Il y a très exactement un an, le 29 Janvier 2019, je publiais un article suite au harcèlement haineux qui subissait Bilal Hassani, représentant alors la France au concours de l'Eurovision. "Cher Bilal Hassani". Bilal Hassani avait eu la triple impudence d'assumer son patronyme, son homosexualité et ses origines. Pour cela il allait être la cible de menaces, d'insultes et d'agressions.
Nous sommes aujourd'hui le 30 Janvier 2020, un an plus tard, et l'histoire est cette fois celle de Mila, une jeune fille de 16 ans, dont le tort fut d'indiquer sur son compte Instagram, qu'elle "détestait la religion", que "l'Islam c'était de la merde", et qu'elle "mettait un doigt dans le trou du cul de dieu". Je suis moi-même convaincu que toutes les religions sont simplement des sectes, et ma fascination pour la proctologie me fait considérer que certains actes relèvent du domaine médical et doivent à ce titre être laissés à des professionnels.
La création de la proctologie (détail).
On pourrait bien sûr se contenter d'en rire. D'autres ont essayé. Rappelons qu'ils l'ont payé de leur vie, un 7 Janvier. Nous en rirons toujours. Mais plus jamais de la même manière.
Harcelée, menacée, Mila a dû être déscolarisée et mise sous protection. Cela est déjà ahurissant. Mais depuis l'affaire Bilal Hassani de l'année dernière, des faits nouveaux sont apparus.
D'abord un relativisme nauséabond et toxique de la part d'un représentant du CFCM qui a osé expliquer "qu'elle l'avait cherché" tout en condamnant mollement les menaces de mort. Faisant d'une victime, une coupable. Et puis il y a eu, et c'est immensément plus grave, le même relativisme permettant d'inverser la charge de la culpabilité, au travers d'une sortie calamiteuse et honteuse de … la garde des sceaux, Nicole Belloubet, expliquant que "l'insulte à une religion constituait évidemment une atteinte à la liberté de conscience". Soit la définition même du délit de blasphème. Dans la bouche de la Garde des sceaux. Au 21ème siècle. En France. Après les attentats contre Charlie Hebdo.
En plus de l'enquête ouverte contre ses harceleurs pour "menaces de mort, menace de commettre un crime et harcèlement", une autre enquête est également ouverte contre Mila pour "chef de provocation à la haine raciale" (sic), enquête qui doit permettre de "vérifier si les propos tenus sont de nature à recouvrir une qualification pénale ou s'inscrivent dans le liberté d'expression" (sic).
[Cette seconde enquête vient d'être classée sans suite alors que je suis en train de rédiger cet article.]
L'autre fait nouveau, celui qui m'interroge au titre de mon champ de compétence universitaire, c'est bien sûr la fameuse loi Avia dont l'objet est de lutter contre les contenus haineux sur internet. Un projet dont la Quadrature du Net à déjà parfaitement résumé tous les dangers et toute l'ambivalence politique sincèrement inquiétante dans l'intention comme dans les effets.
Aucune loi Avia n'empêchera des cas comme Mila.
Je vais donc, comme je l'avais fait pour Bilal Hassani, "profiter" de l'affaire Mila pour réécrire et réaffirmer tout ce que j'explique depuis des années. Mais avant j'attire votre attention – ainsi que celle du législateur si Laetitia Avia et ses copains me lisent … – sur le fait qu'en l'état, la loi éponyme n'aurait en rien et aucunement permis ni d'empêcher, ni de limiter le harcèlement dont Mila est aujourd'hui la victime. Et que cela devrait être suffisant pour a minima s'interroger en conscience sur l'intérêt et l'opportunité de cette loi puisque le principal problème qu'elle prétend adresser est, de fait, hors de son périmètre d'action.
Parmi les nombreux "angles morts" que la loi ignore (en plus donc des formes inédites de censure qu'elle autoriserait si elle était votée en l'état), parmi ses nombreux angles morts, il y a ce qui fait la caractéristique majeure des harcèlements dont ont été victimes Bilal et Mila, c'est à dire les actions de signalement coordonnées, ces effets "de meute", dont seules les plateformes et leur modèle économique sont pour le coup responsables dans la manière dont elles les visibilisent au travers de leurs architectures techniques (toxiques).
Alors une nouvelle fois :
"Si l'on veut pouvoir réellement lutter contre les discours de haine, la garantie de l'anonymat est la meilleure solution puisqu'il oblige les authentiques haineux à s'exprimer sous leur vrai nom où depuis des pseudonymats aisément identifiables s'ils veulent assouvir la part narcissique qui renforcera leur sentiment d'appartenance à la meute. Car il faut pouvoir se reconnaître et se nommer pour exister dans ce troupeau.
[sur la question spécifique de l'anonymat, régulièrement invoquée à tort et à travers dans différents espaces médiatiques par des gens qui ont la même expertise sur ces sujets que je peux en avoir dans le domaine de la proctologie, relire le court papier que j'avais donné au nouveau magazine littéraire l'année dernière]
Si l'on veut pouvoir réellement lutter contre les discours de haine il faut, simplement, obliger les plateformes à appliquer leurs propres règles.
Si l'on veut pouvoir réellement lutter contre les discours de haine il faut lutter et réguler non pas les plateformes en tant que surfaces sociales mais les architectures techniques toxiques sur lesquelles elles reposent."
Je le redis une nouvelle fois. Aucune loi Avia n'empêchera des cas comme celui de Mila. Ce qui devrait achever de nous convaincre que nous n'avons aucun besoin de cette loi Avia.
Le cas de Laetitia Avia n’est pas sans rappeler celui d’un certain M’jid El Guerrab député LREM qui s’est illustré il y a peu par une tentative d’assassinat (en bonne et due forme) sur la personne de Boris Faure,responsable du parti socialiste de la région parisienne.Comme cela est la règle en macronie les délinquants n’ont pas été jugés ni condamnés.Le modus operandi est toujours le même :menace,insulte,harcèlement et violence,parfois inouïe à l’encontre des contradicteurs de la LREM.La France est ainsi gouvernée par de pseudo « responsables » qui n’hésitent pas à recourir à des moyens particulièrement persuasifs pour masquer leur incompétence crasse.La violente répression conduite par les pouvoirs publics à l’encontre des gilets jaunes l’a montré de façon définitive puisque les nervis de la police de macron n’ont pas hésité à recourir aux mutilations pour faire taire les opposants .La violence et le mépris de la vie humaine sont consubstantielles au dangereux populisme qu’est le macronisme.Quand on sait que la macronie est un avatar du parti socialiste et que ce même parti socialiste a bruyamment appelé à voter pour M.Macron au 2ème tour des élections présidentielles on ne peut que constater la mort clinique de la gauche néolibérale.C’est ironique et cruel aussi.