C'est ici le "them" qui a toute son importance. C'est aux Etats-Unis. C'est un candidat au congrès, républicain, médecin par ailleurs qui parle. Qui parle de "pucer" les immigrants clandestins pour les "documenter". Littéralement. "To document" : Verbe transitif. Documenter.
- "I think we should catch ’em, we should document ’em,
make sure we know where they are and where they are going," said Pat
Bertroche, an Urbandale physician. "I actually support microchipping
them. I can microchip my dog so I can find it. Why can’t I microchip an
illegal ?"
Traduction :
- "Je
pense que nous devrions les attraper, les documenter,
s'assurer de savoir là où ils sont et ce qu'ils font", a déclaré Pat
Bertroche, un médecin d'Urbandale. "En fait, je soutien les micropuces. Je peux pucer mon chien pour que je puisse le trouver. Pourquoi ne puis-je pas pucer un clandestin ?"
C'est à ma connaissance l'une des toutes premières fois (la première fois ?) où l'on emploie a dessein le terme de "documenter" pour décrire une ambition qui dépasse de très loin le seul "fichage" (déjà très avancé) des êtres humains. L'une des toutes premières fois où l'on parle de documenter des êtres humains, au sens premier, littéral du terme.
Au-delà de l'écoeurement, l'homme est donc bien un document comme les autres … Le pan-catalogue des individualités humaines** continue son inexorable avancée. Les clandestins seront-ils, en plus du reste, les premiers hommes de la zone grise, des hommes-documents doublement orphelins ?
La résistance à la redocumentarisation est décidément d'une brûlante actualité.
** Voir l'article de la revue Hermès dont le pitch est le suivant :
- "(…) La gestion des identités numériques laisse entrevoir la constitution d’un pan-catalogue des individualités humaines, ouvert à l’indexation par les moteurs de recherche, et pose ainsi la question de la pertinence des profils humains. (…) Il devient nécessaire de questionner le processus qui après avoir ouvert l'indexation à la marchandisation, après l’avoir parée de vertus « sociales », place aujourd'hui l'homme au centre même du cycle documentaire, non plus comme sujet-acteur, mais comme un objet-documentaire … parmi d'autres. La question qui se pose est donc clairement celle du caractère indexable de l’être humain. Celle de savoir si l’Homme est, ou non, un document comme les autres."
On croirait (re)lire « Wang » de Pierre Bordage
Vous passez à côté du point le plus important : c’est que dans les propos de ce… je n’ai pas envie de le qualifier d’homme, il n’est pas (encore) question de pucer les hommes, mais les sous-hommes. Les chiens. 1 illegal (on ignore encore ce ‘qu’est un « illegal » d’ailleurs)= 1 chien = 1 mouton =
Hello Olivier,
Attention cependant aux faux-amis : undocumented immigrants = sans-papiers
Documenti, comme ils disent en Italie.
Quant aux RFID sous-cutanés obigatoires, soyons clairs : on commence par les plus pauvres, mais l’objectif est bien d’étendre à toute la population. Cela s’appelle la « société de surveillance », et c’est une bête immonde qui prolifère tous les jours. Surtout si on mesure la quantité de fric qu’il y a à se faire : la croissance, y’a qu’ça d’vrai…
Hervé> oui mais là il ne s’agit pas d’un syntagme nominal mais bien du verbe transitif appliqué aux « illegals » … Mais c’est vrai que nos « sans-papiers » attestent hélas de la même logique des hommes-documents …