Le jeune président de la Start-up Nation était en fait un vieux con comme les autres.

Je partage à peu près autant les idées d'Emmanuel Macron que la déclaration d'impôt de Patrick Balkany. Mais il est deux points sur lesquels j'espérais que la raison puisse l'emporter sur mes convictions. Primo il était "jeune". Et deuxio il ne se ferait pas prendre le mulot dans le bon coin puisqu'à l'instar du proctologue, il voyait du digital partout. 

Et puis il y eut #Parcoursup. Alors là j'avoue qu'au delà de l'algorithme tout moisi, en plus de faire bien pire que le déjà sinistre APB, ma sidération fut totale. Tout le monde savait que la fin de la hiérarchisation des voeux allait causer un bordel innommable. Tout le monde l'avait expliqué et démontré. En tout cas tous les gens sérieux. Mais je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas qu'un gouvernement et un ministère puissent en toute connaissance de cause assumer le fait que sur les 750 000 lycéens de terminale, plus de 400 000 d'entre eux soient "en attente" ou "sans affectation" alors que le démarrage des épreuves du bac était fixé au 8 juin. Je ne comprenais pas davantage, sauf à vouloir littéralement mettre le feu aux lycées et à la jeunesse, que ce même gouvernement assume et revendique l'éventuel déblocage de places en université "au fil de l'eau" : c'est à dire qu'il puisse choisir de distiller le stress au jour le jour pour que cette jeunesse là n'ait jamais de répit. Et puis d'un coup j'ai compris. La logique du truc m'est apparue.

J'ai compris que le projet politique de notre jeune président était de semer une graine : celle de l'humiliation quotidienne, celle de l'intranquillité permanente qui fait grandir la résignation qui, à son tour, façonnera le corps et l'âme de la chair à Managers dont a besoin le patronat. Et puis bien sûr, la graine de la concurrence. Toujours mettre les gens en concurrence.

Le lendemain des résultats de Parcoursup il y eut des classes entières de terminale où aucun, je dis bien aucun lycéen n'avait autre chose que "refusé" ou "en attente". Je vous laisse juste imaginer l'ambiance et la tête du prof y débarquant le matin. Et si l'imagination vous fait défaut alors allez voir sur Twitter, sur Facebook, ou dans les journaux. 

Donnez-moi les explications que vous voudrez mais les faits sont têtus : plus de la moitié d'une classe d'âge s'est trouvée, à 15 jours de l'examen du baccalauréat, avec un avenir qui indiquait "refusé" ou "en attente". On n'est pas sérieux quand on a 17 ans. Mais l'on n'a pas davantage envie d'être "refusé" ou "en attente" comme seule alternative sérieuse.  

Mais cela n'était pas suffisant. Pour que l'humiliation soit totale, pour qu'elle achève de bâillonner les rêves et de cisailler la colère à la racine, il fallait lui montrer, à cette jeunesse, à quel point la vie était injuste et précaire et qu'elle l'accepte comme une norme raisonnable. Que l'envie même de la colère lui soit ôtée. Et pour cela rien de mieux que la stochastique, l'aléatoire, l'irrégularité, le brouillage des repères, des quelques repères restants, et la mise en concurrence.

Alors on vit fleurir, notamment sous le hashtag #Parcoursupercherie, beaucoup d'incompréhension : les meilleurs dossiers avec les meilleures moyennes se voyaient refusés là où leurs camarades avec de bien moins bonnes notes et de moins bons dossiers se trouvaient pris. A l'incompréhension s'ajouta le dégoût qui était le début du renoncement : puisque même cela devenait incohérent, à quoi bon lutter, à quoi bon résister ? Bien sûr certains bons dossiers étaient, eux, pris partout. Ils seraient les premiers de cordée de demain, eux seuls auraient le choix c'est à dire non seulement la possibilité de choisir pour eux-mêmes mais également la responsabilité bien plus écrasante d'aliéner et de subordonner l'avenir des autres à leur choix propre. Tant qu'ils n'auraient pas renoncé à tel ou tel voeux, tant qu'ils n'auraient pas "choisi", les autres resteraient "en attente". Quand on veut fabriquer de l'oppression il faut donner à certains cet avant-goût du sentiment de toute puissance que ressent l'oppresseur et espérer qu'ils y prennent goût. 

Ce pari de l'humiliation de la jeunesse, s'il était mené à son terme, serait une victoire éclatante : la victoire des managers. Car toute cette histoire n'est rien d'autre qu'un conditionnement, une préparation aux formes routinières de management par le stress qui attend cette jeunesse et que réclame le Medef.

Comme dans tout pari osé bien sûr il y avait un risque. Le risque d'une rébellion. Et que cette rébellion prenne. Toute étincelle si faible qu'elle soit devait immédiatement être douchée. 

Ils sont une vingtaine de lycéens et de lycéennes, tous et toutes mineur(e)s, à avoir passé 48 heures en garde à vue et à être aujourd'hui mis en examen. A 17 ans. Motif ? Refus de résignation. Refus d'humiliation. Refus du bâillon. Ils ont, avec des adultes dont certains sont enseignants, osé tenté d'occuper un lycée parisien. Je dis bien "tenté d'occuper". Pacifiquement qui plus est. Le jeune président et son ministre de l'intérieur cacochyme, mais le jeune président avant tout, a collé en garde à vue et mis en examen plus d'une vingtaine de lycéens mineurs parce qu'ils ont voulu manifester leur sentiment d'humiliation devant une machinerie sociale qui craque de toute part et où chaque repère est patiemment foutu en l'air par une agitation qui se veut "réformatrice" et qui n'est que destructrice. 

On n'est pas sérieux quand on a 17 ans. On n'est pas sérieux, on n'est pas en garde à vue, on n'est pas mis en examen. La honte et la colère que je ressens ce soir n'est pas prête de s'éteindre. Mais ma colère ne compte pas.

Le jeune président est avant tout un vieux con, certain de son pouvoir, mais qui a peur. Réprimer la jeunesse pour l'exemple n'a jamais été une marque de fermeté mais le signe d'un vieux con apeuré. Qui a peur de la jeunesse, de toutes les jeunesses, qu'elles soient dans les idées ou dans les corps. Alors il noie quelques Zadistes sous des tombereaux de grenades. Alors il met en garde à vue et en examen des lycéen(ne)s. Alors il dit les yeux dans les yeux à 400 000 lycéens : apprenez à avoir peur de l'avenir, apprenez à attendre, apprenez à vous soumettre aux désirs et aux choix des premiers de cordée qui demain seront vos managers, apprenez à vous résigner, apprenez à renoncer. Pour y parvenir mieux il traîne avec lui un Gérard Collomb dont la jouissance cacochyme ne tient qu'à l'illusion qu'il a d'être autre chose qu'une place manquante en EHPAD et dont le nom est moins un patronyme qu'une métonymie digestive mal orthographiée.

Le jeune président, c'est à porter à son crédit, n'a jamais prétendu être le président des jeunes. Il est désormais, pour une immense partie de la jeunesse, devenu ce qu'il n'avait jamais finalement cessé d'être : juste un vieux con de plus.

Et comme tous les vieux cons qui l'ont précédé dans ces fonctions, son avenir à lui n'est ni "en attente" ni "refusé". On raconte qu'il était plutôt sérieux quand il avait 17 ans. Et qu'il a eu ses tilleuls verts, et sa promenade. S'il s'imagine Rimbaud rappelons-lui qu'il n'est qu'un Créon. Et qu'il prend le risque de fabriquer une génération d'Antigone.

Et que nous ne le laisserons pas faire. 

=================================

Quelques liens sur cette affaire.

Libération, "On a voulu faire de nous un exemple", récit synthétique et glaçant des faits. 

Le thread de Maître Eolas sur les aspects juridiques de ces mises en examen, tout aussi glaçant (repris et commenté dans Arrêt sur Images

Sur Politis, "Réprimés pour l'exemple." 

Article et enquête de Mediapart.

 

=================================

Mise à  jour de quelques jours plus tard.

Pour que vous ne le ratiez pas et parce qu'il m'a semblé très juste, je recopie ici le commentaire laissé par Joelle Le Marec sous ce billet : 

"Le triomphe du management par l’humiliation. Jusqu'ici je réagissais à l'insupportable volonté d'aggraver systématiquement les inégalités, de détruire ou pourrir la vie de millions d'êtres parmi les plus vulnérables, car nous sommes tous reliés (la fraternité, sans laquelle l'égalité n'est qu'un concept mathématique). Mais elle est parfois rapportée à des conséquences générales qui noient les questions essentielles (les conséquences socio-politiques, etc.). On se retrouve avec des discours idiots du genre : il faudrait être solidaire du migrant sinon celui-ci deviendra un ennemi …

Mais en effet, l'humiliation … la possibilité même de parler d'égalité n'a alors plus de sens, on sort des calculs dictés par le rational choice. L'humiliation est le mal directement infligé. Denise Lallich dit dans le film "Visiter l'histoire" (ne cherchez pas vous ne trouverez pas, c'est un film tiré d'une rencontre avec cette ancienne résistante à Lyon), que ce qu'elle a tiré de son expérience de guerre, c'est qu'il ne faut jamais humilier l'autre, jamais, et c'est ce qu'elle a enseigné toute sa vie à ses élèves. Non seulement l'humiliation détruit celui ou celle à qui elle est infligée, mais elle détruit celui qui l'inflige car celui ou celle-ci a peur : il se retrouve amputé de quelque chose qui lui fait irrémédiablement défaut. Les sociétés esclavagistes ont été structurées par la peur de ceux à qui on infligeait humiliation, même si l'humilié.e était loin, à l'autre bout de la terre. Michaël Moore, dans son film sur Columbine, filme la peur au principe d'une société d'individus qui cachent des armes sous leur lit. Baldwin dans le film "I am not your negro" demande aux américains pourquoi ils ont tellement besoin du nègre. Il constate aussi, du point de vue dans lequel on l'a mis, les nécroses qui affectent une Amérique qui s'est volontairement amputée d'une partie d'elle-même.

Ce que nous faisons en France actuellement : une fraction de la société représentée par Marcon, est en train de tout à la fois humilier et de faire mal aux Autres (les migrants, les précaires, les zadistes, les jeunes, mais aussi à l'Assemblée les députés de l'opposition) et de développer une peur panique d'autrui. L'humilié est un salaud car il prive l'humiliant de l'amour que celui-ci réclame des humiliés (c'est tout le sens de la confrontation entre le Christ et Ponce Pilate dans le maître et marguerite de Boulgakov). Le public, comme condition qui permet d'activer continuellement le refus de l'humiliation et donc de rendre vivante et intense la confiance partagée (se mettre à la merci du pouvoir d'autrui pour que celui-ci ne fasse surtout pas usage de ce pouvoir), le public n'existe plus. Nos enfants nos mineurs migrants, nos lycéens, nos étudiants, ne peuvent plus avoir confiance. J'ai l'impression d'avoir passé toute ma carrière à essayer de rendre compte de ce rapport de confiance, comme moteur politique vital, lié à la dette que nous avons les uns envers les autres, envers les ascendants et surtout les descendants, et d'avoir vu les démissions successives de quantités d'agents des institutions publiques qui, pour une raison ou une autre, ont trouvé des charmes à la modernisation de ces institutions par la délégation de tous les rapports humains à au marché des technosciences sociales."

 

 

 

21 commentaires pour “Le jeune président de la Start-up Nation était en fait un vieux con comme les autres.

  1. Je suivais votre blog de loin en loin (profession oblige !). Votre analyse de Parcours sup et sur ses conséquences ubuesques illustre ce parfait ratage. Comment peut-on en arriver là?
    Je mesure aujourd’hui la chance que j’ai eu de
    commencer mes études universitaires bien avant ce désastre.

  2. Il fallait absorber les 10% d’effectif en plus nés pendant le baby boom de l’an 2000 (le truc pas prévisible du tout!)
    On a donc choisi d’exclure plus.
    Effectivement, le faire de manière arbitraire, illisible et humiliante était juste une petite coquetterie en plus!
    Bienvenue dans la gestion des surnuméraires

  3. Je pense qu’ils sont juste cons et s’en foutent. Je ne pense pas que ce soit ‘réfléchis’, ce sont juste des abrutis.

  4. Bah, Parcoursup c’est comme Facebook : un bidule centralisé et opaque qui traite tes statuts au compte-goutte. Macron est le Zuckerberg de l’EducNat mais il a programmé de truc pour que personne n’ait d’amis, que des ennemis.

  5. Le liftier Macron assure un capitalisme débridé à tous les étages.
    C’est sa mission de gouvernant, comme tous ses prédécesseurs.
    Pour cela il dispose de la violence légalisée, celle de sa police militarisée sous les ordres du sphincter en chef, le Collomb.
    On n’est pas sérieux quand on a 17 ans mais « ne pas être anarchiste à seize ans, c’est manquer de cœur. L’être encore à quarante ans, c’est manquer de jugement. »

  6. Le bac est le 18 juin et non le 8, pour rassurer ceux qui croiraient les informations de l’article !
    Avec APB on avait un oui peut-être dès le départ, mais combien l’avaient sur leur 1er voeux ?
    Au final,sur le fonctionnement la grande différence avec APB c’est qu’avec APB les candidats classaient leurs voeux, et donc nul besoin d’attendre qu’ils se désistent, maintenant les voeux ne sont pas classés, et certains reçoivent 15 oui, donc il faut attendre que cette personne libère 14 places en faisant son choix. C’est plus de stress peut-être pour les « en attente », mais pour tous c’est la possibilité de hiérarchiser leurs voeux fin mai et non début mars, et ce n’est pas ça qui fait qu’à la fin moins seront reçus. Sur APB si tu avais ton voeux 1, le 2 était invalidé d’office ! La question du nombre de places et de la sélection est un autre sujet, et là oui c’est un cheval de Troie, mais avec APB le mouvement de sélection et le manque de places était bel et bien engrangé. Mais ce n’est pas sur le nombre de « en attente » à ce jour qu’on peut l’évaluer ou dire que c’est pire qu’APB… Il faut distinguer le mode de gestion des voeux par le logiciel / les infos prises en compte pour la sélection / la politique du gouvernement, pour bien comprendre comment ça marche et se demander ce qui est juste/injuste.

  7. Criant de vérité. Et maintenant quelles sont les alternatives pour virer des cons qui n’ont pas conscience de l’être. Ils nous conduisent à des choix tendant à l’extrémisme sous toutes ses formes.
    La responsabilité sans partage de ce gâchis annoncé restera dans les annales de ce gouvernement.
    Remercions celui ci, pour peu que la prise de conscience pousse la gente à prendre son destin en mains et les conduisent à une réflexion constructive.

  8. Chouette texte.
    Dommage que Macron, qui prouve que le temps ne fait rien à l’affaire (il y a autant de jeunes cons que de vieux cons, de jeunes intelligents que de vieux intelligents), ne suffise pas à vous rendre moins âgiste.
    Vous êtes visiblement tellement persuadé que les vieux sont cons que si un jeune est con, ça devient un vieux. On retombe toujours sur ses pattes…

  9. Je ne vois pas trop le point. On a eu un système qui de l’avis de tous ne marchait pas. Avant cela marchait comme ca mais sans algo. Je me souviens avoir envoyé plein de dossiers à des établissements, j’ai reçu du positif et du négatif et j’ai finalement laché les places la ou je ne voulais pas aller. D’autres les ont prises. Et donc oui le salaud de premier de cordée que j’étais a fait attendre des gens. (Je ne suis pourtant pas spécialemetn allé à l’X hein). En fait c’est pourtant logique, tu as bien réussi, tu as plus de portes ouvertes que si tu n’a pas bien réussi ton année. Le système t’obligeant à donner une réponse, on aura assez vite des étudiants satisfaits.
    Btw à l’époque, j’ai su après le bac ou j’allais étudier. En fait ce n’était que plus tard car j’ai été en liste d’attente (et pas pris) sur un autre établissement ou j’aurais préféré aller. Donc j’ai secrétement espéré jusqu’en Septembre avant de comprendre que j’avais perdu. J’ai pris ma revanche après 😉

  10. @Max Bruxman :
    Contrairement à ce que vous affirmez, le système précédent d’affectation était perfectible mais globalement fonctionnait, sauf qu’il n’y avait pas assez de places dans certaines filières. On l’a remplacé par un système qui ne fonctionne pas sans pour autant augmenter le nombre de places. On se retrouve donc avec deux problèmes au lieu d’un.
    PS : très bon texte.

  11. Euh, je tiendrais à signaler qu’il y en a qui connaissent l’humiliation très tôt. Ils s’appellent Moustafa, Mohamed, Slimane, Babacar. Ils font de la garde à vue pour oubli de papiers, parfois juste pour avoir répondu, par plaisir de l’humiliation, pour apprendre à respecter l’Homme de Loi. Savoir que si tu gueules un peu trop, tu te retrouveras avec l’officier Lambert, 52 ans et 12Okg d’ennui, qui s’assoit sur ton torse. C’est d’autant plus normal que d’habituer la jeunesse à cet état de fait : l’Etat doit être respecté, et chacun doit rester à sa place.

  12. On ne peut pas juger de la pertinence ou pas de parcoursup après 3 jours. Un jugement trop hâtif pourrait laisser imaginer une condamnation politique par principe plutôt qu’une évaluation indépendante et scientifique du dispositif. Comme vous vous présentez comme « maître de conférences » une vision scientifique et non dogmatique serait la bienvenue. Sinon il faut changer le titre de votre blog pour ne pas faire un mélange des genres. Attention à ne pas devenir un « vieux con » hostile par principe à tous les changements.
    Mon fils n’a pour l’instant eu aucun voeux, et alors ?
    Par contre il est en bonne place sur des listes d’attentes pour des choix qu’il n’aurait jamais mis en priorité 1 avec APB en février. Il pourra au final réellement choisir entre plusieurs propositions. C’est LUI qui fera son choix. C’est comme à la cantine c’est toujours meilleurs quand on peut choisir son plat. Avec APB il n’y avait aucun choix possible, le système décidait pour toi en juin sur tes priorités de février.
    Les moyens pour le boom de 2000 est une autre histoire il ne faut pas tous mélanger et cela aurait du être anticipé il y a 5 ans au moins.

  13. Ce texte est super pertinent. En particulier le triomphe du management par l’humiliation. Jusqu’ici je réagissais à l’insupportable volonté d’aggraver systématiquement les inégalités, de détruire ou pourrir la vie de millions d’êtres parmi les plus vulnérables, car nous sommes tous reliés (la fraternité, sans laquelle l’égalité n’est qu’un concept mathématique). Mais elle est parfois rapportée à des conséquences générales qui noient les questions essentielles (les conséquences socio-politiques, etc.). On se retrouve avec des discours idiots du genre : il faudrait être solidaire du migrant sinon celui-ci deviendra un ennemi…Mais en effet, l’humiliation….la possibilité même de parler d’égalité n’a alors plus de sens, on sort des calculs dictés par le rational choice. L’humiliation est le mal directement infligé. Denise Lallich dit dans le film « Visiter l’histoire » (ne cherchez pas vous ne trouverez pas, c’est un film tiré d’une rencontre avec cette ancienne résistante à Lyon), que ce qu’elle a tiré de son expérience de guerre, c’est qu’il ne faut jamais humilier l’autre, jamais, et c’est ce qu’elle a enseigné toute sa vie à ses élèves. Non seulement l’humiliation détruit celui ou celle à qui elle est infligée, mais elle détruit celui qui l’inflige car celui ou celle-ci a peur : il se retrouve amputé de quelque chose qui lui fait irrémédiablement défaut. Les sociétés esclavagistes ont été structurées par la peur de ceux à qui on infligeait humiliation, même si l’humilié.e était loin, à l’autre bout de la terre. Michaël Moore, dans son film sur Columbine, filme la peur au principe d’une société d’individus qui cachent des armes sous leur lit. Baldwin dans le film « I am not your negro » demande aux américains pourquoi ils ont tellement besoin du nègre. Il constate aussi, du point de vue dans lequel on l’a mis, les nécroses qui affectent une Amérique qui s’est volontairement amputée d’une partie d’elle-même. Ce que nous faisons en France actuellement : une fraction de la société représentée par Marcon, est en train de tout à la fois humilier et de faire mal aux Autres (les migrants, les précaires, les zadistes, les jeunes, mais aussi à l’Assemblée les députés de l’opposition) et de développer une peur panique d’autrui. L’humilié est un salaud car il prive l’humiliant de l’amour que celui-ci réclame des humiliés (c’est tout le sens de la confrontation entre le Christ et Ponce Pilate dans le maître et marguerite de Boulgakov). Le public, comme condition qui permet d’activer continuellement le refus de l’humiliation et donc de rendre vivante et intense la confiance partagée (se mettre à la merci du pouvoir d’autrui pour que celui-ci ne fasse surtout pas usage de ce pouvoir), le public n’existe plus. Nos enfants nos mineurs migrants, nos lycéens, nos étudiants, ne peuvent plus avoir confiance. J’ai l’impression d’avoir passé toute ma carrière à essayer de rendre compte de ce rapport de confiance, comme moteur politique vital, lié à la dette que nous avons les uns envers les autres, envers les ascendants et surtout les descendants, et d’avoir vu les démissions successives de quantités d’agents des institutions publiques qui, pour une raison ou une autre, ont trouvé des charmes à la modernisation de ces institutions par la délégation de tous les rapports humains à au marché des technosciences sociales.

  14. Bonjour !
    Il ne s’agit en rien d’un ratage, mais d’une parfaite réussite. Ce séduisant personnage fait ce pour quoi il est payé et il le fait bien. Que personne n’oublie que ce sympathique vomitif nous a été envoyé par Goldman-Sachs. Sa mission : Détruire la France, neutraliser tout ce qui fait son avenir.
    Comme le dit Étienne Chouard, « la situation n’est pas catastrophique pour les 1% qui nous dirigent et qui s’en mettent plein les poches. »
    Et qui nous veulent vaincus.

  15. @parcoursup APB ne fonctionnait pas comme cela. On pouvait ordonner ses choix jusqu’à fin avril.
    Et on était pas jugé sur la cohérence de son parcours scolaire, ce qui m’a par exemple permis de mettre de l’économie, des sciences économiques de la philo et de l’informatique.
    Trier des formations selon sa préférence me parait bien plus une liberté que de demander des affectations dans des établissements qui jugent selon des critères auxquels on n’a plus accès, avant, on savait tout…
    Ce nouveau système est une illusion de choix, car seuls les mieux décidés sur leurs décisions d’orientation s’en sortent. Et on sait qui ils sont.
    PS pour @mimi : oui, certaines épreuves dans certaines filières commencent le 8 juin (il n’y a pas que le bac général en France).
    Si tu voulais ton vœu 2 et pas ton vœu 1 alors il fallait bien classer et inverser les deux ?
    Peut-on vraiment estimer qu’un élève qui s’est trompé dans l’ordre de ses voeux voulait vraiment ce voeu ? Non, il ne les avait pas examiné assez sérieusement.
    En gros là, on a décidé que les premiers pourraient faire leur demande « vite fait », les autres galèrent, étudient, peinent et s’investissent dans le processus mais seront en attente… une injustice supplémentaire.

  16. On s’y attendait, aucune surprise donc avec APB.
    D’ailleurs la situation est logique : massification de l’enseignement, et notamment supérieur, mais sans adapter les structures. Catastrophe attendue. C’est bien de pousser tout le monde au sup’, mais pour en faire quoi ? Illusion de démocratisation…

  17. J’ai lu dans le texte ou les commentaires l’allusion à ceux qui passent devant les autres, mais (sauf erreur) nulle part le fait qu’il y a 3 cas :
    1/ le dossier est béton, OK toutes les portes sont ouvertes
    2/ Bug informatique / algorithme mal pensé
    3/ le candidat BOURSIER passe devant toues les autres. C’est fixé par les quotas, et c’est dans l’algo ParcourSup.
    Le problème, c’est 1/ qu’il faut le savoir.
    2/ que des élèves ayant droits à une bourse n’avaient pas les justificatifs au moment de ParcourSup et donc seraient à même de revendiquer demain de passer devant les autres.
    C’est pas fini cette histoire…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Articles similaires

Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. ESC pour annuler.

Retour en haut