On apprend dans The Verge que Facebook, avec ses 900 (?) millions d'utilisateurs, ne gère "que" un milliard de requêtes par jour, dont la majorité sur des noms de personnes (le reste concernant des applications ou des entreprises/marques). Soit à peine plus d'une requête par utilisateur et par jour. Soit une grande partie d'utilisateurs qui n'utilisent à aucun moment de la journée la zone de recherche. De quoi confirmer l'analyse déjà proposée mais noyée dans un précédent billet et que je recopie donc ici :
Search Hole et Social Wall.
Dans cette course en avant qui singe les
recettes déjà existantes et tente de les caler sur la logique (et les
strates) attentionnelle(s) propre(s) au réseau social, c'est une logique
physique qui s'impose. Celle du trou contre celle du mur. La zone de
saisie des moteurs de recherche (sublimée jusqu'à l'épure chez Google)
est un marqueur d'entraînement. Une boîte de Pandore. Une promesse qui
repose sur l'absence. Une fente freudienne porteuse de tous les
fantasmes. Une fois activée, une fois la requête déposée, la matière
noire attentionnelle peut être librement façonnée au bon vouloir du
moteur et de ses annonceurs. La zone de saisie de Facebook est
superfétatoire. La zone d'activité de Facebook est son mur. Un mur qui
fonctionne comme un marqueur de "suivisme", un blocage contemplatif. Le
trou éveille une curiosité. Le mur implique un balayage des inscriptions
déjà déposées. Dans sa course à la monétisation Facebook a raté une
étape : celle du désir, celle de la requête, celle du désir de requête.
Sans requêtes, la pompe à phynance publicitaire ressemble à un pétard
mouillé. Car c'est précisément parce que nous avons conscience d'avoir
ouvert une boîte de Pandore que nous acceptons, au moins cognitivement
sinon moralement, d'être soumis au matraquage publicitaire des pages de
résultats de l'ensemble des moteurs de recherche actuels. Sans ce
stimulus premier, sans cette amorce du désir, la morale reprend le
dessus avec un résultats sans appel : le refus explicite de valider le modèle économique qu'on nous propose. Et la rue la plus fréquentée de la planète peine à franchir l'autre mur d'une autre rue. Wall Street.<Jacques Lacan sors de ce corps>
Les moteurs de recherche reposent sur un "dire en défaut" qui appelle
presque naturellement le "dire en excès" des pages de résultats.
L'interface de Facebook repose, elle, sur un "dire en excès" qui
déclenche, par réaction autant que par stratégie et par saturation, un
"dire en défaut", une simple consultation là où les autres inaugurent
toujours une navigation </Jacques Lacan sors de ce corps>
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