Pour faire le portrait du réseau.
Peindre d'abord une toile
avec un navigateur ouvert
peindre ensuite
quelque chose de joli
quelque chose de simple
quelque chose de beau
quelque chose d'utile
pour l'internaute
placer ensuite des liens sur la toile
dans du texte
dans des images
ou dans des vidéos
se cacher derrière une adresse
sans rien dire
sans bouger…
Parfois l'internaute arrive vite
mais il peut aussi bien mettre de longues années
avant de se décider
Ne pas se décourager
attendre
attendre s'il le faut pendant des années
la vitesse ou la lenteur de l'arrivée de l'internaute
n'ayant aucun rapport
avec la réussite de la toile
Quand l'internaute arrive
s'il arrive
observer le plus profond silence
attendre que l'internaute frappe à cette adresse
et quand il est entré
lui en ouvrir doucement d'autres avec des liens
puis
effacer une à une toutes les frontières
en ayant soin de ne toucher aucun des chemins parcourus
Faire ensuite le portrait de la page
en choisissant les plus beaux de ses contenus
pour l'internaute
peindre aussi le défilement infini et la fraîcheur des liens
la poussière de vieux tweets
et le bruit des profils aperçus dans la chaleur de l'été
et puis attendre que l'internaute se décide à naviguer
Si l'internaute ne navigue pas
c'est mauvais signe
signe que les jardins fermés* l'ont attrapé
mais s'il navigue c'est bon signe
signe qu'il va participer
Alors vous consultez tout doucement
un des chemins qu'il aura créé
et naviguez à votre tour dans un coin de la toile.
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*Jardins fermés : expression de Tim Berners Lee désignant les grands écosystèmes propriétaires du type de Facebook, Amazon, Apple ou encore Google.
Pardon Jacques. L'original est là.
