Bibliothèque : les 3 modèles de l’universalité

Au coeur des bibliothèques, de leur métier, de leur savoir-faire et en face de leurs usagers se trouve le catalogue. Le catalogue c’est la clé de l’accès aux savoirs, mais aussi celle de bien des convoitises et de pichrocolines guerres entre éditeurs, libraires et … moteurs. Aujourd’hui, deux modèles "surnagent" et cristallisent l’attention de tous :
– celui de la bibliothèque "classique" et de ses universels atermoiements (même si les choses n’ont jamais autant avancées …)
– celui de la bibliothèque marchande.
Imaginons maintenant un site, qui offre à ses usagers la possibilité de "cataloguer". Un site dans lequel chacun puisse "entrer" tout ou partie de sa bibliothèque. Une bibliothèque d’usagers pour mieux devenir une bibliothèque d’usages. Déjà 1 483 867 livres. Et pour chacun d’entre eux, le nombre d’usagers qui en possèdent une copie ou d’autres oeuvres du même auteur. Avec pour chacun d’entre eux des données "sociales" : la possibilité de le "tagguer", de lui ajouter des mots-clés donc, ou si l’on préfère, des "entrées", ou si l’on aime mieux, des "vedettes", matière, auteur, sujet, etc. La possibilité de "voter" (j’ai aimé, un peu, beaucoup, etc.) La possibilité de "recommander" (ceux qui ont aimé celui-ci ont aussi aimé celui-là). La possibilité de "découvrir" d’autres livres avec un même coeur de "tags", découvertes parfois "bibliothéconomiquement" judicieuses, parfois déliceusement aléatoires (sérendipité). La possibilité d’en faire une fiche de lecture (review). Possibilité sociales donc, mais également catalographiques, avec une notice plus qu’honorable, jugez plutôt : auteur / titre / autres mentions de responsabilité / Editeur et ville de publication / ISBN / vedettes sujet de la bibliothèque du congrès / correspondance Dewey / plus vos "tags" personnels. Le tout renvoyant au final, vers des sites d’éditeurs/grossistes/libraires en ligne (mais on doit pouvoir aussi renvoyer vers des sites de bibliothèques).
3 modèles donc.

  • Celui de la bibliothèque européenne. Le modèle standard et interopérable. Dont la rigueur bibliothéconomique fait la force, et le manque d’espace collaboratif la faiblesse.
  • Celui de la bibliothèque (ou plus exactement du catalogue) marchand. Où l’on thésaurise à Wall Street autour de thésaurii parfois bien mal acquis.
  • Celui de la bibliothèque collaborative. Où l’on n’a pas davantage de copies que de "copies de copies". Où l’on ne côtoie que des exemplaires. Où la collaboration fait l’exemplarité.

Il semble aujourd’hui acté que l’on n’arrêtera pas la marchandisation du catalogue. Il faudra du temps et l’oubli de bien des lourdeurs techniques, administratives, politiques et culturelles pour que le premier modèle couvre le spectre de connaissances et de savoirs qu’il s’est fixé. L’alternative, sinon la solution est peut-être alors à chercher du côté du troisième modèle. Une troisième voie idéale serait probablement à construire dans l’ouverture collaborative du premier modèle. Mais là encore, une culture-métier (celle des bibliothécaires) n’est pas, loin s’en faut, une culture d’usage (et encore moins "la" culture des usagers). En attendant donc la bibliothèque universelle :

D’autres collaborations (Dmoz, Wikipedia) ont fait la preuve de leur pertinence et de leur utilité en même temps que celle de leur utilisabilité.
(Via Qwickly)

5 commentaires pour “Bibliothèque : les 3 modèles de l’universalité

  1. Au chapitre des bibliothèques collaboratives, j’ajouterai (même si ce n’est pas à proprement parler une bibliothèque) musicbrainz ( http://musicbrainz.org )
    c’est une base de métadonnées sur la musique qui est née peu de temps après le mp3 quand les internautes ont ressenti le besoin de « cataloguer » leur collections. Elle est libre (les données sont dans le domaine public) Elle est collaborative avec un système de modération pour obtenir la base la plus propre et la plus homogène possible (avec les mêmes questions sur les méthodes de catalogage que celles que peut se poser un documentaliste) Elle évolue très vite, permettant aujourd’hui de rentrer des liens vers wikipédia ou entre les différents artistes ou les différentes chansons… (les FRBR mises en place au fur et à mesure sans une norme définissant tout au départ, si je peux me permettre la comparaison)
    Ce qui est très intérressant, c’est que l’ouverture permet de nombreuses utilisations annexes non prévues au départ (last.fm)
    Alors ? quand est ce que l’abes se décide à ouvrir le sudoc et donner des dump de sa base de données biblio en licence libre (domaine public ?) et à créer une communauté autour ?

  2. Wikipédia oui, mais DMOZ n’est absolument pas un modèle à citer en référence, du moins pour la partie française. Il est clair pour beaucoup de connaisseurs de cet annuaire de liens qu’il est désormais phagocyté par de nombreux petits éditeurs, voire de méta-éditeurs, parfaitement malhonnêtes. Ce d’autant plus que les données de l’annuaire sont reprises sur le Google Directory et font donc l’objet d’importants enjeux en termes de référencement sur certaines rubriques.

  3. Harrycover> J’avoue ne pas avoir d’infos sur le phagocytage de DMOZ. Avez vous quelques exemples ou sites de référence sur la question ?
    P.S. joli pseudo 🙂

  4.  »Imaginons maintenant un site, qui offre à ses usagers la possibilité de « cataloguer ». Un site dans lequel chacun puisse « entrer » tout ou partie de sa bibliothèque. Une bibliothèque d’usagers pour mieux devenir une bibliothèque d’usages. »
    Je vous invite à venir essayer le site l’Agora des Livres (www.agoradeslivres.com) qui n’en est qu’à ses premiers pas mais qui espère supporter un jour la comparaison, pour le monde francophone, avec son grand frère anglophone LibraryThing.
    Jean-Michel (aka Andras sur l’Agora)
    PS : j’ai découvert votre site via le commentaire que vous avez fait à l’article d’Olivier Le Deuff « Du catalogue au blog : le catalagoblog » sur son blog « Le guide des égarés ».

  5. Ecosystème du livre. Chronique de séismes annoncés.

    Les lecteurs des excellents et incontournables blogs LaFeuille et NouvoLivrActu ont une bonne conscience des secousses telluriques agitant actuellement le monde de l’édition, de la librairie (et au delà des bibliothèques) à l’heure du numérique. De nou…

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