Le monde comme un plateau de jeu.

Je n’ai jamais été un accroc des jeux vidéos. Mais j’ai souvent regardé mon petit frère ou des amis passer des heures à construire leur univers avec les "Sims" et autres "Civilization". Je n’ai jamais été non plus un grand fan des jeux de rôle grandeur nature avec des indices à chercher dans son quartier et le risque de voir votre meilleur ami vous sauter dessus au détour d’une pizzeria, vêtu d’une armure de pacotille et d’une épée en bois en hurlant "Par le pouvoir de Gudrünnar, je vais te tuer, troll des bois !".
Le "plateau de jeu" dans l’un (jeux vidéos) comme dans l’autre cas (jeux de rôle) était encore un élément de distanciation en tant qu’objet (c’est un plateau de jeu en carton posé sur une table) ou en tant que reflet social (les habitants du quartier regardent votre meilleur ami et son déguisement en carton pâte d’un air bizarre). Or voici qu’avec Google Earth vient d’apparaître un nouveau jeu : le "Earth Contest". Le principe est simple : vous téléchargez Google Earth, vous vous enregistrez en ligne et vous récupérez un code qui vous permet de récupérer un premier indice via les étiquettes (labels) apparaissant sur Google Earth. On peut même y jouer en équipe. Et le but du jeu est de battre le "GameMaster" (traduisez ‘Maître du jeu’). Je ne suis pas allé plus loin (je vous ai déjà dit que je n’étais pas fan de jeux).
Mais avec ce jeu d’un nouveau genre, le "plateau de jeu" n’est plus désincarné, il ne permet plus aucune distanciation puisque le jeu c’est le monde, et le monde c’est le plateau de jeu. Alors une nouvelle fois la "glocalization" s’affirme comme la redécouverte d’une carte à l’échelle du territoire. Et les nouveaux habitus nécessaires à chacun d’entre nous pour habiter et appréhender de manière cohérente ce nouvel espace sont loin d’être établis.
Simple gadget ou symptôme d’une nouvelle échelle de perception de la réalité informationnelle et informée du monde que nous habitons ? Probablement est-il trop tôt pour le dire. "World is a game"