Au regard du nombre de bibliothèques sur la planète, le nombre de celles en contrat avec Google pour numériser leurs fonds est dérisoire (27 à ce jour).
Au regard de l’ampleur et de la vitesse du programme de numérisation de Google Books (qui vient de franchir la barre du million d’ouvrages), celui des bibliothèques est dérisoire à l’échelle nationale (et hélas trop peu visible et trop peu unifié à l’échelle internationale). Mais, comme le remarque justement Dominique Lahary, et comme je l’avais moi-même signalé dans un vieux billet, les initiatives, hors dudit monde des bibliothèques, sont pourtant foisonnantes.
Or cette barrière, ce front de la dérision (selon le point de vue que l’on adopte), est en train de bouger. Et c’est un article du New-York Times qui raconte le tout, selon un scenario déjà connu des lecteurs d’Affordance (ou d’autres blogs s’intéressant à la question). Les copies des livres numérisés (gratuitement) par Google et remises aux bibliothèques doivent, par contrat, rester inaccessibles à toute autre indexation externe. Facteur aggravant d’un eugénisme documentaire avoué. Il s’agit donc de se positionner. D’autant que d’autres stratégies sont possibles, notamment via l’Open Content Alliance, avec laquelle de plus en plus de bibliothèques semblent signer (dont celles du Connecticut et du Massachussets). D’autres, suivant une "troisième voie", signent avec Google ET avec l’OCA, ce qui n’est d’ailleurs pas pour déplaire à Google, loin s’en faut. La raison en est simple : les ouvrages numérisés par l’OCA sont librement accessibles et indexables par tout le monde, et donc par Google qui n’a en l’occurence pas à supporter les coûts de ces numérisations (qui n’ont donc rien de "concurrentes"). Pour autant, il semble jusqu’ici que seulement une vingtaine de bibliothèques aient signé avec l’OCA.
On peut donc se poser la question suivante : pourquoi les bibliothèques françaises, à l’image de leurs grandes ou petites soeurs anglo-saxonnes, ne signent-elles pas avec plusieurs partenaires, dont l’OCA ? Et bien parce que dans le cas de l’OCA, les coûts de la numérisation sont à la charge des bibliothèques. 30 $ par livre. Oui mais. Mais là-bas, ces coûts sont pour l’essentiel supportés non pas directement par les bibliothèques, mais par le biais de fondations privées (comme la Sloan Foundation, très généreuse sur les budgets d’aide à a numérisation) qui assument la plus grosse part du coût de numérisation incombant aux bibliothèques. Et voilà pourquoi les bibliothèques françaises en particulier et européennes en général ne peuvent que rester en situation d’observation du bouleversement en train de se produire : elles ne peuvent de fait ni compter sur l’argent de l’état, ni sur celui de fondations privées pour supporter les mêmes coûts de numérisation.
Tiens, juste une idée en passant, ne serait-il pas envisageable que la BnF se serve – avec l’accord de leurs initiateurs – des initiatives signalées ici (parmi d’autres signalées là) pour réaliser un fonds numérique qui pourrait rivaliser en masse et en intérêt avec l’avance prise par Google Books ? Non pas un site portail tel que celui déjà déployé par le ministère de la culture (et par ailleurs excellent), mais bien un réservoir de textes … Il me semble que tout le monde y trouverait son compte, y compris celles et ceux qui sont à l’origine desdites initiatives et dont l’opiniâtreté et la constance seraient enfin sinon récompensées, tout au moins reconnues.
(Via le BBF, if:book, DigitalKoans)
Pendant ce temps, la bibliothèque du congrès et l’Unesco signent un accord pour un bibliothèque numérique mondiale (qui contiendrait des fonds particulièrement rares ou fragiles), et la BnF souffre "d’une faiblesse quasi-insurmontable : elle n’a rien à vendre."
Olivier Ertzscheid, bonsoir.
Merci encore pour votre travail !
le lien « la BnF souffre « d’une faiblesse quasi-insurmontable : elle n’a rien à vendre. »
est corrompu, voici le bon lien :
http://bibliofrance.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=292&Itemid=1
Trés cordialement, Bibliofrance.