Dans son dernier "billedito", Jakob Nielsen jette un pavé dans la mare des moteurs : "Liberation from search dependency is a strategic imperative for both websites and software vendors." La question posée par Nielsen par d’un constat : de plus en plus d’usagers arrivent sur les sites web via les liens sponsorisés. Conséquence directe : de plus en plus d’entreprises investissent dans des campagnes de liens sponsorisés. Chiffres et études à l’appui, Nielsen tire le constat sans équivoque de ce cercle commercialo-vertueux : les moteurs n’ont qu’à attendre en s’engraissant. Son billet (qui concerne principalement les sites commerciaux d’entreprises "éditeurs" de contenus) pose alors clairement l’alternative suivante : soit on laisse le cercle fonctionner à plein et les moteurs seront gagnants, "profitant" du travail de fond fourni par les producteurs de contenu, soit … on trouve un autre moyen de "fidéliser" ses visiteurs (rappelons-le : l’utilisabilité et l’ergonomie sont les fers de lance de Nielsen). En d’autres termes (ceux de Nielsen) : "How can websites devote more of their budgets to keeping customers, rather than simply advertising for new visitors?" Et de proposer une série de mesures à la fois classiques et d’actualité (éditer des newletters régulières, proposer des accès depuis les terminaux mobiles, etc …). Pour conclure : "The real goal is to make users come back, and to have them come directly to your site instead of clicking on expensive ads."
Au-delà des solutions proposées par Nielsen, le constat qu’il dresse est intéressant parce qu’il questionne, bien au-delà des enjeux pour les sites commerciaux d’entreprises, le modèle hiérarchique et pyramidal à sens unique qui borne à la fois la recherche, l’accès et l’usage (les usages) de l’information. Tout en haut de la pyramide : Google et quelques autres. Juste en dessous, les quelques élus qui bénéficient (parfois à raison, il ne s’agit pas d’un procès d’intention) d’un positionnement dans les 4 ou 5 premiers résultats. Tout en bas … l’immensité du web. Du web ‘visible’ pour tous (= indexable) et pourtant de plus en plus ‘invisible’ pour chacun.
A ce titre, l’apparition des blogs a permis, à mon sens, d’atténuer considérablement le phénomène de nivellement par le haut (où par le bas, selon là d’où l’on parle) que je viens de décrire. Et ce parce que les blogs permettent d’automatiser et de rendre transparent pour l’utilisateur la mise en place de la plupart des "solutions" proposées par Nielsen. La réaction des moteurs face à cette émergence ne se fit d’ailleurs pas attendre, ces derniers n’hésitant pas au début de l’explosion des blogs à déclasser manuellement les résultats issus desdits blogs pour laisser "en place" les toujours identiques 4 ou 5 premiers élus. Mais la blogosphère n’est pas le web. Et il importe donc, en formant, en éduquant, en travaillant sur la qualité des contenus évidemment, mais aussi en réfléchissant à de nouveaux usages, de rendre au web sa forme originelle : non pas celle d’une pyramide mais celle d’un réseau, acentré, un réseau "dont le centre est partout et la circonférence nulle part", comme disait l’autre.
Ajoutons la tentative de controler certaines technologies en introduisant par exemple des formats RSS spécifiques…
Petite question: vous faites référence à un déréférencement manuel de blogs. Je suis un peu surpris, vous avez des exemples? Pour ma part je pense qu’il y a la tentative de les traiter à part mais pas forcément de ne pas les prendre en compte dans les index.
La blogosphère n’est pas le web, certes… mais elle en est partie. Elle en est même partie particulière puisque temporelle. Comme disait l’autre autre, elle n’existe que par son écoulement dans le temps, un peu comme la conscience humaine… 😉
Emmanuel> Il y a de cela quelques temps (après l’affaire « salam Pax bloggueur de Bagdad »), et juste au moment dfe l’explosion des blogs les moteurs se sont retrouvés démunis face à l’hallucinante vitesse de positionnement de certains blogs en lieu et place des « habituels » 4 ou 5 premiers élus. Ils ont donc (google en tête, mais je n’avais malheureusement pas fait à l’époque de copies d’écran) « déclassé » manuellement les résultats provenant de blogs pour les positionner en 2ème ou 3ème page de résultat. Puis, ils ont effectivement fait rapidement le choix de produire un espace de recherche dédié. J’avais à l’époque fait mes tests sur les blogs de Pierre Assouline (monde des livres) + quelques autres spécialisés « informatique et nouvelles technologies » (des blogs individuels d’étudiants s’étaient à l’époque retrouvé l’espace de quelques jours « devant » les habituels Microsoft ou IBM sur des mots-clés « informatique » ou « hardware » ou « logiciel », ce qui n’était effectivement pas cohérent et était dû – pour partie – à la fréquence de rafraîchissement desdits blogs).
Oui mais ca me semble un peu dangereux d’avancer l’hypothese d’un déréférencement sans preuve. Le ranking en revanche peut évoluer très vite, rien ne garantit le placement. Surtout sur des sujets très chauds. Je pense vraiment qu’i s’agit d’un mouvement propre aux algo de Google. Sauf contrainte juridique je les imagine peu intervenir manuellement.
Je sais en revanche que le débat s’est posé sur des services comme Google News.
Sans preuve matérielle certes … mais hors période de Google Dance, et sur des mots-clés standards comme ceux évoqués dans mon commentaire (donc pas spécialement « chauds ») voir des blogs passer en 2 jours (c’est ce que j’avais observé à l’époque) passer du « Top five » à la troisième page de résultats avec TOUS les blogs n’apparaissant qu’à partir de cette troisième page, ça me semble constituer un fasceau de preuves suffisant (j’avais à l’époque « observé » le phénomène sur plusiers blogs, toutes thématiques confondues). Je vais essayer de remettre la main sur quelques articles ayant à l’époque fait état de ce fait.
Cordialement
Vous mettez dans le mille … comme d’habitude ou presque 🙂
De sucroît, les modules « blogs » des moteurs de recherche ne sont pas à la hauteur des modules « web ». Je teste tous les mois mes requêtes tests juridiques sur Google Blog ou le dernier cité (tiens : Rocket Search en dernier lieu) et leurs résultats ne font pas le poids par rapport à une lecture quotidienne d’une sélection manuelle des meilleurs blogs du domaine.
Economie vertueuse
Relayé et déjà commenté ici ou là, cet article du NYTimes fait le point sur les modalités de reversement des publicités Adsense par Google, marquant la volonté de ce dernier de soigner ceux qui font les contenus.