Je revois le web en fête et en délire
Extirpant des contenus d'Altavista*
Et j'entends dans les forums LES CRIS**, les rires
De gens qui discutent dans l'anonymat
Et perdue parmi ces trolls qui me bousculent
Étourdie, désemparée, je publie là
Quand soudain, je me retourne, il se recule,
Et les blogs inventent un nouvel entre soi …
Emportés par le rythme, l'algorithme,
Qui nous traîne
Écrasés l'un contre l'autre
Nous ne formons qu'un corpus***
Et l'index sans effort
Nous pousse, enchaînés l'un et l'autre
Et nous laisse tous deux
Calculés, indexés et ciblés
Entraînés par le rythme, l'algorithme
Et qui classe
Une folle farandole
De contenus publiés
Et parfois oubliés
Nos tweets et nos statuts s'envolent
Dans sa base de donnée,
Calculés, indexés et ciblés …
Et la joie éclaboussée par son smiley
L'émotion, produite au fond des Big Data
Mais soudain je pousse un cri, et je navigue,
Et l'edgerank vient l'afficher trop loin de moi …
Emportés par la forme, des plateformes
Qui enferment
Nous éloignent l'un de l'autre
Je lutte et je me débats
Mais le son de ma voix
S'étouffe dans le mur des autres
Et je crie de douleur, de fureur et de rage
Et je pleure…
Entraînée par le rythme, l'algorithme
Et qui classe
Au sein d'un oligopole
Contrôlant notre attention
Et je crispe mes poings, maudissant l'algo qui me vole
Ces moments publiés
Et que je lui ai cédé, à jamais …
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Pardon Edith, l'original est ici.
*Altavista fut l'un des tout premiers moteurs à occuper, dans les usages, une place équivalente à celle de Google aujourd'hui.
** sur un forum, le fait d'utiliser des majuscules revenait à "crier"
*** Documents puis profils deviennent indexables, "l'homme est un document comme les autres."