Le numéro de Mai-Juin 2010 du Harvard Magazine contient une dizaine de pages (pp 36-41 et 82-83) visant à communiquer, auprès des usagers, sur les changements en cours des métiers des bibliothèques. C'est un document qui mérite amplement d'être lu en détail et … traduit, copié, recopié, diffusé, rediffusé.
Rapidement, il se structure autour de 3 grands axes :
- les bibliothécaires sont plus que jamais des "informations brokers" (ils l'étaient déjà) mais qui doivent intégrer la dimension du
- "just in time libraries", soit la bibliothèque "juste à temps" ou plus exactement "juste au moment où l'on en a besoin". L'article souligne d'ailleurs l'importance d'un "just in time learning" qui conditionne très largement nos modalités d'accès aux connaissances. (modalités auxquelles j'ajoute l'importance aujourd'hui systématiquement cruciale d'un apprentissage périphérique ("legitimate peripheral participation" et "situated learning" théorisé par G. Lave et E. Wenger)
- Ils (les bibliothécaires) sont enfin engagés dans une course folle contre le temps et l'argent, celle d'une "digital preservation" qui ne diffère en rien des missions traditionnelles des bibliothèques mais qui redessine par contre en profondeur les compétences nécessaires et les enjeux technologiques – et financiers – mobilisés.
Et puis il y le titre de ce billet. L'idée d'une exploration/excavation d'un biblio-génome.
"Mining the bibliome". Au-delà de la manière dont elle est utilisée dans l'article (il s'agit d'illustrer l'importance de l'information médicale et les nouvelles complexités de son organisation et de son accès, par-delà celles de son seul "rassemblement"), au-delà de la manière dont elle est utilisée, disais-je, la métaphore – qui sera peut-être jugée un peu facile – me semble largement opératoire :
- elle pointe d'abord l'importance ab initio du livre et de tout autre support de connaissance ("bibliome")
- elle en souligne ensuite la nouvelle nature (et les nouvelles contraintes) exploratoire(s) ("mining")
- enfin elle assigne ("mining the bibliome") aux bibliothèques une mission qui diffère sensiblement de celles qui les caractérisaient jusqu'à lors : il ne s'agit plus simplement de conserver / communiquer / former / préserver / choisir mais bien aussi (et peut-être surtout) de réfléchir / proposer / construire des outils et des modes d'organisation de l'information qui permettront à chacun, en tout lieu et à tout moment ("just-in time") de pouvoir accéder aux tréfonds de ce biblio-génome planétaire.
<mise à jour du surlendemain> L'expression "Mining the bibliome" est en fait à porter au crédit de Les Grivell, dans cet article de 2002 : "Mining the bibliome : searching for a needle in a haystack". Merci à JD Pierret de l'avoir signalé en commentaires. </mise à jour>
Lien vers le document pdf du Harvard Magazine : http://bit.ly/9bE1Kw
(Source : le compte Twitter de @Pintini)
Splendide en effet. Merci pour la trouvaille !
Mining the bibliome, cela me fait penser à un article de Les Grivell paru en 2001 dans EMBO Reports (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1084023/?tool=pubmed). Je l’avais bien apprécié à l’époque. Merci pour vos billets Olivier.
Bonne fin de semaine, JD Pierret
@ JD Pierret> Merci pour cette référence. Elle est ajoutée au billet.