Les livres de C&F Éditions sur Cairn.info (et donc les miens aussi)

Mes trois derniers livres ont été publiés chez un éditeur un peu particulier, C&F Éditions, auquel j’ai un attachement également particulier au travers des deux personnes qui depuis longtemps font en sorte de sa bagarrer pour une certaine vision de l’édition indépendante, et qui aussi et surtout, ont permis de créer l’une des plus belles collections de livres « autour » du numérique, comme Thelonious Monk a créé sa plus belle oeuvre autour de minuit (d’ailleurs les amis de C&F Éditions ils éditent aussi des livres autour du jazz). Bref. Tout cela vous le savez, tout cela je vous l’ai déjà écrit et décrit.

Mon dernier livre, « Les IA à l’assaut du cyberespace : vers un web synthétique« , s’est vendu à un peu moins de 350 exemplaires [Mise à jour du soir] Ah bah finalement mon éditeur préféré me dit qu’après doucle check de comptabilité on est pas loin des 500 exemplaires [/Mise à jour]. Alors certes c’est plus que celui de Marlène Schiappa (245 exemplaires de « Sa façon d’être à moi », source Edistat), c’est plus que celui de l’ex-ministre déléguée au logement, Emmanuelle Wargon (157 exemplaires de « Bienvenue en politique : à ceux qui sont tentés de renoncer », source Edistat), mais mais mais, et c’est une vraie blessure narcissique, c’est beaucoup moins que celui de l’ectoplasme faux-derchique aka Jean-Michel Blanquer (888 ventes de « Ecole ouverte », source Edistat).

Vous me direz, C&F Editions n’a pas de diffuseur, il faut donc commander les ouvrages, et j’ai fait beaucoup moins de plateaux télé que Wargon, Schiappa et Blanquer pour en assurer la promotion. Donc bah c’est pas si mal. Mais ce n’est pas suffisant pour assurer la pérennité de ces « petites » maisons d’édition qui sont – par-delà la qualité de leur catalogue – l’un des tout derniers points de résistance face à un paysage éditorial totalement gangréné par des idéologies au mieux réactionnaires, de Vincent Bolloré à Vincent Montagne.

Donc achetez ou n’achetez pas mes livres, mais par contre achetez des livres en papier chez C&F Editions et chez d’autres éditeurs indépendants.

Lorsque l’on veut que des idées circulent et s’imposent, on peut miser sur le matraquage publicitaire et les grands groupes éditoriaux au service de leurs intérêts rétrogrades, mais l’on peut aussi s’appuyer sur un autre essentiel, cet essentiel qui est celui de la « citabilité » des textes et donc des idées. Le fait qu’elles soient trouvables, accessibles et citables, et que par le biais de ces citations ces idées puissent se répandre et se répondre chez d’autres.

C’est en partie pour cela que C&F Editions a décidé de diffuser son catalogue sur le site Cairn.info. Me concernant, voilà ce que ça donne.

Et lorsque l’on clique sur l’un des ouvrages, on arrive sur cela :

 

Avec donc une « barrière payante » qui vous permettra d’acheter une version numérique à 9 euros d’un ouvrage toujours en diffusion papier à 15 euros. Cairn.info permet également d’acheter « au chapitre », et il vous en coûtera alors 5 euros (le chapitre).

Mais la vraie force de Cairn.info, c’est que l’essentiel de son catalogue est accessible gratuitement à toute une communauté d’étudiantes et d’étudiants, d’universitaires, mais aussi de journalistes, « gratuitement » car les services de documentation de bibliothèques universitaires mais aussi municipales, achètent un accès à la base Cairn.info pour leurs usagers. C’est encore une autre bataille que de faire en sorte que les universités aient assez d’argent pour « offrir » cet accès gratuit à leurs étudiant.e.s et à leurs enseignant.e.s, mais pour l’instant en tout cas, cela fonctionne encore.

Et à la fin tout le monde s’en trouve un peu plus intelligent, instruit et curieux.

Mais le combat est encore très loin d’être gagné comme le rappelle Hervé le Crosnier (je souligne) :

Quand une institution (bibliothèque, université, centre de recherche…) a pré-payé un accès global à Cairn, les usagers et les usagères peuvent profiter du service. Ils et elles ont alors un impression de gratuité, qui bien entendue est soutenue par des décisions de service (public) et donc qui dépendent des modes de financement de ces institutions. Nous passons en fait d’un achat individualisé (un lecteur ou une lectrice achète un livre) à un service socialisé. Dans les moments troublés que nous traversons, quand il n’est plus question que de dette d’un côté et de refus des « taxes » de l’autre, il nous semble important de rappeler cela. Le « consentement à l’impôt » est ce qui fait société, car il permet d’accès en dehors des règles du marché.

Cairn assure une rémunération des éditeurs qui est retransmise aux auteurs et autrices via les droits d’auteur. Mais cela reste avant tout un « mode socialisé de diffusion », qui facilité le travail universitaire (recherche analyse, citation).

Pour autant, du point de vue de l’éditeur, c’est l’achat décentralisé qui fait la majeure partie de ses revenus, et donc sa capacité à continuer d’éditer des livres. Nous espérons donc que l’accès via Cairn fera découvrir des ouvrages, et incitera à les acheter pour constituer des bibliothèques personnelles. Nous croisons les doigts, nous avons besoin des revenus et nous aimons le support imprimé et l’indépendance de la réflexion qu’il permet.

 

Alors voilà. Lisez, lisez, lisez. Consultez, consultez, consultez. Et si vous le pouvez, achetez, achetez, achetez. Des livres de maisons d’édition indépendantes.

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