Une question un chercheur.

J'ai eu le plaisir de jouer le jeu "Une question, un chercheur" de la Web-Tv de l'université de Nantes. J'en profite pour remercier l'équipe qui a eu la gentillesse de se déplacer à l'IUT de La Roche sur Yon pour l'occasion.

Cherche

Le résultat est visible ici.

Et j'en profite pour vous joindre le petit texte répondant à la question :

Malgré ce qu’il nous apporte, le numérique nous prive-t-il de liberté ?

D’abord « le » numérique n’existe pas. C’est comme si l’on demandait « la réalité nous prive-t-elle de liberté ? » Le numérique est un milieu dans lequel nous évoluons, dans lequel nous interagissons, dans lequel nous « participons » à un immense réseau de textes, de pensées, d’opinions, d’information, dans lequel nous créons et défaisons des liens, des liens sociaux notamment.

« Le numérique » ce sont aussi des citoyens, des associations, des partis politiques et des entreprises, petites, moyennes et très très très grandes. Parmi ces quelques très grandes entreprises, il y en a quelques-unes qui n’ont pas pour objectif de nous priver de liberté, mais qui, par les actions invasives et systématiques de collecte de données personnelles qu’elles mettent en œuvre, finissent par nous ôter un peu de liberté ou en tout cas par nous mettre à la merci de logiques de surveillance qui pourraient à tout moment nous priver de liberté.

L’autre manière de poser le problème c’est de se souvenir du discours de la servitude volontaire d’Etienne de La Boétie. Se souvenir que c’est nous-mêmes qui, pour une grande part, façonnons et entretenons les « tyrans » que nous sommes si prompts à dénoncer.

Et puis il y a enfin la question non pas « du numérique » mais celle « des algorithmes » qui, de plus en plus gouvernent et influencent un grand nombre de nos décisions, de manière certes discrète, par le biais de « recommandations », de « prescriptions », pais de manière de plus en plus déterminante et de manière opaque pour l’internaute lambda.

Cette question là est cruciale : car certaines de ces grandes sociétés, par le biais de certains de leurs algorithmes vont prendre une place de plus en plus déterminantes en dehors de la seule sphère des loisirs ou de la consommation, sur des secteurs que l’on considérait jusqu’ici réservés à « l’état » : c’est déjà en partie le cas dans le domaine de l’éducation, de la médecine, du transport. Et ce le sera de plus en plus. Nous risquons alors de nous trouver dans une situation qui est un peu celle de la finance et de la bourse à l’heure actuelle avec le trading à haute fréquence : c’est à dire des « décisions » algorithmiques à l’échelle de la milliseconde, en dehors de tout « contrôle ». Cette question, celle de l’automatisation, la question de savoir ce qui peut l’être et jusqu’à quel point, est une question déterminante pour le siècle à venir. Il est probable qu’à la manière des règles de bio-éthique il nous faudra rapidement constituer un corpus de règles algorithmico-éthiques si l’on ne veut pas que les pires scénarios dystopiques de science-fiction ne deviennent réalité.

 

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