J'étais l'autre jour sur Rennes pour un séminaire d'école doctorale consacré à la question de l'archive, en l'excellent compagnie de Nicolas Thély.
<HDR>Je me suis efforcé de démontrer quelle était la place aujourd'hui jouée par les nouvelles dynasties de l'archive, la manière dont elles bâtissaient de nouvelles industries de la mémoire, en s'appuyant principalement sur des technologies du souvenir. J'ai également beaucoup insisté (et conclu) sur le fait que circonscrire aujourd'hui la notion d'archive, dans le cadre du numérique, impliquait collectivement et individuellement, d'être capable de déterminer ce qui, de l'activité de requêtage à la navigation dans des contenus, participait d'une engrammation (mise en mémoire choisie ou subie) et/ou d'une programmation. </HDR> Et dans quelle proportion et selon quelles logiques l'une (engrammation) l'emportait ou non sur l'autre (programmation). Le meilleur exemple étant donné sur la 35ème diapositive au sujet de la fonction Google Suggest.
Enregistrer le délaissé.
Plusieurs réflexions de l'exposé de Niclas Thély ont éveillé ma curiosité et mon intérêt, notamment cette citation de Pierre-Damien Huyghe : "Il n'y a plus d'expérience vécue sans enregistrement" (voir notamment ici). Question qui traverse naturellement toutes les problématiques de la médiation en milieu numérique et qui recoupe également les réflexions sur notre présence numérique au monde.
L'autre écho fut celui de l'importance du "délaissé" dans le paysage numérique de l'archive : cette conservation du tout, y compris de ce qui est usuellement délaissé ou hors champ de l'archivistique "non-numérique". L'archive numérique non-institutionnelle (= hors le dépôt légal du web tel qu'il est mis en place à la BnF ou à la bibliothèque du Congrès) est une archive de l'usage – à l'instar des archives municipales, naissances, décès, état civil, etc … - et non un archivage de l'utile – archives à dominante "patrimoniale".
Les 3 visages de l'archive
Je veux enfin revenir sur ce qui est précisé à la diapo 26 de mon intervention et que je n'ai pas eu le temps d'approfondir dans le temps qui m'était imparti. <HDR> Les 3 grands paradigmes de l'archivage numérique me semblent pouvoir être sériés comme suit :
- Google qui propose une collection (et donc une archive) des accès, opérant sur le mode de la personnalisation
- Wikipédia qui propose une collection (et donc une archive) des savoirs, et qui, de manière beaucoup plus "traditionnelle", opère sur le mode de l'accumulation (même si ladite accumulation a ceci de radicalement différent qu'elle intègre une babélisation des expertises et une versatilité qui permet de documenter en permanence la nature et la fonction de cette accumulation)
- Facebook enfin, qui propose une collection (et donc une archive) des profils, opérant sur le mode de la sollicitation.</HDR>
Pour le reste, voici le support de mon intervention.