J'ai dans mon agrégateur une bonne grosse quinzaine de liens vers des billets et textes qui ont tous comme point commun le décret sur la réforme du statut des enseignants chercheurs. Ce que je pense de ce décret est sommairement résumé dans le titre de ce billet. Mais le contenu de ce billet est composé pour moitié au moins de textes et liens pensant le contraire. Ben oui. Ce décret est un gros point épineux de la LRU car tout le monde – y compris moi – s'accorde à reconnaître que la situation actuelle n'est pas entièrement satisfaisante. Pour autant, un certain nombre de personnes (dont moi) pensent que le "nouveau" décret Pécresse sera juste … pire. Irrémédiablement … pire.
"Le mieux est l'ennemi du bien".
Figurez-vous que ça tombe bien, parce que le "bien" n'est pas vraiment dans les projets du gouvernement. Donc oui, le décret qu'il nous prépare va être pire. Pire pour une raison simple : la force d'inertie du navire universitaire est telle que si ce décret passe, il sera impossible de revenir dessus. Tout comme il est impossible pour l'actuel chef-de-l'Etat-c'est-moi de revenir sur les 35 heures, si hostile y soit-il. On peut toujours rogner dans les coins, arrondir les angles, "libérer" les heures supplémentaires, mais revenir sur les 35 heures, on ne peut pas. Revenir sur le décret des enseignants-chercheurs s'il est mis en application, c'est pareil, on ne pourra pas.
Alors autant pour expurger mon agrégateur que pour permettre à ceux qui voudraient y voir un peu plus clair de le faire, voici la petite histoire du métier d'enseignant chercheur expliqué à mes enfants, histoire immédiatement suivie de la longue mais instructive chronique du décret Pécresse sur la modulation des services.
192 heures équivalent TP d'enseignement
Première étape : papa est enseignant-chercheur. Il travaille à l'université. Sa charge d'enseignement est fixée à 192 heures "équivalent TP" par an. Ca c'est pour les heures de cours. Mais papa ne travaille pas que 192 heures par an, sinon papa serait un gros fainéant. Parce qu'à l'université, une heure n'est pas égale à une autre heure. Y'a les heures de CM (cours magistraux) qui comptent "plus" d'une heure, et les heures de TD (travaux dirigés) qui comptent "moins" d'une heure. Donc y'a des gens qui n'ont presque que des CM et qui travaillent beaucoup moins que 192 heures (mais en général c'est aussi ceux-là qui aiment bien faire des heures supplémentaires – vu qu'ils ont aussi plus de temps pour le faire … donc en fait ben ils travaillent "plus"), et ceux (la majorité) qui travaillent beaucoup plus que 192 heures parce qu'ils ont plein de TP et de TD et qui eux, aimeraient souvent travailler "moins" mais qui n'ont pas le temps.
192 heures de recherche ça se trouve mais le ministère continue de chercher.
Là ça se complique. Parce que les 192 heures d'enseignement, tout le monde les fait (plus ou moins). Mais les 192 heures de recherche, ben … le ministère actuel nous explique que y'a plein de planqués qui les font pas, de mon côté j'aurai plus tendance à considérer qu'une majorité les effectue (j'ai dit "une majorité", j'ai pas dit "tout le monde"), mais que effectivement c'est plus difficile à contrôler et à compter. Or le ministère n'aime pas, mais alors pas du tout, ce qui est difficile à compter. Plus globalement le ministère n'aime pas quand on compte différemment que lui (exemple, autre exemple, et encore un autre).
192 heures de plus …
Bien sur papa ne fait pas que de la recherche et de l'enseignement, il fait aussi tout ce qui lui permet de faire de l'enseignement et de la recherche : corriger des copies, préparer des cours, lire des articles, participer à des jurys de thèse, organiser des soutenances, et plein d'autres choses encore, bref, la routine.
Et puis aussi parfois 192 heures de trop …
Toute organisation humaine a un besoin vital d'organisation. La clé de cette organisation ce sont ces personnels "techniques", "administratifs". Depuis des années l'état malmène ces personnels. Depuis des années l'état ne crée plus de postes pour ces personnels. Alors depuis des années les enseignants-chercheurs récupèrent une partie des tâches administratives qui ne peuvent plus être traitées par les personnels "administratifs", faute de suffisamment de personnels administratifs … Donc on fait du secrétariat, on gère des emplois du temps, on monte des dossiers, on règle des problèmes d'intendance en perdant un nombre significatif d'heures en réunion pour régler lesdits problèmes d'intendance. Bref en plus de la recherche, de l'enseignement, des tâches administratives y'a aussi tout le reste, tout ce qui fait que comme ni'mporte quel agent de la fonction publique, un enseignant-chercheur travaille statutairement 1607 heures par an.
Oui bon ben oh ! C'est pas la mine non plus.
Oh non bien sûr c'est pas la mine. Quand on regarde ailleurs cela pourrait même ressembler à un petit coin de paradis. Mais pour bosser au paradis papa s'est cogné 8 ans d'études et au paradis aujourd'hui papa gagne 1800 euros nets par mois, et non, papa n'a pas honte. Pas honte d'avoir du temps pour regarder ses gosses grandir. Pas honte de ne pas "fabriquer des trucs", pas honte de ne pas s'inscrire dans une "logique de rendement". Pas honte de ne pas avoir à subir les brimades du moindre chefaillon, pas honte de n'avoir pas de petit caporal en permanence accroché à ses basques et en train de lui demander des comptes.
Ca y est ?
Ca y est. Vous avez en gros compris quel était le métier de papa. Bon alors en route pour le feuilleton de la modulation de service.
La modulation de service en 10 non 13 non 18 un certain nombre de dates …
- 8 Juillet 2008 : (oh comme c'est bizarre, juste avant l'été …) c'est là que tout commence "officiellement", avec la publication du rapport Schwartz. Il contient de bonnes idées (peu), mais qui seront bizarrement les seules à ne pas être retenues par Valérie Pécresse (par exemple la création d'une "habilitation à diriger des enseignements"). Et surtout, le rapport Schwartz a pour instruction de mettre sur la table le sujet qui fâche depuis déjà longtemps : "la modulation de service".
- Et le bazar commence. Pas de date précise. Comme tout bazar cela commence de manière diffuse. Mais, signe important, ce sont les juristes et avec eux le syndicat de droite de l'enseignement supérieur qui sont parmi les premiers à monter au créneau (ce qui est assez rare pour être signalé). Les juristes organisent la fronde, ils mettent en place des grève administratives avec rétention de notes et sont bientôt suivis par plein d'autres enseignants-chercheurs, toutes disciplines confondues.
- 9 Novembre 2008 : très modestement, "je" prends connaissance du projet de décret et j'en dénonce les principales dérives sur la (petite) place publique d'Affordance.
- 4 Décembre 2008 : Valérie Pécresse tente l'opération séduction en proposant un "tchat" en direct sur la question de la modulation de service. La ministre répondra en temps réel et tout ça. Vous pourrez poser toutes vos questions et tout ça. Mais pas de chance, problème technique. Total l'opération "dialogue en temps réel sans tabou ni filtrage" se transformera en "réponses rédigées deux jours plus tard à des questions choisies deux jours plus tôt". Pas de chance … vraiment.
- 5 décembre 2008 : Olivier Beaud (professeur droit public) est le premier à réagir sur le fond du décret, avec un texte qui reste à ce jour l'un des plus complets sur la question. Juste un extrait (mais il faut lire le texte dans son entier pour en comprendre les enjeux) : "Mais la principale remarque que l’on peut faire pour l’instant sur cette modulation de services est qu’elle n’est pas faite à la demande de l’intéressé, c’est-à-dire de l’universitaire.
On peut la lui imposer de sorte que la portée de cette réforme est
capitale: l’autorité compétente de l’Université pourra désormais
modifier unilatéralement le temps d’enseignement des
universitaires, qu’ils soient professeurs ou maître de conférences. La
double question qui se pose alors est de savoir, premièrement, à quelle
condition de fond et, deuxièmement, selon quelle procédure.
La Commission Rémy Schwartz, dont on a vu qu’elle était favorable à
l’idée d’une modulation des services, avait proposé que cette «possible
modulation (dût) être formalisée par une convention transparente
arrêtée par le président» et par une publicité de la répartition des
services. Le projet de décret s’écarte du rapport de la Commission en
ce qu’il prévoit pas de telles garanties et se contente de partager la
compétence entre le Conseil d’administration et le Président pour ce
qui concerne l’organisation cette modulation des services." - 5 Janvier 2009 : la CPU met le feu aux poudres avec une lettre incendiaire adressée au président de la république au titre programmatique : "Chronique d'une crise annoncée dans les universités". Prémonitoire.
- 10 Janvier (?) : comme dans toute lutte sociale du XXIème siècle qui se respecte, une pétition est lancée …
- 15 Janvier : devant la fronde qui monte lentement mais surement, et voyant qu'en plus de cela ce sont des juristes qui sont aux manettes, le ministère convoque les représentants des différentes sections du CNU, avec une rhétorique bien rôdée, la rhétorique du chiffre : convoquez des gens mécontents, et commencez par leur annoncer les millions d'euros que vous mettez sur la table pour soutenir leur cause (au besoin parlez même de milliards). Ils seront de suite moins revendicatifs (surtout si vous prenez le soin de leur expliquer que les autres ministères d'avant n'avaient jamais mis autant sur la table), et de toute façon ils n'iront pas vérifier les chiffres, ou quand ils le feront, il sera déjà trop tard (pour eux). Puis le même Ministère commence à baliser communiquer : transparence, charte de bonne conduite, soyons raisonnables, nous sommes entre gens de bonne volonté, bref, un communiqué de presse.15 Janvier toujours, le même ministère accorde quelques "gages", dont la rédaction (hypothétique) d'une "charte" (sans valeur contractuelle). Nous reviendrons plus loin sur cette fameuse "charte"
- 16 Janvier : Isabelle This (nouvelle présidente de Sauvons La Recherche) relève toutes les faiblesses de l'argumentaire ministériel et "prend acte" de la fin de non-recevoir ministérielle.
- 22 Janvier 2009 : une coordination nationale des universités se constitue et se réunit à Paris. Un mot d'ordre : "Le 2 Février, l'université s'arrête". Deux préalables à toute négociation : le retrait sans condition du projet de modification des statuts des enseignants chercheurs, et le retrait du projet de "masterisation" des concours de l'éducation nationale.
- 26 Janvier 2009 : La CP-CNU (réunion de toutes les sections CNU … avec pourtant assez peu d'adeptes de l'ultra-gauche dans ses rangs), pourtant très longtemps silencieuse, et ayant avalé jusqu'ici sans broncher la totalité des couleuvres gouvernementales (LRU, AERES …) demande le retrait du projet de décret pour des raisons très claires formulées ainsi : ce décret … "remet en cause le cadre statutaire national des enseignants-chercheurs. Il crée les conditions propices à des décisions locales arbitraires qui risqueraient d’accentuer les inégalités entre personnels, disciplines (en particulier celles à faibles effectifs), formations et établissements, au détriment de l’intérêt scientifique et des étudiants ; (ce décret) revient sur l’une des dimensions fondamentales du métier des enseignants du supérieur consistant à élaborer leurs enseignements à partir de leurs travaux de recherche ; (ce décret) réduit l’autonomie de la fonction scientifique par rapport à la fonction administrative et remet ainsi en cause les libertés académiques et l’indépendance scientifique."
- 28 Janvier 2009 : André Gunthert publie sur son blog une réponse politique argumentée au désormais célèbre discours des 8 milliards : "Sarkozy défie l'intelligence".
Et puis vînt le 29 Janvier. Et le 29 Janvier, tout le monde le reconnaît, la communauté universitaire s'est mobilisée, comme jamais elle ne l'avait encore fait.
La modulation de service y'a des "pour" et y'a des "contre. Et dans Banga y'a de l'eau.
- Les "pour" : 29 Janvier dans Le Monde (qui, si vous me permettez cette incise, fait preuve dans le traitement de ce dossier d'un parti-pris présidentiel assez … choquant), Alain Beretz, président de l'université de Strasbourg; Yvon Berland, président de l'université de Méditerranée, Axel Kahn, président de l'université Paris-Descartes et Jean-Charles Pomerol,
président de l'université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC), estiment qu'il
faut améliorer le projet de décret sur l'activité des
enseignants-chercheurs. Pour les "pour", les "aspects positifs du texte l'emportent" même si "dans une première présentation, il était implicitement suggéré que
le quota d'heures d'enseignement pourrait être augmenté pour ceux qui
font peu de recherche. Cette présentation qui pouvait donner à
penser qu'un mauvais chercheur est un bon enseignant, alors que c'est
rarement le cas, avait le grand inconvénient de présenter
l'enseignement comme une punition et de faire peu de cas de sa qualité". Autant dire, en forçant à peine le trait, que les "pour" ne sont pas "pour" le projet de décret tel qu'il est (le texte en dénonce les limites et les risques) mais qu'ils sont "pour" un changement par rapport au statut actuel. - Les "contre" : en plus de la CP-CNU, le 29 Janvier 2009 toujours : Bruno Chaudret, chimiste, membre de l’Académie des sciences, directeur de
recherche, Albert Fert, physicien, prix Nobel 2007, professeur, Yves Laszlo,
mathématicien, professeur, et Denis Mazeaud, juriste, professeur signent un texte dans lequel ils déclarent : "Une modulation des services, dans son principe,
pourrait avoir l’intérêt de réduire la lourdeur de la charge d’enseignement qui
handicape l’activité de recherche de nombreux universitaires, notamment vis-àvis
de certains collègues étrangers. Mais ses modalités de mise en oeuvre en font
une mesure dangereuse, hypocrite et contre-productive." Le reste de leur texte explicitant admirablement la nature de l'hypocrisie et du danger. Lisez-le.
Le coup de la charte.
- 30 Janvier : Valérie Pécresse envoie une nouvelle lettre : elle "prend acte", "a compris", "est à l'écoute". Et ne change rien. Plus exactement elle propose qu'une "charte nationale soit rédigée" (par le ministère et la CPU) et "annexée au contrat pluri-annuel". Le gouvernement aime bien les chartes. Dans un autre dossier qui me tient à coeur, il nous a déjà fait le coup de la charte. une charte c'est pratique. Même pas besoin de la signer, elle n'aura de toute façon aucune valeur réglementaire. Elle n'est rien de plus qu'un contrat moral. Le texte, le seul, le vrai, c'est le décret portant modification du statut des enseignants-chercheurs. Vous pouvez lui accoler ou lui annexer toutes les chartes que vous voulez, y compris une charte mentionnant la lapidation obligatoire pour tout scientifique français n'ayant pas décroché un prix nobel avant ses quarante ans, cela n'y changera rien : une charte c'est une charte. La meilleure preuve c'est que les juristes (fins connaisseurs autant que fins chartistes) n'ont jamais demandé l'établissement d'une charte. Ils demandent un "décret CNU" mais en aucun cas une "charte".
- 30 Janvier toujours : la coordination nationale des universités s'inquiète de la tournure de la négociation menée par quelques juristes au ministère. Plus qu'une inquiétude, elle la dénonce comme non représentative et non-mandatée, en soulignant le risque que ces mêmes négociateurs ne lâchent la seconde revendication importante du mouvement, à savoir la question de la masterisation des IUFM.
- 30 Janvier encore : Dans la foulée une nouvelle version du décret paraît.peu de choses changent en particulier demeure la possibilité de modulation des services décidée par le président de l'université et l'obligation que cette modulation ne "dégrade pas le potentiel global d'enseignement" de l'université.Cependant
un verrou est attribué au CNU : un enseignant bien évalué par le CNU ne
pourra se voir attribué davantage que son service de 192 eTD. Demeure le problème del a disparité (possible) de traitement entre "professeurs" et "maîtres de conférences". De fait et comme je le soulignais dans mon billet du 9 Novembre le risque demeure grand que les MdC ne récupèrent des charges d'enseignement supplémentaires (la raison principale de ce risque étant que au CNU les professeurs évaluent les professeurs en
l'absence des Mdc mais participent à parité avec eux à l'évaluation des
dossiers des Mdc). - 30 Janvier 2009 : deux enseignants-chercheurs publient un texte là encore lumineux : "Peut-on mesurer la productivité des enseignants-chercheurs ?" qui prouve ce que nombre de revues de scientométrie attestent depuis des années, à savoir l'inanité des chiffres avancés par l'égo-président si ces chiffres sont pris hors de contexte et sans cadre référent sérieux. Un exemple : il affirmait dans le discours des 8 milliards que, "shame on us", les EC du Royaume-Uni publiaient plus que ces fainéants de froggies. Exact. Mais plus précisément, les auteurs du texte suscité précisent : "pour la période 1996-2000, et selon un indicateur qui prend en compte
la qualité des revues, la longueur des articles et le nombre de
co-auteurs, un enseignant-chercheur du Royaume-Uni publie 63% de plus qu'un
enseignant-chercheur français. Mais, par rapport à ces mêmes Français,
les enseignants-chercheurs allemands produisent 14% de moins, les
Suédois quasiment deux fois moins, et les Espagnols trois fois moins.
Finalement, parmi les trente-cinq centres de recherche mondiaux où la
production par enseignant-chercheur est la plus élevée, la domination
des Etats-Unis est sans partage avec 28 Américains, pour deux Anglais,
un Italien, un Espagnol, un Israélien et trois Français (respectivement
7ème, 10ème et 31ème)." De suite, c'est pas tout à fait la même chose. Autre critique présidentielle et autre objectif du décret sur la modulation de service : y'a des enseignants-chercheurs qui cherchent pas. Exact encore. Mais : "Sur la spécialisation des enseignants-chercheurs : 40,6% des
Français n'ont aucune publication (toujours au sens où nous
l'entendons, à savoir celui de la base de données Econlit qui ne
contient que des revues de recherche, excluant ouvrages et
vulgarisation). Au Royaume-Uni, avec 40,3%, la proportion est similaire
et la moyenne européenne est de 57,7%. Ainsi, dans toutes les
universités européennes, certains enseignants-chercheurs ne se
spécialisent pas dans la recherche." Vraiment, vraiment, vraiment, je vous recommande la lecture de ce texte, qui a l'énorme avantage d'avoir été écrit par des gens qui posent le problème "à plat", sans présupposé sarkozyste ou anti-sarkozyste, LRU ou anti-LRU. - 31 Janvier : les 4 négociateurs de la section Droit se satisfont de "leur" négociation au ministère dans un communiqué relayé ici sous le titre "communiqué du quarteron de mandarins félons". Le ton monte donc … quand des collègues se mettent à traiter d'autres collègues de "mandarins félons" c'est qu'il y a baleine sous gravillon comme dirait l'autre … Ceci étant deux questions se posent effectivement. Primo quelle peut-être la légitimité d'une négociation qui va à l'encontre de tous les mots d'ordre de la coordination nationale des université et de la plupart des coordinations locales, une négociation menée qui plus est par 4 personnes appartenant toutes à la même "section" disciplinaire ? Et deuxio, les avancées de ladite négociation sont nulles puisque soumises à l'adoption d'un "décret CNU" pour l'heure inexistant.
Haro sur la LRU. La lente démolition de la recherche publique entamée par la LRU continue. Chaque nouveau décret de cette loi cadre est soit une atteinte aux statuts des personnels, soit un recul des instances démocratiques universitaires (souvenez-vous du décret sur les "comités de sélection", dénoncé dans ce billet du 15 Janvier 2008), soit les deux 🙁 A grands coups de pseudo-milliards et derrière le masque pourtant si fragile d'un asservissement à d'autres idéaux habilement travestis sous le vocable "d'autonomie", c'est la définition même de l'université républicaine qui est en passe de céder.
Si nous ne nous réveillons pas … Si nous ne nous réveillons pas aujourd'hui, si, dans l'urgence, nous ne faisons pas échec au projet de modulation de services et à la masterisation à la hussarde des concours d'enseignement, si nous ne le faisons pas en gardant à l'esprit que plus que ces deux décrets emblématiques c'est toute la logique de la LRU et de l'université comme "agence de moyen" qu'il faut combattre … Il est plus que probable que demain, "toute honte bue", quand de la colère il ne nous restera plus en bouche que le goût si marqué de l'amertume, nous nous retrouvions à faire le triste inventaire de ce qui eût un temps l'ambition d'être l'université de tous les savoirs, et pas uniquement de ceux qu'on jugera bon de nous faire pointer comme étant les plus rentables.
La science ne connaît qu'une loi. Parce qu'il faut bien conclure … laissons la parole à Brecht :
- "Et à quoi sert une libre recherche sans temps libre pour chercher ?" La suite ici.
- Et mieux encore : "La science ne connaît qu'une loi : la contribution scientifique." En l'occurence, celle de l'état, de la LRU ou celle de chacun de ses décrets ne dispose d'aucune force de loi.
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Annexes pour s'y retrouver : les différentes versions du décret :
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- Le décret dans sa version "originelle" – 9 Novembre 2008 – : Téléchargement decret08-statut-ec-.pdf
- Le décret après examen par la CTPU – 24 Novembre 2008 – (Téléchargement Décret-statutEC-aprés CTPU 24.11.08)
- La note explicative (sic) dudit décret – 1er Décembre 2008 – (Téléchargement Note explicative décret 84 – 01-12-08
) - dernière version révisée du projet de décret – 30 Janvier 2009 – suite aux négociations du "quarteron de mandarins félons" susnommés.
(Sources : syndicales, professionnelles, amicales et inamicales // Temps de rédaction de ce billet : 5 heures)
Bravo! Merci pour cette excellente mise au point.
Pas facile de faire comprendre à tous la situation de l’enseignement supérieur et de la recherche, et de lutter contre la putréfaction induite par l’idéologie ambiante…
C’est simple comme bonjour !
C’est très bien de se battre. Mais surtout ne pas oublier qu’une bataille est faite pour être gagnée
« […] les 192 heures d’enseignement, tout le monde les fait (plus ou moins). »
Sans avoir de compte pédagogique à rendre à personne.
Du coup, une fois la préparation des cours faite, tout au début de votre carrière, vous êtes absolument peinards pour toute la suite, seuls maîtres à bord dans votre amphi. De toute façon, vous pouvez même recopier un bouquin au tableau, personne n’aura rien à vous dire.
« […] n’avoir pas de petit caporal en permanence accroché à ses basques et en train de lui demander des comptes. »
Et ouais … A partir de là, il est *normal* qu’une proportion non négligeable d’enseignants-chercheurs ne foutent rien, à part leurs 192 heures d’enseignement supérieur durant lesquelles ils n’auront de compte à rendre à personne, ni aux étudiants, ni surtout à aucun inspecteur pédagogique.
Il faut avoir passé plusieurs années à l’université pour pouvoir évaluer la proportion de cours universitaires complètement nuls, et pour cause : les mandarins font absolument ce qu’ils veulent et même un prof passant ses heures de cours à raconter des anecdotes complètement débiles ne sera pas sanctionné, ni même remarqué, puisqu’il fait absolument ce qu’il veut pendant son cours.
Quant à la recherche, s’il a envie de ne RIEN faire, il ne fait rien. Vous pensez qu’il y en a beaucoup qui hésitent ? … Pour évoluer hiérarchiquement, passer de « maître de conférences » à « prof d’université », il faut surtout se constituer un jury sympathique : pour ça, le meilleur moyen est de se faire aider par un prof connaissant deux autres bons copains profs qui signeront un bon petit rapport positif sur les nombreuses activités de recherche et publications que notre maître de conférences aura -ou non- menées au bout : peu importe si c’est vrai, personne n’ira vérifier. La manière dont les noms sont placés dans les signatures des « publications », il y aurait de quoi en écrire des pages et des pages.
Tout ça se joue dans le cadre de réseaux relationnels entre profs s’assurant mutuellement des échanges de votes, de soutiens politico-administratifs et de pressions les uns avec les autres, dans le cadre de guerres clanesques complètement repoussantes pour tout nouveau thésard tenté par ce monde de névropathes.
Mais la carotte est tentante. Vous faites partie des privilégiés : bien payés, sécurité du boulot, appartenance à une corporation qui a de nombreux moyens de faire régulièrement pression
– sur les médias (les fameux « experts », on retouve toujours les mêmes sur les plateaux de TV),
– sur les politiques (au sein des partis politiques et des hautes sphères de l’administration qui ont besoin de vos « compétences » pour donner une caution universitaire à leurs propositions)
– sur les industriels (avec lesquels vous commercez durant votre temps libre pour doubler vos salaires : et oui, vous êtes les seuls fonctionnaires à en avoir le droit !).
« […] en plus de la recherche, de l’enseignement, des tâches administratives y’a aussi tout le reste, tout ce qui fait que […] un enseignant-chercheur travaille statutairement 1607 heures par an. »
Elle est bien bonne, celle-là …… Statutairement, c’est 192h / an, point barre. Le reste, c’est la course avec les collègues pour en faire le moins possible et la guerre des emplois du temps pour finir sa « charge » le plus tôt possible dans l’année universitaire afin de n’avoir strictement rien à foutre jusqu’au mois de septembre suivant.
« […] pour bosser au paradis papa s’est cogné 8 ans d’études […] »
Vous faites le coup des médecins ? Vous avez eu les moyens de vos études, pas comme d’autres …
C’est ainsi que les classes bourgeoises se régénérent, avec une bonne conscience assez écoeurante.
***
Mais le pire de tout, c’est que comme d’habitude, vous allez profiter des mouvements sociaux nées du vrai désespoir de classes sociales précaires et pauvres pour protéger votre petit statut de mandarin.
Quant à votre salaire garanti à vie, il est donné ici : http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid22663/devenir-enseignant-du-superieur.html …
Pauvres de vous …
Bonjour,
SURVEILLER et PUNIR.
Ce slogan résume à mon sens la Politique de ce gouvernement.
Depuis le début de son existence l’Université a toujours revendiqué des Libertés, ces fameuses Libertés Universitaires.
Mais ce système néolibéral n’aime pas la Liberté, il préfére la rentabilité et déni que l’Homme n’est pas une simple machine à produire mais qu’il est fait de sang et de larmes. Ce système veut mettre l’Homme en équation. Tous les systèmes qui foulent aux pieds la liberté font la même chose.
Alors!Non à la caporalisation!
Résistance, Vive l’Homme et la Liberté!
L’Université est un lieu de réflexion et donc de production de Savoir et la Liberté est indispensable à son fonctionnement.
Dis Papa, comment on obtient la tete a TOTO? Bah… c’est simple, ma fille, 0 + 0! Oui mais Papa, 0+0=0, non?! Bah oui, c’est ca t’as tout compris, 0=la tete a TOTO!!!
Ah bah tout s’explique alors, je comprends mieux pourquoi Toto ne sais rien!
De passage sur le blog en quete d’infos plus completes que le Monde ou Sauvons la Recherche, je tiens a feliciter Olivier pour ses explications!
Par contre, je suis outree par le commentaire laisse par Toto… alors mon pauvre toto, je vais te raconter mon experience, meme si je ne suis pas sure de te faire changer d’avis… mais tu sais ce qu’on dit sur les imbeciles?
Avant tout saches que je me suis expatriee aux USA pour poursuivre ma formation de chercheur, passage oblige avant de pouvoir etre recrutee en France, avant de pouvoir devenir une grosse faignante comme tu sais si bien le dire. Rapidement le resume de mon cv, 9 annees d’etudes en FAC Francaise pour etre diplomee d’un Doctorat en Biologie et desormais 2 annees de post-doctorat a mon actif, encore deux a tirer… Je ne suis pas encore enseignant-chercheur mais je compte bien le devenir.
Alors Toto, voyons ce que tu dis:
« Du coup, une fois la préparation des cours faite, tout au début de votre carrière, vous êtes absolument peinards pour toute la suite, seuls maîtres à bord dans votre amphi. De toute façon, vous pouvez même recopier un bouquin au tableau, personne n’aura rien à vous dire ». Bah non, tu vois parce que les enseignants c’est aussi des chercheurs et donc les cours sont mis a jour en focntion des decouvertes du domaine. Pour preuve, depuis maintenant 8 ans je fais de la recherhe sur les cellules souches embryonnaires (non non Toto, ce n’est pas un gros mot mais probablement un des plus grand espoir pour la medecine). Les cellules souches embryonnaires ont ete decouvertes en 1998, et en 1998 j’etais en deuxieme annee de Deug et c’est la pour la premiere fois, grace a un maitre de conf que j’ai su que ca existait et c’est la que je suis tombee amoureuse de ce metier! Ceci n’est qu’un exemple, mais j’ai passe 5 annees sur les bancs de la FAC, en amphi, et ce sont mes meilleures annees justement parce que les profs que tu decris, je ne les ai pas connus… peut etre que toi tu dormais pendant les cours? En tous les cas, si je n’avais pas eu des enseignant-chercheurs passionnes par leur metier comme j’en ai eu, je n’aurai jamais fait de la recherche scientifique. Ce que je fais aujourd’hui je le dois a mes professeurs de l’epoque!
« Et ouais … A partir de là, il est *normal* qu’une proportion non négligeable d’enseignants-chercheurs ne foutent rien, à part leurs 192 heures d’enseignement supérieur durant lesquelles ils n’auront de compte à rendre à personne, ni aux étudiants, ni surtout à aucun inspecteur pédagogique. »
oui, ca peut arriver mais c’est pas un luxe de l’enseignement et de la recherche, ca existe dans tous les metiers, malheureusement des planques il y en a partout. C’est les gens qui ont un probleme avec leur ethique professionnelle, pas le systeme.
« Quant à la recherche, s’il a envie de ne RIEN faire, il ne fait rien. Vous pensez qu’il y en a beaucoup qui hésitent ? » Ecoute faudrait vraiment etre con pour se taper 9 annees d’etudes, faire une these sans vacances et payee au SMIC, pendant que les copains moins cons qui ont fait un BAC+2 ont un vrai boulot, avec un vrai salaire, construisent leur maison et font des enfants… enfin bref, vivent quoi, pendant que le thesard croupit dans sa grotte sous ses manips et ses analyses… une fois la dite these passee (ouf), obligee de s’expatrier loin de sa famille et de ses amis pour acquerir encore et toujours de l’experience et des publications, revenir pour passer des concours a repetition avec comme seul objectif ultime de glander????? …. y’a quand meme des voies bien plus royales pour ca. Ou alors, on est faignants et maso???
« La manière dont les noms sont placés dans les signatures des « publications » »… ca sent le vecu, tu serais pas un peu frustre par ce que t’es en deuxieme ou lieu d’etre en premier??? Bien sur les desilusions arrivent mais encore une fois c’est partout comme ca… va faire un tour dans le prive et tu verras si tu te fais pas baiser aussi (je sais de quoi je parle, j’ai bosse 1 an pour une biotech entre these et postdoc).
« Mais la carotte est tentante. Vous faites partie des privilégiés : bien payés, sécurité du boulot, appartenance à une corporation qui a de nombreux moyens de faire régulièrement pression
– sur les médias (les fameux « experts », on retouve toujours les mêmes sur les plateaux de TV),
– sur les politiques (au sein des partis politiques et des hautes sphères de l’administration qui ont besoin de vos « compétences » pour donner une caution universitaire à leurs propositions)
– sur les industriels (avec lesquels vous commercez durant votre temps libre pour doubler vos salaires : et oui, vous êtes les seuls fonctionnaires à en avoir le droit !) »
Je sais pas ou t’as vu qu’on est bien payes??? Ah ca oui, aux US (et partout ailleurs qu’en France) on est bien payes et surtout bien consideres. Si on avait l’influence que tu dis sur les medias ils en parleraient a la TV… moi j’ai pas vu grand chose et pourtant je me connecte tous les jours. Si influence sur les politiques on serait pas dans la rue aujourd’hui.
Quand aux industriels, c’est a pouffer de rire!!!! Je sais pas pour les autres domaines mais si on en bave en Biologie pour trouver les fonds necessaires pour faire avancer la recherche aussi vite que nos voisins outre-manche ou outre-atlantique, c’est bien parce que les industriels en France sont trop frileux voir meme impermeables a tout financement de la recherche! Juste un exemple: je t’ai dit les cellules souches embryonnaires ont ete decouvertes en 1998 aux USA, la meme annee la companie Americaine Geron finance les premieres recherches sur ces cellules avec des fonds prives. Cette annee 2009 (la semaine derniere exactement), pour la premiere fois au Monde, le premier essai clinique de therapie avec des cellules souches est lance par…. je te le donne en mille, les USA et plus precisement la companie Geron qui 10 ans auparavant a investit dans la recherche fondamentale! Et tu dis qu’en France on a des relations privilegiees avec les industriels?
« Vous faites le coup des médecins ? Vous avez eu les moyens de vos études, pas comme d’autres …
C’est ainsi que les classes bourgeoises se régénérent, avec une bonne conscience assez écoeurante. »
Bah non tu vois… moi je suis justement allee a la FAC parce que mes parents n’avaient pas les moyens de me payer une grande ecole privee de commerce ou je en sais quoi. La FAC ca coute rien, au bas mot 200 euros l’annee (a mon epoque) et y a des bourses. Je suis allee a la FAC, avec un BAC S metion Bien, et j’y ai beaucoup appris (contrairement a ce que tu crois) et j’ai du bosser aussi mes etes. Je n’y ai peut etre pas appris la culture de l’entreprise mais toute ma curiosite scientifique s’est developpee au contact de mes Peres, de ces enseignants-chercheurs sur lesquels tu craches aujourd’hui. Si j’avais eu l’argent que tu dis, je me serais paye une belle ecole et je ferai du buisness et du fric en m’en faire peter la panse. Ou alors l’ENA, deux ans de ministere et une belle retraite au soleil.
Mais non, je ne suis qu’une passionnee, une chercheuse qui cherche, encore et toujours, en esperant un jour que mes decouvertes auront un impact sur notre societe et que les cellules souches que j’apprends a maitriser soigneront tous ces gens qui souffrent de maladie incurables comme le diabete, la maladie de Parkinson, les myopathies, l’osteoporose, les maladies genetiques et degeneratives rares… et j’en passe.
La voila ma conscience a moi, chercher a ameliorer le quotidien des malades et si elle te semble ecoeurante, alors je ne peux rien faire pour toi, car malheureusement mes recherches ne soigneront jamais la betise, pas plus que l’ignorance et la vulgarisation debile dont tu fais preuve dans ton proces.
Une postdoc (chercheuse en formation, 30 ans, sans enfants) exilee dans un pays ou les chercheurs sont consideres avec respect.
Dans ma composante de l’université de Nantes, je pense que les abus dont parle toto concernent très très peu de monde (et, à ma connaissance, que des gens très proches de la retraite). Des dizaines d’autres (la grande majorité) discutent plusieurs fois par mois avec des industriels, n’en tirent aucun profit financier personnel, rédigent des propositions ANR avec eux, placent les étudiants en stages chez ces industriels, invitent ces industriels pour réfléchir à formations…
Pour attester de notre cupidité, nous sommes plusieurs à faire des heures « gratuites » au delà de nos 242h d’autorisation PEDR ; nous impliquons des jeunes MC dès leur recrutement dans le co-encadrement de thèse, nous sommes sur les salons et portes ouvertes au printemps à renseigner les parents inquiets.
Quant à la réforme : il y a quelques années, j’ai lu le rapport Belloc, et posant me tasse de café, je me suis dit « tiens, ils veulent transformer en PRAG les EC qui n’ont pas un bon bilan recherche ». Tout cela est assez clair depuis des années : il y a un volume à enseigner à l’université, il y a tant de bonhommes pour le faire, on divise inégalement en bonhommes ; à l’occasion, la notion d’heure complémentaire est essentiellement supprimée et le bénéfice financier considérable, non pour l’Etat mais pour l’université, qui dégage là une marge de manoeuvre considérable pour respirer financièrement.
Comment, nous étudiants, qui sommes très concernés par votre action, pouvons nous vous aider?
Je suis en Master 2 d’histoire de l’art à Lyon 2 et c’est peut-être dérisoire mais j’ai créé un groupe sur Facebook « Soutien aux enseignants-chercheurs » l’idée est de rassembler le plus d’étudiants possible (et de non-étudiants) pour avoir le plus de poids, pour vous témoigner notre solidarité.
Evaluer très simplement pour favoriser l’avancement !
Je propose que chaque chercheur puisse demander tous les 3/4 ans une évaluation auprès « d’un CNU », ce qui lui permette de progresser plus rapidement dans sa carrière et également plus longuement.
Il faut évidemment évaluer le budget qui a été proposé par l’état à l’enseignant- chercheur quand l ‘état évalue son activité
Si le CA peut faciliter cet avancement , qu ‘il fournisse par tous les ans un avis aupres du CA pour proposer un avancement de la carrière de l’agent.
Il est incroyable de pouvoir envisager qu’un CA fixe la modulation de service des heures d’enseignement à la hausse , quelle serait alors la limite légale ?
« vous allez profiter des mouvements sociaux nées du vrai désespoir de classes sociales précaires et pauvres pour protéger votre petit statut de mandarin » : c’est sans doute là que toto vise le plus juste. Mais en même temps, la réforme du statut des enseignants chercheurs ne change(rait) rien au sort des classes sociales précaires et pauvres, alors…
Je n’ai pas lu l’ensemble des commentaires, l’erreur que je relève est dont peut-être déjà corrigée, et si c’est le cas je m’excuse « d’en remettre une couche » :
Le service d’un enseignant-chercheur n’est pas de 192h équivalent TP (travaux pratiques) mais 192h équivalent TD (travaux dirigés). Une heure de cours vaut plus qu’une heure (1,5h chez nous) et une heure de TP vaut moins qu’une heure, quoique dans mon UFR l’équivalence TD/TP ait été instaurée.
Bien cordialement, et merci pour ce feuilleton de la modulation de service
@ Lana :
Tu as pris pour toi des critiques qui ne visaient que ton objectif professionnel : le statut d’enseignant-chercheur en France. Une fois que tu l’auras atteint et appris à le connaître de l’intérieur, on en reparlera.
Je passe rapidement sur tes attaques ad hominem vu que je m’en contrefous, ton « amour » du métier t’aveugle.
Je te souhaite bon courage, mais ne t’inquiète pas, la fin des illusions fait d’autant moins mal qu’on peut se consoler avec un statut particulièrement privilégié. J’espère pour toi que tu toucheras le Graal, même si je le critique.
Quant à ton expérience perso, elle ne change strictement rien à mon analyse générale ; je n’ai jamais écrit qu’il n’y avait pas d’exception, mais j’affirme que la proportion des enseignants-chercheurs ayant un comportement professionnel irresponsable et égoïste est loin d’être négligeable, et que c’est *normal* dans la mesure où ils n’ont *aucune* contrainte hiérarchique au-dessus d’eux.
Après, si vous avez envie de nous faire croire à vos belles histoires, lâchez-vous, puisqu’il est rarissime d’entendre la moindre critique de votre statut dans les médias traditionnels. Au contraire, on loue vos connaissances, vos compétences, vos longues années d’études, vos passions, … c’est à se pisser dessus.
De toute façon, ça ne sert à rien de se prendre le chou : cette affaire va se régler dans les coulois ministériels, comme d’habitude, vous n’avez pas grand-chose à craindre, et l’université va continuer à servir de vitrine pour tous les libéraux cherchant des exemples de fonctionnaires paresseux et bordéliques, exemples qui serviront à justifier les « réformes » qui toucheront surtout les fonctionnaires moins privilégiés et moins influents que vous.
C’est une guerre de classes (fonctionnaires ou non), entre privilégiés (financièrement et statutairement) et précaires pauvres, mais vous arrivez à chaque fois à tout mélanger. La meilleure preuve ici-même est la réaction spontanée et passionnée de Lana, qui ferait bien rigoler plusieurs profs d’université heureux de voir une jeune les défendre avec autant de conviction …
« […] les enseignants c’est aussi des chercheurs et donc les cours sont mis a jour en fonction des decouvertes du domaine. »
Mais oui, mais oui ; ça, c’est la théorie. Dans la réalité, une bonne proportion des enseignants ne font que très peu de recherches et n’utilisent en rien le peu qu’ils font pour mettre à jour leurs cours. Je répète qu’ils ne sont contraints par rien d’autre que leur « conscience » personnelle à la recherche et à la pédagogie. Or quand on voit une majorité de ses collègues ne rien foutre en recherche, en faire le moins possible en administration, en faire le maximum pour commercer avec les industriels, et en faire le minimum pour la qualité de la pédagogie, et bien au bout de quelques années de carrière, on en a marre et ou bien on fait comme les autres, ou bien on se casse.
« […] ca existe dans tous les metiers, malheureusement des planques il y en a partout. »
Non, pas partout. Voici typiquement un raisonnement simpliste pour noyer le poisson.
Les millions de précaires, intérimaires, salariés pauvres, et d’une manière générale, tous les salariés du bas de l’échelle qui ont des comptes à rendre à un patron au-dessus d’eux, sans pouvoir argumenter sous peine de rejoindre la masse des chômeurs, toutes ces catégories n’ont strictement aucune « planque ». VOUS disposez d’une vraie planque professionnelle, mais vous arrivez à chaque fois à mélanger votre combat sur votre statut avec celui des profs de ZUP alors que ça n’a *rien* à voir.
« […] le thesard croupit dans sa grotte sous ses manips et ses analyses … »
Les thésards n’ont peut-être pas tous la belle vie, mais globalement, leur statut n’est pas plus mauvais que celui de la grande majorité des CDD précaires, avec la même dépendance vis-à-vis d’un chef et la même incertitude sur l’avenir. Eux, ce sont de vrais précaires. Mais ça ne justifie en rien le statut des mandarins titulaires à l’université.
« Je sais pas ou t’as vu qu’on est bien payes ??? »
J’ai donné le lien.
« Ah ca oui, aux US (et partout ailleurs qu’en France) on est bien payes et surtout bien consideres. »
Avec un statut différent, dans lequel il y a des comptes à rendre. Nous sommes donc d’accord.
« […] tu dis qu’en France on a des relations privilegiees avec les industriels ? »
On ne parle pas de la même chose … Tu es trop dans ton expérience perso, trop jeune, trop idéaliste.
***
@ Marc : l’investissement bénévole existe, je ne le nie pas. Mais ça ne dure pas, et ce n’est pas sain, car pas équitable.
Ce qui me tue, c’est que les *vrais* enseignants-chercheurs comme Lana ou Marc prennent toujours la défense de ce système sans se rendre compte du mal qu’il fait. Personne ne vous accuse personnellement. C’est un fonctionnement sans hiérarchie qui est mis en cause, dans lequel seuls ceux qui ont la foi bossent vraiment, mais la perdent progressivement lorsqu’ils voient que des parasites en profitent sans rendre de compte à personne.
« j’affirme que la proportion des enseignants-chercheurs ayant un comportement professionnel irresponsable et égoïste est loin d’être négligeable » : au doigt mouillé ? Que veut dire « loin d’être négligeable » ?
tout d’abord merci pour cette mise au point très intéressante sur ce malheureux décret… je souhaiterais simplement apporter quelques précisions à ce sacré povocateur de toto concernant la situation matérielle des étudiants en universités… c’est bien la première fois que « j’entends » que les universités sont un lieu de privilégiés!!!on rêve là, non?!
la réalité est malheureusement bien différente de ce préjugé selon lequel les étudiants ont les moyens financiers de « se cogner » neuf ans d’études. rappelons que l’université est abordable et accessible à tous, contrairement à bon nombre de grandes écoles. alors il ne faudrait quand même dénigrer la réussite par la compétence qu’elle permet!!
dans les disciplines des sciences humaines, les années de doctorat ne sont pas financées pour une majorité d’étudiants, ce qui implique dès lors pour eux d’avoir une autre activité professionnelle en plus de la recherche, des publications, des déplacements et activités liés à la recherche… CA , c’est la réalité des jeunes chercheurs qui n’ont d’étudiants que le statut. c’est ce qui explique les abandons en cours de thèse, car c’est une vraie galère de gérer un petit boulot et un travail aussi prenant (et passionnant) que la recherche. accéder au poste d’EC c’est le fruit d’un énorme boulot et de sacrifices personnels pendant des années. d’ailleurs encore une précision, les bourses sur critères sociaux sont attribuées jusqu’en master, et à l’échelon maximal, les étudiants doivent vivre avec 460 euros par mois…est-ce que ça laisse vraiment rêveur?
ceux qui réussissent à embrasser la carrière d’EC ont donc généralement d’autant plus de mérite. toto, tu sembles avoir une expérience négative de ce monde-là, certes, mais là, c’est une erreur d’évoquer la condition étudiante de manière aussi réductrice.
« CA , c’est la réalité des jeunes chercheurs qui n’ont d’étudiants que le statut. »
C’est tout de même incroyable : je critique le statut privilégié d’enseignant-chercheur, et c’est sur celui d’étudiant qu’on me répond …
La **propagande** des titulaires du supérieur consistant à mettre régulièrement en avant la précarité des étudiants et les mauvaises conditions de travail de leurs collègues du monde « inférieur » (secondaire, …) marche décidément très bien ! Ainsi, ils peuvent protéger leur statut douillet de salariés à vie, sans chef, à 192h/an (et si généreusement bénévoles pour tout le reste).
Vous pouvez m’expliquer ce qui empêche un EC de travailler à côté de l’université, en tant que consultant ou autre, et de doubler ainsi son salaire ? Absolument rien. A 192h /an, il a de la marge ! Et vous trouvez ça normal ??
Qui contrôle la pédagogie d’un EC ? Absolument personne, à part les étudiants. Et vous trouvez ça normal ??
Qui s’assure de l’indépendance des jurys de thèse et ou d’habilitation ? Personne.
Qui vérifie qu’un prof d’université encadre correctement ses thésards et ne touche pas ses primes en en faisant un minimum ?
Qui contrôle que vos nombreuses primes (cf lien déjà donné) sont méritées ?
etc …
Puisque ce statut est si privilégié, je n’ai qu’à tout faire pour l’atteindre ? Mais tout-à-fait ! Réponse purement libérale, mais il n’en reste pas moins que les EC titulaires qui manifestent aux côtés des précaires et des profs du secondaire ont un sacré culot. La vraie provoc’, elle est bien là.
Relis toi toto! si j’ai évoqué la précarité des étudiants et doctorants, c’est en réponse à ça: « « […] pour bosser au paradis papa s’est cogné 8 ans d’études […] » Vous faites le coup des médecins ? Vous avez eu les moyens de vos études, pas comme d’autres … C’est ainsi que les classes bourgeoises se régénérent, avec une bonne conscience assez écoeurante. »
il ne s’agit nullement de propagande mais bien de la réalité. suivre huit années d’études est loin d’impliquer systématiquement des moyens financiers confortables, contrairement à ce que tu sous-entends.
J’aimerais bien toto que tu répondes à ma question du 3 fév 2009 à 14:15 (juste au-dessus).
« Bref en plus de la recherche, de l’enseignement, des tâches administratives y’a aussi tout le reste, tout ce qui fait que comme n’importe quel agent de la fonction publique, un enseignant-chercheur travaille statutairement 1607 heures par an. »
Le « statutairement » dans la phrase est (volontairement ?) trompeur.
Et sur le fond, même un enseignant du secondaire n’atteint pas les 1607 h d’activité professionnelle (évitons le mot « travail ») par an. Avec leurs 36 semaines de cours, cela voudrait dire plus de 44 h hebdomadaires…
Et parce que je n’apprécie pas qu’on parle toujours des mêmes, les policiers n’atteignent pas eux non plus ces fameuses 1607 h annuelles par le jeu des récupérations diverses et variées (pour un gardien de la paix, un rapport officiel sur le temps de travail des fonctionnaires parlait, si ma mémoire est bonne, de 27h hebdomadaires).
Bravo pour cette démonstration fort didactique ! à diffuser largement !
A part des critiques je n’ai relevé aucun argument constructif dans le discour de « toto », un frustré de plus je pense …
Quand à l’évaluation, si ce « toto » avait bien lu, il aurait bien remarqué que ce n’est pas le problème de l’évaluation dont il est question ici, mais du rôle du président d’université. Alors il va nous ressortir que dans le privé aussi il y a des directeur, d’accord, mais dans notre cas c’est un système politisé, avec des mandats et des éléctions, et donc toutes les dérives que cela peut comporter. Il suffit de regarder ce qui se passe en politique pour s’en assurer.
toto,
un point central de la réforme :
nb heures à faire par personne (en moyenne) = nombre d’heures à faire dans la composante / nb de personnels
ceci fait disparaître de fait la notion d’heure complémentaire (pourquoi pas, mais ça n’est jamais évoqué par le gvt), ie une possibilité d’économie à laquelle l’université ne pourra pas résister.
on comprend rien du tout à votre débat, ce qui est sur, c’est que vous n’avez aucune idée du monde de l’entreprise…
c’est évident, cela fait peur.
Pour vous expliquer un peu plus ma réaction,
Je travaille dans une entreprise de haute technologie,
nous recevons environ 500 jeunes par an pour les sensibiliser à nos métiers, nous présentons 5 fiches métiers : Product manager,Commerciaux, logistique, … Nous détaillons pas mal les mission, la charge de travail, les nb mails, les différences culturelles, les objectifs etc..
A chaque session, c’est l’enseignant qui pose le plus de questions, car il est curieux sur l’organisation, les process, la mise en œuvre, l’interaction entre les différents pays,l’innovation, le peu de hiérarchie, …
En fait, il découvre comme un enfant de 15 ans la réalité du monde économique et son fonctionnement, son flot de questions dure en générale la journée entière.
Bonjour,
Si nous avons peu d’experience du monde de l’entreprise, manifestement vous n’avez aucune experience du monde de la recherche, et pourtant vous en bénéficiez tous les jours. Je trouve navrant cette maniere que peuvent avoir les gens à systématiquement comparer leurs situations à la notre sans la comprendre. Le but de notre métier est la formation des jeunes ET la recherche, c’est ce pour quoi nous sommes employés, et quand nous expliquons nos travaux de recherche à des gens des entreprises, eux ils n’y comprennent en général rien du tout, et pourtant c’est utile pour la société.
Bonjour,
Encore un truc pour Toto,de la part d’une EC:
Des profs nuls il y en a, j’en ai fréquenté, c’est vrai. Tu dis qu’ils ne sont jamais jugés, mais si ils le sont…ils n’ont pas d’étudiants… dans le grand amphi… Et c’est la honte un amphi de 1000 places avec 10 étudiants et en plus le bouche à oreilles fonctionne très bien. Donc quand tu es prof t’essayes quand même de faire de bons cours… Pour la planque, eh ben il aura du mal à se planquer justement, le prof nul à chier et il aura une belle pancarte sur la tronche.
C’est à cause de personnes comme toi, toto, que nous sommes dévalorisés. En France lorsqu’on dit « je suis prof à la fac » on répond (seuls les imbéciles)ah ouais t’es fonctionnaire !
Ca commence à être pénible… Car vois-tu, moi mes étudiants, je les respecte, c’est pour eux que je me décarcasse et là c’est vrai aussi, personne ne le sais… sauf mes étudiants qui me le rendent bien et c’est là que je me dis que j’ai eu raison de faire ce boulot.
A part ça, j’ai trouvé une nouvelle plateforme de blogs, de proximité essayez-là, l’idée est très bonne je vais d’ailleurs en parler à mes étudiants….www.lebloglocal.fr
Réflexions d’un ancien maître de conférences (15 ans) qui travaillaient, en plus, à temps plein dans le privé.
1. Plus on monte dans l’université, plus le niveau baisse. Au dessus de la maîtrise c’est souvent la débandade. Exemple : l’économie !
2. De nombreux professeurs titulaires ne méritent pas leur chaire. Exemple : l’économie.
3. Les enseignants chercheurs sont parfois excellents. Soit comme chercheur ; soit comme enseignant ; rarement les deux à la fois. Ils sont aussi très souvent totalement nuls dans les deux fonctions : exemple l’économie.
4. La quantité de travail n’est pas un problème. Ayant assumé mes 3 heures de conférences hebdomadaires avec les temps de préparation et les temps de correction, en plus d’un travail à plein temps, je l’affirme avec certitude.
5. La fronde contre le décret est entièrement motivée par la crainte d’avoir à s’intégrer dans une stratégie d’université menée par une personne proche donc facilement au courant de ce qui se passe … et de ce que vous faites réellement.
6. Le problème est réel compte tenu de deux aspects :
– contrairement au secteur privé il est difficile de démissionner en cas de conflit avec le chef.
– l’université est ravinée par les clans et les groupes de pression politico-syndicaux. La capture de l’autorité par un clan est toujours possible.
7. La solution n’est pas dans la suppression du décret mais une bien plus grande mobilité des enseignants-chercheurs qui doivent pouvoir rejoindre d’autres équipes beaucoup plus facilement qu’actuellement (en France comme à l’étranger et retour) .
8. Le projet global et les décisions individuelles doivent pouvoir être contestées de façon claires et nettes par des instances, ad hoc.
9. Petite anecdote : la dernière fois que j’ai pris des vacances en Grèce sur un bateau de plaisance j’ai rencontré en octobre (vers le 21) un enseignant-chercheur qui se vantait d’être sur son caïque depuis mai et qui pensait réussir à ne rentrer qu’après la Toussaint (un arrêt maladie est si vite arrivé). Sa hargne contre le « système » était tout à fait remarquable ainsi que son engagement annoncé dans le nouveau parti de Besancenot et …son hostilité totale à tout projet de réforme. Spécialité : l’économie des pays en voie de développement qui justifiait naturellement beaucoup d’absences pour aller sur site… Et de rire !
10. L’expérience des pays étrangers montrent qu’à part les anciens pays communistes, les bureaux des ministères ne conduisent pas le travail des enseignants chercheurs.
11. Faire grève, demander le « retrait immédiat », ne jamais rien dénoncer de ce qu’on voit des dérives du système actuel, tout en déclarant qu’on sait que la situation n’est pas totalement normale, et en proposant rien, est une attitude infantile ou politicienne.
12. Mieux vaudrait essayer de faire des propositions très précises sur les points délicats.
13. Si absence de propositions , alors il vaut mieux expérimenter la réforme.
Bonjour,
J’écoute les infos qui annoncent des réformes et des mouvements de protestation dans l’éducation nationale : maternelles collèges, lycées et universités.
Mais, comme des réformes, Sarko en annonce et en lance quasiment 1 par jour, c’est l’histoire de la grenouille dabns l’eau qui bout : on n’y fait plus attention; bien qu’on devrait… surtout avec lui.
Mon frère qui travaille dans un collège m’invite ce soir à des débats dans son collège pour parler des réformes en cours. Je lui poserai également la question suivante.
Et en parcourant Internet, je tombe sur votre blog.
Ma question est une question de fond : qu’elle est la finalité de tout ça ?
Depuis tout petit (je suis issu d’un milieu enseignant) j’ai toujours vu des réformes diverses et variées dans l’éducation nationale.
Depuis toujours, le milieu enseignant s’est toujours insurgé contre en disant à chaque fois que ça empirerait la situation.
Et chaque fois : c’est le même argument : on veut »casser » le système, en précisant »le système français », qui est un des meilleurs au monde.
Dire que notre système est (ou était) (ou a été) un des meilleurs , oui, ça : oui.
Mais pourquoi, depuis 30-40 ans les dirigeants voudraient casser ce système ?
Pour l’appauvrir volontairement ? Pour le rendre moins efficace volontairement ?
Pour engendrer volontairement des générations à venir plus incultes que les précédentes ?
Pour les »re-analphabétiser » ,
Mais pour quoi faire ?
La question est : a-t-on besoin, dans les décennies a venir, pour les besoins de notre pays et de son système économique, de générations plus instruites, moins instruites ?
Autre question : si ces décennies de réformes avaient, comme le corsp enseignant le dit, pour but de rendre le système moins efficace, cela voudrait dire que le système d’aujourd’hui est, donc, devenu moins efficace qu’il y a 30 ans. Ce qui veut dire que le système éducatif enseigne moins et moins bien et moins de choses.
Donc, quand certaines études constatent, peu ou prou, que les actuelles générations de 20-25 ans sont plus incultes que les précédentes (ce que, moi, j’affirme : à même niveau d’instruction – bac + 2, ces jeunes affichent peut-être des connaissances supérieures dans certains domaines -techniques, informatiques, Internet, professionnelles- mais en culture générale, inférieures), pourquoi le corps enseignant crie au scandale et affirme le contraire alors que ce constat ne fait que confirmer ce que ce dernier ne fait qu’annoncer en alertant sur les risques de ces multiples réformes, à savoir la baisse de la qualité de l’enseignement.
D’après certaines infos que j’ai eues, l’objectif des réformes actuelles seraient, même, de »liquider » le système d’éducation nationale actuel et créer ainsi un système à 2 vitesses : un pour créer un corps d’élite digne de diriger le pays, l’autre pour la »populace ». mais, ça, on le sait déjà depuis toujours.
En quoi les réformes actuelles seraient-elles plus graves ?
Tout ça pour dire la choses suivante : que recherche le Président actuel et pour quoi faire ?
Un autre texte assez jubilatoire (et je ne dis pas cela car il s’agit de ma section 😉 :
LA RECHERCHE SAISIE PAR LA MESURE
Vers des camisoles invisibles ?
http://larsg.over-blog.com/article-27744239.html
je ne peux qu’etre d’accord avec toto : le système universitaire français est tout simplement SCANDALEUX !
la FAC est devenue une poubelle dans laquelle s’engouffrent des étudiants qui n’ont rien trouvé d’autre ou qui ont été refusés dans des prépas/IUT/BTS. et au lieu de leur apporter quelque chose, ils se retrouvent en face de profs qui n’en ont strictement plus rien à faire ! et quand des étudiants motivés veulent vraiment y aller car beaucoup de choses ne s’enseignent pas dans les IUT/BTS, ils se retrouvent dans un environnement totalement stérile, perturbés chaque année, toujours juste avant ou après les vacances, par des mouvements de grève avec des revendication souvent bien fantaisistes. et quand on voit comment se passent les votes aux AG, y a de quoi pouffer de rire pour cette belle preuve de démocratie…
j’ai eu des enseignants/chercheurs exceptionnels en face de moi, passionnés par ce qu’ils faisaient mais ce n’était certainement pas à la FAC… mais en IUT ! des thésards tout aussi passionnés qui venaient nous faire des TD et TP. des gens toujours dispos pour nous aider et qui, s’ils étaient absents de l’IUT, prenaient la peine de nous répondre en moins de 24h par mail.
mais il y en avait aussi des « planqués ». des profs qui ne prenaient même plus la peine de changer la date sur un sujet d’examen ! je me suis retrouvé en 2003 avec un sujet de… 1996 ! posé à l’identique chaque année depuis que ce prof était là. et quand on lui a rendu – à la majorité ! – un devoir identique car bien sûr le corrigé tournait aussi depuis des années, il a eu le culot de mettre des notes différentes à tous et trouver des erreurs dans son propre corrigé ! n’est-ce pas un scandale ?
donc vraiment désolé que quelqu’un aujourd’hui vienne mettre un coup de baton dans cette fourmillère qui s’est complétement refermée sur elle-même et veut garder ses petits avantages…
à défaut de ne pas aimer le personnage de notre président, on peut quand même lui reconnaitre la volonté et les couilles de vouloir faire bouger la France. de toute façon, notre réputation n’est plus à faire… http://lavissauveaconditiondeclairer.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/01/29/humour-tcheque-a-bruxelles.html
Réponses aux questions:
Ceux qui n’ont pas le statut de chercheur ou enseignant chercheurs sont dans la plus grande précarité. Et ce n’est pas parcequ’il sont en voie d’être titulaire qu’ils le seront un jour.
La recherche fondamentale en France est très forte par rapport à beaucoup de pays mais doit être totalement réfomée pour bien distinguer certains domaines qui doivent être totalement indépendants, et d’autres étroitement liés au privé.
Les gouvernements précédents et encore plus Sarkozy veulent réformer la recherche mais uniquement dans un but économique et en relation avec l’industrie. C’est une chose plutôt bonne. Mais une seule mesure peut avoir des effets très positifs dans certains cas et en même temps là où la recherche doit être totalement indépendante, des effets négatifs qui sont extrêmement préoccupants pour l’avenir de la recherche dans son ensemble.
En résumé il est urgent de réformer car beaucoup de choses ne vont pas, mais avoir une vision à court terme uniquement économique serait pire que de ne rien faire.