Qui dirige l’université entreprise ?

C’est une opinion d’Yves Le Coadic à lire dans le Figaro. Extrait :

  • "Par qui sont dirigées les universités ? Par des gens qui n’ont pas les compétences gestionnaires, c’est-à-dire
    les compétences économiques, financières, juridiques, sociales pour
    diriger une entreprise qui emploie plusieurs centaines de personnes et
    qui reçoit plusieurs milliers d’usagers par an.
    "

Et de pointer quelques travers existants, à savoir le clientélisme, les "préférences", etc.
Je partage le point de vue d’Yves Le Coadic quand il souligne la nécessité de mettre aux postes de présidence des gens ayant une forte compétence en gestion. Peut-être faudrait-il en effet réfléchir à des modèles inspirés de ce
qui se passe par exemple à l’hopital : les directeur(trice)s ne sont
pas des médecins mais des "cadres de santé".
Pour autant, je trouve qu’il est des analogies à manier avec précaution à l’heure où l’on nous sert de la "révolution managériale" à toutes les sauces : non, l’université n’est pas une "entreprise", pas davantage que ne l’est l’hôpital. Je ne croie pas que mettre à leur tête des cadres authentiquement (et strictement) gestionnaires les transforme automatiquement en "entreprise", mais c’est assurément prendre un autre risque. Car au regard du contexte politique actuel, ces mêmes cadres n’auront d’autre choix que de "faire" de l’hôpital et de l’université … des entreprises. Pour l’instant, la personnalité des présidents d’université et leur "incompétence" gestionnaire est, presque paradoxalement, une assurance que l’université tentera de garder encore quelques temps ses missions d’acceuil, de recherche et d’enseignement, dans un périmètre qu iest celui du service public et non de l’entreprise.

4 commentaires pour “Qui dirige l’université entreprise ?

  1. Le fait que les présidents d’université soient « incompétents » ne me gêne pas: les présidents de la république le sont aussi. Je veux dire par là que ce sont des élus, dont on attend qu’ils représentent la communauté qui les élit, pas qu’ils soient des technocrates.
    Par contre un président d’université doit s’entourer de technocrates: un Secrétaire général, une cellule juridique, etc.
    Par ailleurs je suis gêné par la dichotomie faite ici entre « service public » et « entreprise ». Il y a bien des « entreprises publiques », non? On confond, dans ces débats, le statut et la mission. Des entreprises (ou des associations, ou d’autres types de structure) peuvent très bien remplir des « missions de service public », en principe. Je ne veux pas effacer les différences, elles existent bel et bien, mais il me semble qu’on devrait avoir un regard plus fin sur ces questions permettant justement de trouver des solutions originales, des compromis sur la question de l’université.

  2. Nicolas> Sur le point 1, OK. Savoir s’entourer peut également être une solution. Pour le reste, oui i y a des entreprises publiques. Non je ne croie pas que l’université en soit une ou ait vocation à la devenir.
    Tout cela méritant effectivement u regard plus fin. Mais cela ne semble pas être à l’ordre du jour : ni du côté du gouvernement, ni d’ailleurs du côté de ses contradicteurs les plus présents dans les médias. (heureusement le collectif SLR fait un boulot d’explication « fine » remarquable).

  3. « Peut-être faudrait-il en effet réfléchir à des modèles inspirés de ce qui se passe par exemple à l’hopital : les directeur(trice)s ne sont pas des médecins mais des « cadres de santé ». »
    > Puis-je me permettre de faire remarquer que les analogies entre université et CHU sont fortes puisque toutes deux sont dirigées par un conseil d’administration, CA à la tête de laquelle on retrouve un élu (à Nantes apr exemple il s’agit de JMA le maire de la ville) et que là où le CHU dispose d’un directeur général, l’université elle peut compter sur un secrétaire général qui à la haute main sur l’ensemble des personnels et des services et qui est censé assister techniquement le Président dans son rôle.
    A voir le bal des SG dans les universités ces derniers mois, je reste convaincu qu’ils jouent un rôle très important et complètement méconnu. L’évolution de leur statut est d’ailleurs également à l’ordre du jour.
    Par ailleurs on peut être compétent et avoir des principes. Je trouve particulièrement dangereux qu’on puisse souhaiter ‘l’incompétence » des présidents d’université pour conserver un caractère de « service public » aux missions de l’université.
    C’est donner une triste image du service public. A l’instar de la plupart des postes à responsabilités hiérarchiques à l’université, on gagne encore aujourd’hui très peu à être président… Ah ! J’entends même qu’on peut perdre…
    bonne fin de journée.

  4. Manuel> Pas de malentendu. OK sur le rôle clé des SG. Je n’ai jamais souhaité l’incompétence des présidents. J’ai juste repris l’argumentaire de l’article d’Yves Le Coadic. Ceci étant, je suis passé par deux universités avant d’arriver sur celle de nantes, et dans les deux cas, l’incompétence – gestionnaire – était manifeste. Pour conclure et pour aller dans votre sens, je crois que l’université a besoin de clarifier les fonctions : laisser les enseignants chercherus faire de l’enseignement et de la recherche, et augmenter considérablement les postes d’administratifs pour faire l’indispensable travail de gestion et d’administration. Le flou actuel dans lequel tout le monde fait un peu le travail de tout le monde me semble largement insatisfaisant pour les uns comme pour les autres.

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