La question des folksonomies (indexation "sociale") se pose dans différents champs avec de plus en plus d’acuité, et on observe une adoption lente mais certaine de ce mode d’indexation dans des secteurs très variés (de la presse à l’édition scientifique en passant par les bases de données, les catalogues de bibliothèque, et naturellement les sites dont le contenu est "généré" par les utilisateurs). Petite revue de web sur ces questions :
- Heckner, Markus and Mühlbacher, Susanne and Wolff, Christian : Tagging tagging. Analysing user keywords in scientific bibliography management systems. (.pdf) Cet article repose deux questions essentielles : est-il possible de dégager des phénomènes de régularité ("patterns") dans cette indexation sociale, et y-a-t-il ou non convergence entre une indexation libre (tags) et une indexation contrôlée ? L’article apporte quelques confirmations en comparant la manière dont des usagers et des auteurs "tagguent" des articles scientifiques : les usagers utilisent des mots-clés plus génériques que les auteurs, et ni les uns (auteurs) ni les autres (usagers) n’aiment les verbes et les adverbes dans le processus d’étiquettage, leur préférant les adjectifs et les acronymes.
- du côté de la presse cette fois, on assiste à un très intéressant phénomène d’éditorialisation des tags. Ainsi le journal The Guardian lancait récemment une offre d’emploi visant à recruter un "tag editor" avec le profil de poste suivant : "Guardian Unlimited requires a keyword manager to look after the
labelling of our content online to ensure that it is consistent with
the needs of the reader and the editorial values of the Guardian and
Observer. The role requires attention to the demands both of a
considerable content archive and of a fast-moving news operation, and
involves work across media; from text to cartoons, video to podcasts.
It would suit either a journalist with a particular interest in
archiving, or someone with a background in information science who
possesses a keen editorial sense." Il est particulièrement significatif de voir qu’ainsi, tout en reconnaissant la valeur ajoutée de cette libre labellisation de l’information par les usagers, des journaux se tournent vers un modèle hybride permettant de concilier cette richesse avec les ajustements nécessaires pour rédure le bruit inhérent à l’indéniable valeur ajoutée des tags. - et puis dans la même perspective, un nouveau système de tas automatiques, évolutifs, baptisé "tags temporels". L’idée est d’attribuer des tags à des images, et de faire évoluer automatiquement, tous les mois, lesdits tags, en prenant notamment en compte les mots-clés déposés par les usagers pour accéder aux images ainsi étiquettées dans des services comme FlickR. Pour plus d’informations, voir l’article de l’Atelier.
Ces différentes informations laissent raisonnablement espérer, à terme plus ou moins long, une convergence des systèmes d’indexation libre, "corrigés" selon un processus éditorial classique ou de manière plus automatisée.