Hé ben non. Je ne suis pas Charlie. Parce que je ne sais pas si j'aurais eu le courage. Si j'aurais eu les couilles. Vraiment pas. Eux ont eu le courage. Eux ont eu les couilles. Je ne suis pas Charlie. Je m'appelle Olivier. J'ai eu 43 ans hier. Le 7 Janvier. Ce putain de 7 Janvier.
Charlie c'était, quand j'étais étudiant, l'unique tapisserie des murs de mon studio. Des unes découpées. Charlie c'était, d'aussi loin que je me souvienne, ce moment du mercredi, sortie au tabac-presse. 52 mercredis par an. Pendant plus de 20 ans. 12480 mercredis. Comme on s'était marrés. Comme on avait discuté. Comme on s'était parfois engueulés.
Vous étiez hier en conférence de rédaction lorsque vos vies se sont arrêtées. Une autre rédaction a pris le relai. Brouillonne, bruyante et désordonnée. Elle a fait son boulot. Elle a mobilisé, elle a partagé, elle a témoigné, elle a mis en image, elle a mis en mots, et elle a rassemblé une foule pareille à celle des cortèges qui accompagnent, funèbres, les êtres chers que nous avons perdus. Sauf qu'on ne vous connaissait pas. Vos potes à la radio, Val et Pellous, en pleurs. Nous ont rappelé que vous nous connaissiez. Puisque c'est nous, que vous croquiez. Et que ça suffisait. Sophia Aram ce matin. Humoriste qui pleure. Une de plus. Journal d'humour mon cul. Charlie est l'anagramme de Chialer.
(copie d'écran réalisée le 7 Janvier à 15h15. Les #soldes2015 avaient disparu 30 minutes plus tard).
Onc' Bernard doit avoir une belle gaule. Vous avez fait plier la grande machine publicité. Il n'y avait plus de bleu sur Facebook. Juste des carrés noirs. Il n'y avait plus de #soldes sur Twitter, juste vos noms, #jesuischarlie. Au panthéon de l'éphémère, les "trending topics France" sont devenus la rubrique nécro de votre dernière conférence de rédaction. Cabu, Wolinski, Charb, Tignous, Honoré se seraient bien marrés en lisant "liquidation le jour des soldes" ou "balles tragiques à Charlie Hebdo". Et les autres bien sûr.
Ils vous ont mis une balle dans la tête. Parce que vous aviez mis des rectangles de papiers dessinés sur nos vies. Alors nous avons mis des rectangles noir sur nos comptes. Entre l'hommage et la reconnaissance de dette. Non remboursable. Non effaçable. Plutôt une reconnaissance de don. Ce que vous nous avez donné.
Des kilomètres de mots sur nos doutes, sur nos colères, nos révoltes, nos indignations. Vous aviez mis tant d'éclats de rire, tant de sourires dans nos vies. Tant de dessins. Nous n'avons rien d'autre à mettre que ces carrés noirs "Je suis Charlie". Rien d'autre que quelques mots. Quelques dessins. Quelques photos. Quelques souvenirs. Quelques moments de présence et de rassemblement.
Pas de minute de silence. Pas une minute de silence. Une minute de ce que vous voulez mais surtout pas de silence. Des heures de mots, des heures de dessins. Surtout pas le silence. Surtout pas une minute.
Retourner faire son boulot. Ce matin une collègue avait un cours de communication politique. Il y a longtemps elle avait bossé ou croisé certains de ceux qui sont morts. Elle a pris le plus grand amphi de la fac, et elle a invité tous les collègues et tous les étudiants à venir y assister, pour leur raconter l'histoire de Charlie. Demain j'offrirai à chacun de mes étudiants un des exemplaires qui me restent de mes 12480 mercredis. Ils dorment pour l'instant dans quelques vieux cartons jaunis. Ils seront bien mieux entre leurs mains.
Je ne suis pas Charlie. Je suis juste né un putain de 7 janvier.
<mise à jour> Ben non. Je ne pourrai pas filer quelques-uns de mes vieux exemplaires de Charlie à mes étudiants demain. Je pensais les avoir gardés mais les quelques cartons qui me suivaient depuis trop longtemps ont dû être balancés au cours d'un de mes déménagements. Je suis désolé. J'en ai profité pour ressortir – ceux-là je les ai encore – tous les Siné Hebdo puis Siné Mensuel. Une autre bande de couillus. Du coup je cherche comme un con un .torrent ou des exemplaires numérisés en pdf pour mes étudiants demain … </mise à jour>
Ecrire pour exister
Dessiner pour décrire
Parler pour ne pas oublier
Se taire pour se recueillir
Lutter pour la Liberté
Transmettre pour éviter le pire…
7 janvier 2015…
votre texte m’a beaucoup touché
Bon anniversaire Olivier… Texte tres tres juste…
Abrazo …
« Je suis charlie », parce qu’en s’attaquant à notre liberté d’expression, en abattant froidement ceux qui osaient pour nous, avec finesse et subtilité, c’est nous tous qu’ils ont touché. Pas besoin d’être un abonné ni-même un lecteur de cet hebdo pour se sentir concerné par ce qui s’est produit. Pas besoin d’être né un 7 janvier pour exprimer notre indignation et notre assourdissement. On est tous concernés. et chacun a le droit d’extérioriser et de s’exprimer comme il le souhaite. Si ces 3 mots parlent au grand public, à un grand nombre de français, alors ok. Les dénonciations maladroites et les revendications fourbes sont mal venues aujourd’hui…
Je suis charlie et je l’explique ici : http://pitichampi.tumblr.com/post/107492039912/pourquoi-aujourdhui-plus-quun-autre-jour-je-suis
Il y a un ignoble individu qui s’appelle Oriol Mallo, catalan espagnol qui crache sur les morts de Charlie en opposant les malheurs de arabes dans divers pays du moyen Orient.Il est prof dans une fac au Mexique et a une bande d’abrutis avec lui qui tiennent le même langage en se servant des unes de Charlie pour dire qu’il sont les complices des sionistes .Ecrivez lui dur FB et dites leur à lui et ses complices votre dégout. Il est sur Face Book sous le nom d’Oriol Mallo. Il faudrait arriver à lui peter son ordi par des messages venant du monfde entier.
Charlie c’était le nom donné par les américains au vietcong pendant la guerre du Vietnam, Charlie c’était pour les yankee, la cible a abattre. C’est de là que viens je crois le nom du journal, du temps ou ils se rebellaient contre l’empire, contre la clique de banquier et multinationale qui dirigent les États-Unis.
Puis ensuite pour continuer a exister comme tout les autres journaux Charlie Hebdo a du rentrer dans la collaboration et là ils ont perdu leurs âmes et une grande partie de leurs lecteurs.
Après le 11 septembre, pour continuer à exister, ils ont accepté la version officielle, les mensonges auquel plus de la moitié des américains ne croient plus aujourd’hui, puis ils ont même été jusqu’à soutenir Sarkozy, le traitre qui a remit la France au main de l’OTAN.
Mais leur soumission n’a même pas suffit, ils se sont fait descendre par leurs ennemie d’hier et aujourd’hui ils sont utilisé pour diviser encore plus les français et le monde contre les musulmans.
Après le 11 septembre ils avaient retrouvé intact les papier d’identité d’un des terroriste, là ils retrouve la carte d’identité d’un des pseudo terroriste, après le 11 septembre les médias atlantiste criaient tous en cœur »nous somme tous américain » et les même crient aujourd’hui »nous somme tous Charlie », ils signent leurs acte et les pauvres victimes de Charlie hebdo ont payé cher leurs collaborations avec l’empire et la trahison de tous ceux qui comme moi, les aimaient avant, car il faut aussi le dire, c’est leur ennemie d’hier qui leurs rendent hommage aujourd’hui.
‘Je suis Charlie’….nous sommes tous Charlie…mais aussi ‘je suis Charlie’….nous suivons Charlie – ayons le courage! – faisons le!
… »si j’avais eu » merci.
Merci pour ce billet, juste et personnel.
Après avoir pleuré, suivi l’actualité « magnétique » et manifesté hier, il faut avancer, changer, reprioriser nos valeurs !