Google a mis un peu moins de 10 ans à se rendre maître incontesté du graphe relationnel des pages. Facebook a mis un peu moins de 5 ans à se rendre maître incontesté du graphe relationnel des profils.
Le 1er Juin 2011, Google annonce sur son blog officiel "Today, we’re releasing +1 buttons to the whole web."
A grands coups de "like" pour le second et de +1 pour le premier, les voilà désormais en quête du troisième graphe : le graphe du buzz, le graphe de la viralité construite et contrôlée, le graphe du partage, le graphe de la désignation.
Ni l'un ni l'autre ne cherchent plus à découvrir ce qui lie les pages et/ou les gens, ils "contrôlent", ils embrassent ces liaisons de toute la puissance de leurs algorithmes, de leurs écosystèmes.
Les documents, parlent des documents. Indexation. Documentation. Avec le PageRank, Google a construit le graphe de la qualification : les liens – hypertextes – que nous établissons, les mots que nous choisissons pour le faire, "qualifient", "documentent" les pages auxquelles ils se réfèrent.
Les Hommes, parlent des autres Hommes. Conversation. Caractérisation. Avec ses 600 ou 700 millions de profils sous la même cloche numérique, Facebook a construit un graphe de sousveillance. Les amis que nous choisissons, les vidéos que nous partageons, les groupes auxquels nous nous affilions nous "profilent" : il disent de nous bien plus que nous ne pourrions ou voudrions nous même en dire. Ils nous "caractérisent".
Nos 2 géants sont aujourd'hui chacun en haut de leur inexpugnable forteresse. Google ne rivalisera jamais avec la puissance et l'étendue "sociale", conversationnelle de Facebook ; il n'en a pas le temps. Facebook ne rivalisera jamais avec la puissance et l'étendue "documentaire" de Google ; il n'en a pas les moyens. Cette nouvelle guerre du graphe ("Like" pour Facebook et "+1" pour Google) est l'occasion unique pour ces deux firmes de s'approprier le chaînon manquant, le cheval de troie idéal pour assiéger la forteresse d'en face. Qu'ils les "like" ou qu'ils les "plussoient", le mouvement et l'enjeu sont identiques : chacun des deux géants va tenter de saisir entre ses doigts massifs et démesurés un moment particulièrement fragile, un instant habituellement imperceptible, celui dans lequel un Homme désigne un Document, le désigne de son index, l'indexe, le montre, le distingue des autres, le like, le plussoie.
Le Like de Facebook est le cheval de bois rempli de 700 millions d'Hommes, choisi pour se rendre maître de la ville de Troie documentaire.
Le +1 de Google est le cheval de bois empli de milliards de documents, choisi pour se rendre maître de la ville de Troie profilaire.
Plussoie-toi de like que je m'y mette.
Rappel :
- j'ai déjà donné mon avis sur les dangers du "Like" de Facebook. Le Like tuera le lien
- j'ai également déjà donné mon analyse du +1 de Google.
Ci-dessous, "Vraie vie : Photo de femme plussoieyant un chamallow" (source de l'image)
Ci-après : "Vraie vie : Photo de femme incapable de liker" (source de l'image)
Super article, comme cheval de troie Facebook a pris une sacré avance avec son like ; http://searchengineland.com/has-facebook-become-the-master-key-to-unlocking-the-web-75139
J’ai lu une très bonne nouvelle cette semaine en ce qui concerne l’univers du web sémantique ; Google, Bing et Yahoo se sont mis d’accord sur des standards de métadonnées http://www.readwriteweb.com/archives/every_site_on_the_web_will_consider_google_bing_ya.php
et dans ce monde ou des multinationales prétendent au « bien » et à la « qualité » alors qu’il s’agit ni plus ni moins que de faire de l’argent, leurs excès ne produiront-ils pas l’inverse de l’effet escompté: redonner de la valeur à la recommandation confidentielle, chuchotée ?