J’ignore si je suis ou non un "termite numérique", mais je sais que tout a commencé par là. C’était il y a trois mois. Presque jour pour jour. Depuis, 300 billets sont venus enrichir ce blog. Et vous êtes pas loin de 22 000 à lui rendre visite avec un rythme de croisière actuel qui se situe entre 150 et 200 visiteurs uniques par jour. Plus j’avance et plus je pense que cette "activité" (le blog) fait (ou pourrait faire) partie intégrante du "métier" d’un Maître de Conférences (ou d’un enseignant chercheur si vous préférez). Le blog, en tout cas "mon" expérience du blog m’amène à le considérer sous un double statut : à la fois "paillasse" et machine à café.
"Paillasse" parce qu’on y met ses idées à l’épreuve. On expérimente, on propose, on suggère, on confronte, on structure aussi. Ca ne donne pas toujours de bons résultats, on tombe parfois à côté de ce qu’on cherchait au départ, on n’évite pas toujours les fausses manipulations ou les approximations mais on finit aussi par trouver, par découvrir, par démontrer. On y passe dans la journée, entre deux cours, entre deux réunions. On y revient (souvent) le soir, même quand le labo est fermé ou les collègues en vacance parce qu’il faut bien aller voir "où ça en est", remettre un peu de ceci, enlever un peu de cela, voir si tout se passe bien. Paillasse donc.
Et puis machine à café. Parce qu’on y rencontre des gens. Des gens venant d’autres horizons, d’autres disciplines, universitaires ou simples quidams. On y entretient un échange toujours stimulant. On y découvre de nouvelles individualités, on y crée "du réseau". On y signale des choses. On y délivre de l’information. Parfois déjà connue, d’autres fois non. On y commence des débats, on y entame des conversations que l’on poursuivra, chacun sur sa paillasse. On y vulgarise parfois pour expliquer au gars d’en face sur quoi on bosse et de quoi on cause. On y jargonne aussi, mais quel métier n’a pas le sien (de jargon) ? On y noue quelques solides amitiés, on y va droit au but, aussi bien dans les louanges que dans les critiques assassines. On n’y cause pas que de boulot. On y commente aussi un peu l’actualité. Machine à café donc.
Merci donc à tous les lecteurs et/ou commentateurs d’Affordance.
Allez, je vais me servir un bon café et je retourne à ma paillasse 🙂
Bravo Mr Ertzscheid,
trois mois de blogging intense pour 300 billets. L’oeil est averti et la plume aiguisée…
La comparaison est très heureuse et néanmoins fortement pertinente : « à la fois paillasse et machine à café ». Ma paillasse ressemble à un clavier, mon café est à côté, la machine se trouve en face et parfois même je m’endors devant… D’où le choix très juste de « paillasse » !
Bonne continuation pour mettre à jour les informations que Google à oubié pour nous.
Pour ma part, je suis en adéquation avec ta formulation : « Plus j’avance et plus je pense que cette « activité » (le blog) fait (ou pourrait faire) partie intégrante du « métier » d’un Maître de Conférences »…
Parole de Past 😉
Mais je me demande toujours si, en France, nos Maître de Conf. ne sont pas un peu frileux dans le domaine… de peur que l’on puisse « voler » leur recherche et de peur de confronter ou d’exposer leur point de vue à la fois à leurs étudiants et au grand public.
Et combien considèrent encore les blogs comme un sous-média. J’en ai entendu quelque uns dire que les blogs « manquaient de profondeur », je traduis pour eux ; « ce ne sont pas des textes sérieux ».
bref, pour beaucoup d’entre eux, pour vivre heureux, vivons cachés… s’applique à merveille 🙂
Nicolas> Merci 🙂
Eric> « Continuons le combat » Les mentalités évoluent doucement. Je crois qu’il en sera bientôt des blogs « universitaires » ou « scientifiques » comme ce qu’il en est à l’heure actuelle des blogs journalistiques. Une partie de la presse continue de tirer à boulets rouges sur ces derniers après les avoir regardé avec condescendance. Mais de plus en plus de grands titres (en France et outre-atlantique) intégrent progressivement ces nouveaux entrants à leurs habituels modes de fonctionnement. A titre personnel je dois dire que je reçois de plus en plus (mais pas au point de devenir consultant 😉 de sollicitations émanant de l’université, du monde du journalisme et des entreprises en mal d’outils collaboratifs efficaces pour « auditer la faisabilité et le ROI potentiel de ce genre d’outils » (citation véridique 😉
Les blogs, indépendamment de leur milieu d’application, font chaque jour la preuve de leur pertinence. Pour en revenir à l’université, nombre d’universités américaines ne se contentent déjà plus d’ouvrir une adresse de courier électronique à leurs étudiants mais leur offrent un compte « blog ». Un virage important est en train de se négocier dans tous ces secteurs. On est au milieu de la courbe et il est donc encore difficile d’en voir le bout mais je pense que cela ne prendra pas beaucoup de temps. Pour en revenir à ces réactions que tu cites en commentaire, un de mes billets à récemment subi les foudres d’un universitaire chevronné sur une liste de diffusion dont je tairai le nom. Le billet ayant été signalé par le modérateur de la liste comme « intéressant », l’universitaire en question est allé le consulter et sans chercher une seconde à savoir « qui » parlait (alors que ce n’est pourtant pas caché), considérant qu’il s’agissait d’un blog à d’emblée considéré qu’il s’agissait de l’analyse inutile et erronnée de quelqu’un n’y connaissant rien (je ne cite pas l’original qui était dans un registre de langage beaucoup plus familier …). Le simple fait que j’intervienne sur la liste pour interpeller l’individu en question et lui signaler mon « statut » l’a d’emblée ramené à la raison, et les arguments du billet sont instantanément passés du statut de « production insignifiante » à celui de « remarquable analyse » … ça tient à peu de choses 😉
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