Elle a donc assumé. Assumé l'immonde saloperie qu'un pathétique guignol en charge d'une communication chancelante a eu l'idée de baptiser du nom de code "Bienvenue En France", une dénomination que même Orwell dans sa Novlangue n'aurait pas osé imaginer tant elle suinte toute la saloperie de l'antiphrase. Mais bref.
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(Pour un rappel des faits, vous pourrez relire mon article "Bienvenue en France")
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Elle a donc assumé. Frédérique Vidal a choisi d'assumer. D'assumer et de mentir. De mentir devant la représentation nationale le mercredi 6 février 2019 en présentant des chiffres à la fois faux et tronqués au service de la politique d'Apartheid financier et moral qu'elle met en place.
Voila le verbatim de son intervention, pris directement depuis la vidéo postée sur son compte Twitter :
"En ce qui concerne les chiffres et en ce qui concerne l'impact de ce plan "Bienvenue en France", beaucoup a été annoncé, on a entendu beaucoup de choses. Les premiers chiffres commencent à remonter, les moyennes sont à prendre évidemment avec beaucoup de prudence (sic). Néanmoins nous observons d'ores et déjà, en termes de pré-inscription en licence, une augmentation de 11% pour les étudiants du Sénégal, de 5,6% pour les étudiants du Mali, et encore de 8% pour les étudiants du Bénin. Globalement il y a une sorte de stabilité dans ces pré-inscriptions, ce qui fait qu'une fois de plus les craintes s'avèrent infondées (sic). Cette stratégie a pour vocation d'accueillir et de mieux accueillir plus d'étudiants en France."
Mais. Quelle. Putain. De. Honte.
Mais quel pathétique trucage de chiffres au service de votre dégueulasse lâcheté. Dans le milieu universitaire en termes choisis et feutrés on appellerait cela un "biais de présentation". Mais comme visiblement vous avez balancé l'ensemble de l'université et de ses valeurs humanistes dans le puits sans fond de votre carriérisme, permettez-moi d'appeler cela du pur foutage de gueule. Ce qui pourrait n'être pas tellement grave si cela ne se doublait pas d'un flagrant délit de mensonge devant la représentation nationale.
Car les chiffres sont là, Frédérique Vidal. Les vrais chiffres sont là et ils sont non seulement têtus mais ils émanent de l'organisme public Campus France et ne sauraient donc être suspects. Ces chiffres les voici, Frédérique Vidal. Ecoutez-les bien. Entendez-les bien. Et comprenez pourquoi ils vous démasquent et vous dénoncent en même temps. Ces chiffres les voici.
Le nombre de demandes d'inscription d'étudiants étrangers a baissé de 10%.
La réalité, la seule, la voilà. Moins 10% d'étudiants étrangers l'année prochaine. 10%. Dix putains de pourcents en moins Frédérique Vidal. Alors oui, l'augmentation que vous avez mentionné est réelle, et en effet on note +11% pour le Sénégal, +5,6% pour le Mali et +8% pour le Bénin. Vous auriez même pu rajouter bienvenue la Russie (+8,95 %) ou bienvenue la Chine (+8,62 %).
Mais voici la suite de la liste. Et cette suite est terrible. Parce que "Bienvenue en France" c'est aussi et surtout "casse-toi" l’Algérie (-22,95 %), "casse-toi" le Vietnam (-19,72 %), "casse-toi" la Tunisie (-16,18 %), "casse-toi" le Maroc (-15,5 %), "casse-toi" la Côte d'Ivoire (-10,39 %) ou "casse-toi" la Turquie (-6,62 %).
Les voilà vos chiffres, Frédérique Vidal. Vos putains de chiffres de votre putain de programme "Bienvenue en France". 10% d'étudiants étrangers en moins. Et ces 10% sont eux-mêmes minorés tant ce sera certainement beaucoup plus car beaucoup de ces étudiants ont encore l'espoir de passer à travers votre dispositif d'Apartheid décomplexé, et beaucoup n'y parviendront pas et abandonneront donc en cours de route). Bienvenue en France mon cul. Casse-toi l'Algérien. Casse-toi le Vietnamien. Casse-toi le Tunisien. Casse-toi l'Ivoirien. Le voilà votre putain de programme pour "accueillir plus et mieux".
Comme enseignant, comme chercheur, comme universitaire, comme citoyen, comme père, j'ai honte.
Mais pas une petite honte, pas de celle qu'on met au fond de sa poche rangée entre deux kleenex d'orgueil déplacé, non, j'ai vraiment honte. Je ressens physiquement cette honte. Ce que vous faites est littéralement immonde. Vous avez le droit d'assumer toutes les saloperies que vous voulez à proportion de ce que votre dignité est en capacité d'absorber (et je ne me lasse pas de mesurer l'étendue de sa capacité d'absorption) mais vous n'avez pas le droit de mentir délibérément. De mentir aux députés, de mentir aux enseignants, de mentir aux chercheurs, de mentir aux étudiants français, et de mentir aux étudiants étrangers. Ce mensonge n'est pas seulement une insulte aux valeurs que porte l'université française, ce mensonge est une insulte aux rêves de tous ces étudiants étrangers, un crachat sur leurs aspirations.
L'université de Nantes a publié avant-hier (le 4 février) un communiqué indiquant, je cite :
"nous utiliserons toutes les mesures réglementaires afin de faire bénéficier tout étudiant extra-communautaire qui en fera la demande, du régime tarifaire appliqué pour les étudiants européens."
Alors certes ce sera loin, très loin d'être suffisant. Mais tout de même. C'est la 17ème université qui prend cette position. 17 fois que 17 président(e)s d'université et leurs équipes vous disent, et c'est totalement inédit, qu'il utiliseront toutes les mesures réglementaires pour déroger à cette loi dégueulasse. 17 gifles retentissantes.
Mais vous ne bougez pas d'un iota, promettant simplement de réunir "une commission de 5 personnalités", que vous nommerez, et qui sera chargée "de mener une concertation". Une solution de sortie de crise qui est parfaitement à l'image de l'étroitesse navrante de votre capacité d'analyse et d'empathie. C'est pathétique. Et vous n'avez à brandir qu'un caporalisme de caniveau face à ceux-là. Vous êtes pathétique.
Je crois que vous ne mesurez même pas le niveau de colère et de haine, oui, de haine, que cette mesure créée dans la communauté universitaire à votre endroit. Car après que vos sinistres prédécesseurs ont méthodiquement cassé le sens et les missions de l'université depuis la funeste LRU vous débarquez pour assassiner la dernière bouée qui nous maintenait encore à flot : celle des valeurs.
Aux 17 présidents d'université s'ajoute une brochette de stars et de personnalités qui, elles aussi, se sont mobilisées pour dénoncer cette ségrégation à l'université. Et là encore c'est totalement inédit et devrait vous ramener à la raison si pour raison vous disposiez d'autre chose que de votre misérable ambition personnelle : Isabelle Adjani, Juliette Binoche, Cédric Klapisch, Lilian Thuram pour n'en citer que quelques-unes des plus connues et des moins notoirement gauchistes.
Vous imaginez ça Frédérique Vidal ?? Vous avez réussi le tour de force, par votre loi dégueulasse, de transformer les présidents d'université en punks à chiens a deux doigts de basculer dans la désobéissance civile et d'amener des stars à s'intéresser à l'état de l'université. Et je ne parle pas, bien sûr, des milliers d'acteurs (personnels techniques et administratifs, enseignants-chercheurs et étudiants) à qui votre attitude donne tout simplement envie de vomir. Car toute celle loi, dans son ambition, dans sa nature, dans les mensonges sur lesquelles elle s'appuie, toute cette loi est à vomir.
Vous mentez Frédérique Vidal. Vous mentez délibérément et c'est doublement ignoble du fait de votre fonction d'abord, et du sujet et des espoirs que vous fracassez avec un cynisme froid qui vous déshonore, vous, mais qui déshonore également chacun de celles et ceux qui accueillent ces étudiants, français ou étrangers, dans leurs amphis. Qui déshonore toute l'université française.
Frédérique Vidal, vous n'êtes plus ministre. Vous n'êtes que l'incarnation passagère et crasse d'un racisme d'état et d'un apartheid financier totalement décomplexé. Vous êtes allée au bout de votre ignominie. Votre seule cohérence et légitimité est d'être en parfait accord avec l'imposture que constitue le titre de votre loi "Bienvenue en France". Bienvenue en France mon cul. Casse-toi l'Algérien. Casse-toi le Vietnamien. Casse-toi le Tunisien. Casse-toi l'Ivoirien.
Reculez. Faites marche arrière. Ou partez. Car cette lutte ne cessera jamais. Savez-vous pourquoi Frédérique Vidal ? Car il ne nous reste que cette lutte pour pouvoir continuer d'entrer dans une salle de cours en regardant en face nos étudiants, tous nos étudiants, ceux qui sont là, et ceux qui sont absents parce qu'ils étaient trop algériens, trop marocains, trop tunisiens, trop ivoiriens, trop pauvres, trop loin, et à qui vous hurlez "cassez-vous". Cette lutte ne cessera jamais. Toutes ces places vides dans nos amphis, dans nos salles de cours, nous ne les tolérerons jamais. Vous entendez ? Jamais.
Et quand on sait que cette personne – qui ment aussi éhontément – promet « de graver dans le marbre la stabilité des droits d’inscription des étudiants français et communautaires » (Sa lettre du 10/12/2018aux Présidents d’université), tout de suite, on est rassuré !
Il faut s’attendre à tout avec ces gens là …… La France: >; ou pays de la honte; ????
Les mots sont durs, mais je partage la colère noire et l’extrême indignation face à cette mesure indigne, enrobée d’un cas d’école de Newspeak à la 1984: « Bienvenue en France »… Pour les chiffres cités par FV, ça relève de « scientific misconduct ». Coup de gueule salutaire gazouillé sur https://twitter.com/PrefectFord2/status/1093541193219301378
Là où elle a raison, c’est qu’une variation de 10% n’est peut être pas significative. Il faudrait voir les chiffres des années antérieures, mais on peut facilement imaginer des oscillations de plus ou moins 10% d’une année à l’autre. Par ailleurs, ce nombre reste très au dessus du nombre de candidats qui pourront réellement s’inscrire.
J’avais déjà noté un énorme mensonge de Mme Vidal dans une émission de Ruquier il y a plusieurs mois. Un chroniqueur avait souligné que les étudiants qui se mobilisaient contre Parcoursup faisaient oeuvre de solidarité avec les lycéens alors que, déjà étudiants, ils n’étaient pas directement concernés. Madame Vidal a répondu que ces étudiants étaient mobilisés car ils se croyaient concernés à cause de fausses rumeurs. Or, aucune trace de ces soi-disant rumeurs sur les réseaux sociaux, les commentaires en ligne ou dans les revendications des étudiants…
Mme vidal a inventé ces rumeurs pour décrédibiliser les étudiants mobilisés en faveur des générations futures…
Bravo et merci.
Merci pour ce texte très éclairant. Notre gouvernement réformiste n’en fini décidément pas de me surprendre dans sa capacité à creuser sa propre tombe.
« Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » dixit Jean Yanne.
Il y a longtemps que je n’avais pas autant ri (jaune) en lisant un article…
Pathétique de la part d’un Maître de Conférence en Science de l’information et qui se dit aussi chercheur sans avoir rien trouvé de plus que de l’indignation stérile.
Ce monsieur s’est-il posé les bonnes questions? Non.
Jusqu’à preuve du contraire des Universités, il y en a au Vietnam, au Mali, au Sénégal , au Maroc et ailleurs. Pourquoi venir en France dans ce cas.
Croit-il qu’un ado vivant d’un bidonville de Lomé ou Bamako puisse intégrer une université française? Non. Il préfèrerait devenir footballeur.
Rien que le prix d’un billet d’avion pour venir en France serait rédhibitoire (plus d’un an de salaire moyen local). Les étrangers qui viennent en France sont majoritairement issus de famille aisée (mais pas trop car les plus riches envoient leur progénitures aux USA ou en Angleterre).
Concernant les frais de scolarité, quelle est leur part dans le coût annuel dépensé pour un étudiant? A peine 5%. Ce qui signifie que 95% des frais engendrés par la formation d’un étudiant viennent d’ailleurs. Mais cet ailleurs a un nom! Nos impôts. Cela signifie que je sponsorise la formation des étudiants étrangers. Cela ne me gène pas en soi mais il faut le savoir et même en augmentant leurs frais de scolarité, on serait en deçà du coût comptant…
Pour conclure si vous n’êtes pas comptant de l’Université, il y a une solution : Cassez-vous et allez voir si l’herbe est plus verte ailleurs…
Je laisse votre commentaire pour que vous n’alliez pas crier à la censure hein 🙂 Ceci étant, si j’étais le seul à dénoncer ce projet dégueulasse … mais c’est (très) loin d’être le cas Et il se trouve que déjà 17 universités incluant les présidents et leurs conseils d’administration se sont également prononcés contre et en ont dénoncé l’ignominie. Parmi tous ces gens il doit bien y avoir des gens qui se disent chercheurs et ont trouvé autre chose que de l’indignation stérile 🙂
Donc je vais rester encore un peu par ici hein. Allez. #Bisous.
Bonjour,
18 ! le CA de l’Université de Nantes a voté ce matin https://unnews.univ-nantes.fr/droits-d-inscription-des-etudiants-etrangers-motion-du-ca-exceptionnel-2409190.kjsp
Monsieur Ertzscheid,
J’espère pour vos élèves que la teneur de vos cours est d’une nature autre que celle de vos propos pour que l’on ne vous confonde pas avec les vendeurs d’encyclopédies qui faisaient du porte à porte. Ils essayaient de nous vendre de l’intelligence mais il n’en avaient pas un échantillon sur eux…
Votre réponse m’a encore fait rire car vous faites de votre cas et de vos opinions partisanes une généralité qui frise la malhonnêteté intellectuelle.
J’irai même jusqu’à dire qu’il y a de votre part de la manipulation volontaire en égrainant tout le long de votre article des contre-vérités flagrantes. Est-ce cela que vous aprennez à vos élèves : comment détourner une information à son profit ?
Quand je vois les mots « Racisme, apartheid, ségrégation, ignominie,saloperie… » associés à des réactions, ma première réaction est d’aller vérifier à la source comme tout bon scientifientique qui se respecte. Et que lit-on dans les liens que vous avez cité ? Rien de plus qu’une opposition « classique » à un projet comme tant d’autres. Puisque vous les nommez, citez-moi Isabelle Adjani, Juliette Binoche, Cédric Klapisch, Lilian Thuram parle d’une « ségrégation » à l’Université ». Pour ne citer qu’un exemple…
Quant aux 18 Universités réfractaires (il en manque encore une cinquantaine), vous parlez d’autant de claques.La belle affaire. Le summum de l’insoumission. Ils vont rester dans les clous de la légalité et c’est leur droit comme pur les niches fiscales de nos impôts.
Je vous conseille la lecture des comunniqués de la CPU (Conférences des Présidents d’Université). C’est assez édifiant. En particulier celui publié après la présentation du dispositif…Je résume (analyse de texte niveau 4ème) :
« La CPU a pris connaissance de la décision annoncée d’augmenter les droits d’inscription des étudiants provenant de pays non-membres de l’Union européenne. Cette mesure constitue un changement de paradigme dans la politique de la France dont il est difficile à ce stade d’apprécier tous les effets… Dans tous les cas, cette augmentation des droits devra être construite en parallèle d’une politique d’accueil qui demeure attractive et doit s’accompagner d’une politique sociale profondément repensée. Enfin, ces ressources nouvelles doivent permettre d’améliorer le service rendu aux étudiants et renforcer l’attractivité internationale de nos établissements. Elles ne sauraient constituer un prétexte pour réduire les dotations versées aux établissements au motif qu’ils bénéficieraient de ressources nouvelles. »
Je n’y vois aucune opposition dans ces propos. Les points d’achoppement confirmés par les communiqués suivant concernent les problématiques de financement des Universités et d’un manque de concertation ressenti par le CPU. Rien d’autre!!!
Ah oui! Le financement n’est pas quelque chose qui semble vous interesser. Même avec des frais à 2000€ (bien en deça des concurrents américains ou anglais), il reste encore 8000€ à débourser pour couvrir le coût moyen d’une année d’études. Cherchez l’erreur! Cet argent, il vient d’où, d’après vous???
Réfléchissez-y et déployez votre indignation sur des causes plus nobles comme contre les exactions du très démocratique gouvernement vénézuélien par exemple…
Bonjour à tous,
Je suis tombée par hasard sur ce blog et en particulier sur cet article.
Je ne suis pas concernée car plus étudiante (je travaille depuis plus de 10 ans maintenant; fin des études en 2007) mais cet article m’a fait comprendre la chance que j’ai eu, la chance à bénéficier d’études supérieures sans me soucier de payer de lourds frais de scolarité comme dans les pays anglo-saxons. Comprenez-moi, avec un père ouvrier et une mère femme de ménage, mon destin aurait pu être scellé comme ce qu’il en est aujourd’hui pour d’autres qui sont nés du mauvais côté de la ligne imaginaire.
Et là, je saisie, certes tardivement, que cette époque là est révolue. Peu à peu,l’éducation sera façonnée de manière à ce qu’elle ne soit accessible qu’aux plus fortunés ou à coup de crédits à intérêt usurier aux plus précaires (ce qui signifie à coup sûr des chaines aux pieds à ceux là). Ce qui devrait être accessible à tout à chacun, est désormais placé en offrande au monde néo-libéral.
Je voulais vous saluer et remercier, vous et tant d’autres professeurs de l’enseignement supérieur, qui malgré les difficultés quotidiennes, malgré les difficultés qu’on vous rajoute via les mesures politiciennes, je voulais vous saluer de ne jamais oublier que l’éducation c’est bien plus que de former à la chaine des « employables » et de perpétuer la tradition de l’éducation comme facteur d’émancipation du système de l’argent roi.