondations", et même si le projet affiché offre quelques garanties (notamment celle de placer sous licence creative commons les résultats des travaux desdites fondations), ne doit pas faire oublier que le risque de la centralisation des données publiques/privées/intimes entre les mains de ces acteurs appelle à une vigilance constante et à une réaffirmation de l’importance des travaux et des approches du mouvement open source (même si là encore, la stratégie des 3 firmes a permis de réinstrumentaliser l’open source à leur profit presqu’exclusif, en s’offrant une fenêtre de rêve sur l’ingénierie de ces projets et de ces développements).
(Via Pintini // Temps de rédaction de ce billet : 55 minutes)