Polémique (victor)

Dans la série des vidéos virales et viralement polémiques, l’une des dernières en date est celle de l’intervention d’Alain Finkielkraut lors de l’émission Ripostes, intervention visionnable ici, et dans laquelle il est question de "débrancher l’école". Et la blogosphère dans son panurgisme le plus pénible de crier à l’unisson (ou presque), "vilain méchant honni soit Finkielkraut", et de dresser déjà les bûchers d’inquisition sur les cendres encore tièdes des dernières polémiques du bonhomme, qui ne saurait d’ailleurs en la matière être suspecté d’avarice … Et bien, une fois n’est pas coutume, j’avoue être entièrement d’accord avec Alain Finkelkraut (mais juste pour l’extrait en question hein ? n’allez pas me faire dire ce que je n’ai pas dit). Avec une nuance (importante) tout de même : je ne croie pas du tout que l’introduction massive d’internet à l’école soit la cause de quoi que ce soit, et certainement pas des symptômes ni du constat dressé par le même Finkelkraut dans son dernier opus "La querelle de l’école" (constat avec lequel je ne suis en revanche pas du tout d’accord, pas plus que sur les moyens d’y remédier, mais c’est un autre débat). Cette introduction massive (d’internet et d’ordinateurs) n’a selon moi causé aucun problème, pas plus qu’elle n’en a aggravé d’autres, en revanche, et c’est bien là mon (seul) point d’accord avec Finkelkraut, elle ne permettra certainement pas d’en solutionner le quart du commencement d’un (problème). Alors bien sûr, tout cela mérite d’être nuancé. Je crois par exemple qu’à partir de la seconde, il n’est naturellement pas aberrant de commencer à permettre aux élèves de faire la différence entre un aspirateur et un ordinateur 🙂 Mais, hormis les quelques exceptions qui existeront toujours, la mise en place, dès la maternelle, d’une approche, même ludique, de l’ordinateur (et d’internet, oui je sais ce n’est pas la même chose mais j’entretiens volontairement la confusion étant donné que la même confusion se perpétue dans l’approche de l’outil et du média telle qu’elle est généralement délivrée et mise en place dans les écoles et les collèges), la-mise-en-place-dès-la-maternelle-d’une-approche-même-ludique-de-l’ordinateur, disais-je, me paraît donc juste hors de propos, et essentiellement inutile.
De la même manière, et pour les mêmes raisons de fond, je suis également d’accord avec Jean-Michel Salaün – mais cela m’arrive plus fréquemment qu’avec le précédent, et en plus c’est moins risqué – pour temporiser le déboulement massif du wifi dans les amphis. La raison (comme l’explique Jean-Michel) est le maintien d’une forme de captation de l’attention, captation rendue de plus en plus délicate l’arrivée dudit wifi dans lesdits amphis (que celui qui n’a jamais fait cours devant 50 étudiants et 50 capots – d’ordinateurs – ouverts, ose ici me dire le contraire).
Voilà c’était ma minute "rétrograde 2.0" 😉
Vous pouvez troller.

8 commentaires pour “Polémique (victor)

  1. Titre idiot, développement incohérent, défense de Finkielkraut, critique de la « blogosphère »… J’ai compris: c’est quelqu’un qui s’est assis à votre bureau et qui a piqué vos mots de passe! Mais on ne la fait pas à vos lecteurs, trop habitués à votre intelligence et votre subtilité pour prendre des vessies pour des lanternes… Revenez-nous vite!

  2. Débranche !

    Non ce billet nest pas un hommage à la chanson de France Gall mais une réaction envoyée sur la liste cdidoc à propos de lémission ripostes où une documentaliste signalait les propos dAlain Finkielfraut qui pensait qui…

  3. Je partage également cet avis. L’erreur serait de laisser par contre l’Ecole débranchée, car qui alors prendrait en charge l’éducations aux médias et aux nouveaux outils?
    L’enjeu c’est de savoir quand brancher avec efficacité et le débranché est un bon exercice pour justement que les élèves aient acquis des qualités réutilisables sur l’Internet.

  4. OLD> Bien sur, il ne faut pas laisser totalement l’école débranchée. Et les propos d’AF sont d’abord à entendre comme ceux d’un polémiste avant d’être ceux d’un philosophe (qu’il est hélas de moins en moins …). Je naturellement aussi, la clé c’est celle de l’apprentissage de cette économie de l’attention. C’est à dire d’abord apprendre aux élèves à être « économes » de leur attention, de manière générale et dans leurs « nouveaux » rapports aux « nouveaux » médias. Et ensuite (plus tard), démonter avec eux les rouages de cette même « économie » de l’attention (au sens marchand cette fois)
    André> J’ai bien gardé les clés et les codes de ce blog. Je ne critique pas la blogosphère mais la propension à la mise au bûcher qui en caractérise une grosse partie. Enfin je ne défends pas Finkielkraut (mon billet me semblait pourtant empli de suffisamment de précautions stylistiques. Je vous accorde en revanche sur c’était un « billet du samedi soir ». Merci pour l’intelligence et la subtilité, compliments que je vous retourne sans mal, et sans aucune précaution stylistique cette fois 😉

  5. Repartons donc sur les bases de la discussion. Internet à l’école? Il faudrait commencer par le commencement: former les profs et intégrer l’outil aux programmes, ce qui est loin d’être le cas. Est-ce que c’est en distribuant des stylos qu’on apprend aux enfants à écrire? Mettre des ordinateurs partout est pour l’instant une façon simple de se donner bonne conscience par rapport à un révolution qui échappe complètement aux éducateurs (voir l’hilarant blog « participatif » du ministère), avec l’avantage d’une manifestation de dépense budgétaire, ce qui est une façon de pouvoir répondre qu’on fait quelque chose…
    J’ai des enfants en cours moyen, à qui j’ai laissé mon iBook lorsque j’ai acheté un plus gros modèle. Ils ont rapidement appris à se servir de Google et YouTube. S’approprier les moteurs de recherche, au moment même où ils découvraient l’utilité d’un dictionnaire, est une ressource dont ils ont déjà pu se servir à titre scolaire. Je les ai également vu tricher sur des jeux en ligne, créer des comptes fantômes pour contourner certaines limitations, etc., ce que je trouve une excellente manière de s’approprier certains principes du rapport à la machine. Je suis heureux qu’ils découvrent et balisent ce territoire dès maintenant, mais je trouve un peu dommage que cet apprentissage ne passe pas par l’institution, qui a tout à y perdre.

  6. Il manque quelque chose à ce billet, c’est un petit peu d’argumentation… On le résume en quelques mots, si on enlève les précautions (ne pas faire croire qu’on est d’accord avec Finkielkraut, mais ne pas vouloir panurger avec la blogosphère bêlante) :
    – ordi + internet à l’école : ça ne fait ni ni du mal, ni du bien, mais ça ne résoud rien
    – on peut commencer à y initier les élèves à partir de la seconde (15 ans)
    – mais à la fac, on débranche le wifi pour écouter parler le prof.
    Pourquoi ? On ne le saura pas (sauf à aller lire Salaün pour la dernière question)…
    En seconde, la plupart des élèves n’ont nullement besoin d’être initié à l’ordinateur. (Ils ont par contre une foule de choses à apprendre sur la manière d’y faire autre chose que ce qu’ils y font à la maison, par exemple chercher sur plusieurs moteurs de recherche, améliorer leur façon de chercher, se servir d’un agrégateur, identifier un site, évaluer et croiser des sources…)
    Plus tôt, ils ont le plus grand besoin, au moment où ils accèdent à l’ordinateur, d’être accompagnés par l’école, comme ils doivent l’être également par leurs parents, dans cette découverte.
    Cela n’empêche pas des pratiques ado qui doivent rester « hors regard des adultes »: msn, skyblogs et d’autres qu’ils inventeront.
    Si l’école ignore tout des pratiques des élèves et les rejette en bloc, qui leur permettra d’acquérir une représentation juste de ce qu’est Internet ? Qui leur fera comprendre ce qu’est l »identité numérique » et la nécessité de s’en préoccuper ? Qui leur fera passer les messages nécessaires concernant la sécurité ?
    Les nouvelles technos sont déjà entrées à l’école. Une peu sur la pointe des pieds, certes. C’est intéressant de suivre ce qui s’est fait au Québec autour de l’utilisaiton des blogs en milieu scolaire (http://carnets.opossum.ca/mario/archives/2007/10/les_blogues_de_protic.html).
    C’est évident que le recours à la technologie ne peut résoudre les « problèmes de l’école ».
    Mais le rejet brutal de la technologie, le fait de brocarder, comme le fait souvent Finkielkraut, ceux qui s’y intéressent, l’utilisent, en explorent les usages, et de les accuser d’enterrer la Culture ne peut ni endiguer quelque chose qui est en marche, ni favoriser l’amélioration de l’école.
    Une dernière remarque, entendue dans un colloque sur ce que j’aime appeler la « e-Education road » :
    « On entend souvent les gens qui entrent dans une salle de classe s’émerveiller, la voix cassée par l’émotiion, en voyant le tableau noir et les chaises alignées : oh, c’est merveilleux, ça n’a pas changé ».
    Est-ce que quiconque serait pareillement bouleversé et ému, et secrètement heureux s’il entrait dans une salle d’opération d’un hôpital, et, retrouvant les ustensiles utilisées il y a 50 ans, des appareils anciens et devenus vétustes, s’écrirait : « Oh, c’est merveilleux, ça n’a pas changé du tout ! ». »

  7. Bien d’accord avec André Gunthert et Virginie Clayssen, l’institution scolaire doit accompagner l’apprentissage des outils informatiques et des médias associés bien plus tôt que la classe de seconde [ce qui ne veut pas dire pour autant autoriser une omniprésence de la connexion, avec le déficit d’attention justement dénoncé par Jean-Michel Salaün].
    Une analyse critique postérieure à un usage «spontané», mal accompagné, acquis avant une quinzaine d’année ne ferait qu’ancrer l’image de l’enseignement comme un lieu déphasé, pessimiste et rabat-joie.
    Je me souviens, il y a une trentaine d’années, de la difficulté à faire comprendre les codes du message publicitaire à des adolescents persuadés que la publicité avait pour unique fonction de faire découvrir de nouveaux produits. Il était manifestement plus difficile de les faire reconsidérer leur pratique de lecture des publicités que de les accompagner dans la découverte de formes de communication comme certains genres littéraires auxquels ils n’avaient pas été confrontés auparavant.
    Il serait bien mieux de devancer les pratiques et de faire découvrir dès l’école des fonctions et méthodes des techniques numériques. Apprendre à faire plus plutôt qu’apprendre à ne plus faire…

  8. « Mais le rejet brutal de la technologie, le fait de brocarder, comme le fait souvent Finkielkraut, ceux qui s’y intéressent, l’utilisent, en explorent les usages, et de les accuser d’enterrer la Culture ne peut ni endiguer quelque chose qui est en marche, ni favoriser l’amélioration de l’école. »
    C’est cette Culture essentiellement livresque que Finkielkraut ne peut se résoudre à voir mourir chez les jeunes. Des expressions culturelles disparaissent ou ont déjà disparu : La tragédie classique (Corneille, Racine) le grand roman du XIXème ( Balzac, Stendhal). Ce sont toutes ces formes culturelles qui ont assuré la formation d’un Finkielkraut et qui perdent leur place hégémonique.
    Soyons honnête, ce n’est pas qu’une question de support (livre contre écran). Internet favorise la dispersion et gaspille l’attention. S’appuyer sur des outils anciens pour canaliser ce zapping, c’est ce que propose Finkielkraut. C’est un combat perdu d’avance avec ces armes là. Il n’empêche que c’est un combat légitime qui n’a toujours pas trouvé d’outil adapté.

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