La guerre est finie : considérations sur les moteurs et les vortex.

Imaginez qu’Airbus déclare via son vice-président de la branche finance, qu’il se contentera d’une place de numéro 2 face à Boeing parce que de toute façon, la technologie de Boeing est meilleure … Peu probable.
Or une nouvelle affaire est en train de se répandre dans tous les blogs s’intéressant aux moteurs de recherche. Elle concerne la déclaration de Susan Decker (Chief Financial Officer and Executive Vice President, Finance and Administration) : "We don’t think it’s reasonable to assume we’re going to gain a lot of
share from Google. It’s not our goal to be No. 1 in Internet search. We would
be very happy to maintain our market share
". Bien sûr il ne s’agit en aucun cas d’une quelconque bourde. Une erreur de communication peut-être, mais une erreur de stratégie, sûrement pas.
Que la déclaration ait ou non été faite "off" importe peu. Elle confirme l’hypothèse que j’avais formulée dans un billet de la mi-décembre 2005 : "Et si la guerre des moteurs était finie ?" Google est et reste n°1, Yahoo! se contente donc de la deuxième place. Et Microsoft de la troisième (au moins du point de vue du "traffic", car en termes de pertinence, Exalead, s’il confirme sa montée en charge à 8 milliards de pages, est d’ores et déjà loin devant). Fin donc de cette guerre là. Ou plus exactement, chronique d’une fin annoncée. Car il y a déjà bien longtemps que Google ne communique plus sur son "coeur de technologie". Renonçant même à afficher le nombre de pages indexées sur sa page d’accueil, événement ou non-événement qui était déjà en soi annonciateur. Cet aspect là de la guerre des moteurs semble donc bien appartenir au passé. Pour autant il est évident que d’autres lignes de front mobilisent d’ores et déjà les troupes. Citons (sans exhaustivité aucune) :

  • l’entrée sur les marchés émergents (Chine)
  • la mutation de ces sociétés en agences média planétaires
  • la publicité, la publicité, la publicité
  • la "bataille des livres"
  • la base de donnée des intentions (Ah le vieux modèle des "bases de données relationnelles" poussé à son extrême …) et son peut être plus proche que nous ne le pensons "psychological rank"

Le "coeur" de technologie aujourd’hui est (au moins pour Google et Yahoo!) ce que les anglo-saxons appellent les "SERPs" (Search Engine Results Pages) et la manière dont elles permettent de mobiliser les fonds des annonceurs. La tendance lourde (que fixe dans le marbre la déclaration de Yahoo!) est au remplacement de ces SERPs par des SESPs, traduisez : Search Engine Services Pages.
Les médias véhiculent de l’information. Les agence médias "monétisent" des services. Les moteurs de recherche tels que nous pensions les connaître ne sont plus que de vertigineux vortex d’audience. Comme les vortex décrits dans les ouvrages de science fiction (dans lequels on les appelle d’ailleurs souvent des "portails" …), comme les vortex disais-je, ils ont capacité à "téléporter" littéralement de nouveaux (et gigantesques) publics vers d’anciens services, et vice-versa.
"Mais oui, Mais oui … l’école la guerre est finie."

En complément (billets tous deux signalés par Mael) : lire le billet de Nathalie Kupieck de l’Ecole de Guerre Economique et la "théorie unifiée de Google" de Jim Hedger : "The Unified Theory of Google, (and it is only a theory), suggests to us
that as Google grows into itself, it will subtly favour information
found within its own databases
".

3 commentaires pour “La guerre est finie : considérations sur les moteurs et les vortex.

  1. Ray> Oui, et j’avais d’ailleurs à l’époque réagi à son article en commentaire et via ce billet :
    http://urfistinfo.blogs.com/urfist_info/2005/02/la_guerre_techn.html
    Billet, qui exprime l’inverse de mon argumentaire d’aujourd’hui … « Y’a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis » 😉
    P.S. : à ma décharge le billet sur Urfist Info date d’il y a un an. Le temps qu’il a fallu à Google pour devenir une agence media.

  2. Bof, Altavista pensait aussi en son temps que la guerre des moteurs était terminée. Comme le disait un sage en Inde, « ce qui à la nature de naître porte en lui les germes de sa destruction » …
    C’est un constat réaliste que fait Yahoo. Yahoo, ce n’est pas que du Search, et leur but n’est pas d’être numero 1 de la recherche, mais d’etre profitables, ce qui inclue la recherche mais pas seulement.
    D’ailleurs Yahoo a répondu sur son blog :
    http://www.ysearchblog.com/archives/000239.html

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