Demain, c'est dans tous les journaux (sauf dans celui de Jean-Pierre Pernaud), demain, 16 000 étudiants en Master vont se retrouver "en responsabilité". C'est à dire avec la charge d'une classe, 18 heures par semaine. Une classe c'est – en moyenne – 30 élèves. Soit 16 000 x 30.
Demain, 480 000 élèves vont avoir, 18 heures par semaine, un professeur qui ne saura de son métier que l'enseignement disiplinaire théorique qu'il a acquis en master. Un peu comme si la connaissance des ingrédients nécessaires à la fabrication d'une baguette vous rendaient automatiquement boulanger. Un peu comme si la connaissance des éléments composant un moteur vous faisaient garagiste. Un peu comme si la compétence d'enseigner, le métier de transmettre relevait de la seule immanence.
Moi, demain, si j'étais l'un des 960 000 parents des 480 000 élèves qui vont se retrouver devant les 16 000 enseignants immanents fraîchement sortis des cerveaux jumeaux de Xavier Darcos et Luc Chatel, je serais très très très, mais alors très très très en colère. Au moins autant que sont en colère et désemparés les 16 000 immanents qui n'avaient rien demandé, si ce n'est de pouvoir bénéficier d'une formation au métier qu'ils avaient choisi.
Voici venu le temps de la formation sur le tas. A n'en pas douter, la véritable violence scolaire est sous nos yeux.
Bonne rentrée.
Voyons, ils ont eu des deux ou quatre journées de stage. C’est suffisant…pour le ministère…
C’est l’industrialisation d’un système déjà plus ou moins en place : ma femme a enseigné sous contrat dans un lycée (formation d’ingénieur à l’origine). Elle n’avait aucune expérience préalable d’enseignement : 3 niveaux et 4 matières à enseigner … 70h/semaine de boulot pour préparer les cours au début : aucune aide de l’établissement et des « collègues » … et gentiment remerciée à la fin de l’année scolaire sans un merci pour leur avoir enlevé une épine du pied … au taux horaire, elle aurait mieux fait de rester au chômage.
Désolée, mais ça ne change pas grand chose… C’est ce que nous avons depuis des lustres : des professeurs ayant réussi un concours théorique et arrivant devant une classe sans aucune expérience. Et comme disent mes amis professeurs, si on espère apprendre le métier grâce à l’IUFM, alors… Mieux vaut oublier. Le problème de fond, c’est les mutations de dernière minute, l’absence totale d’aide pour démarrer les cours (faut se les refiler entre copines), les payes qui arrivent avec trois mois de retard lorsqu’on commence à travailler, en bref la désorganisation de cette administration surréaliste.
Voilà, la situation n’était pas vraiment plus facile avant, mais en revanche ce serait bien qu’elle s’améliore pour tous les professeurs un jour…
En fait il y a une erreur, ce ne sont pas 480 000 élèves qui sont concernés.
18 heures de cours, ça donne en moyenne 3 classes. Et donc ce sont 3 * 480 000 élèves concernés soit quasiment 1,5 million d’élèves.
Dans la classe de mes enfants, un remplacement de congé maternité (pas imprévisible) a été organisé 30 mn avant la rentrée.
Le recteur d’académie vient de dire que ca n’était pas un problème que nos enfants soient devant des étudiants de M1 vacataires qui improvisent, parce que c’est ainsi que ça se passe chez acadomia. Je trouve qu’avoir cette ambition révèle une grande considération pour la formation, étrange puis que l’argument pour la masterisation est de monter a bac+5 la formation des enseignants. Bref, il a vendu la mèche… mais il a sûrement bien parlé pour sa carrière pro-sarko. Ma foi, pour diriger l’epad, pas besoin d’avoir une licence…