Jeanneney au sénat

Audition du président de la BNF au sénat sur la question de la future bibliothèque européenne, Google Books, et le respect du droit d’auteur. Le compte-rendu est disponible ici. Où l’on apprend que la Bibliothèque Européenne (censée, rappelons-le, sinon concurrencer, du moins contrer Google) en est ( … encore … ) dans sa phase de "contacts" de "réflexions" et de "consultations", le tout avec un budget espéré qui me permettrait probablement de refaire les peintures de ma maison mais pas plus … (bon d’accord j’ai une grande maison) … Et après on s’étonne qu’ils soient moqueurs 🙁
Morceau choisi :

  • "M. Jacques Valade,
    président,
    s’est inquiété de l’état
    d’avancement des travaux de mise en sécurité du site
    « Richelieu ». Il a indiqué que la commission
    portait la plus grande attention à ce sujet qu’elle plaçait au
    tout premier rang dans la hiérarchie des urgences.
    " Effectivement, c’est urgent, la preuve : 140 millions d’euros sont "débloqués".
  • Pour la numérisation : (Réponse de Jeanneney à une question sur le "budget") : "3,5 millions
    d’euros pour la transposition de « Gallica » en mode texte
    et à son extension à quelques grands journaux ou
    périodiques, et à 6 ou 7 millions d’euros (à raison
    de 100.000 euros par an à compter de 2007) pour la poursuite de la
    numérisation du fonds
    ." Même en multipliant par les 22 bibliothèques européenne qui ont donné leur accord (de principe), on est loin, loin, loin du "capex" annuel de Google : 1 milliard de $.

Je ne voie donc que 3 issues à ce projet :

  • issue 1 : la BNF entre en bourse
  • issue 2 : la BNF délocalise ses opérations de numérisation au Pakistan
  • issue 3 : la BNF n’a pas vocation à rattraper Google. Quaero peut-être. Mais la BNF non. Au fait, j’espère qu’au moins les "contacts", "consultations" et "réflexions" de ces deux beaux projets disposent de quelques points d’intersection …

(Via Jean Grisel sur ADBS-Infos)

10 commentaires pour “Jeanneney au sénat

  1. Ray> C’est bien dans ce sens qu’allait mon point 3 … Mais à ma connaissance, les 2 projets de semblent pas « pensés » dans une logique commune. Ce qui est bieeeeeeeeeen dommage:-(

  2. A noter: « 6 ou 7 millions d’euros (à raison de 100.000 euros par an à compter de 2007) » ça fait un budget qui s’étale sur… 6 ans. A moins d’une faute de frappe (1 million par an) ce n’est pas très crédible.
    A noter encore: les questions de messieurs les Sénateurs sont indigentes.
    Genre: moi j’suis allé à St Pétersbourg, ils ont plein de livres en Français, c’est dingue; ah oui, ben moi en Alsace on a numérisé des trucs; etc.
    Les réponses de Jeanneney sont aussi indigentes que les questions (normal): il y a qq chose sur le coût de la numérisation texte qui vaut son pesant de cacahuètes, je ne suis pas sûr qu’il ait bien compris comment ça marche.
    Et finalement, oui: pour le contre-projet Google, on peut toujours attendre.

  3. Ce qui est drôle c’est que nos dirigeants tout comme beaucoup de documentalistes ou de cadres de bibliothèques n’ont pas compris les enjeux des bibliothèques numériques.
    Aucun d’entre eux n’a du lire l’article de Carl Lagoze :http://artist.inist.fr/article.php3?id_article=245, sinon ils verraient un peu ploin que la question de la numérisation.
    Et puis ça part toujours de l’idée de contrôle institutionnel. Dans le même genre d’idées, le cndp cherche à développer un système de métadonnées genre LOM avec validation par des professionnels de l’information. Ces mêmes personnes ignorent l’existance de système comme Technorati.
    On ne peut que s’interroger sur les réelles capacités institutionnelles en matière de bibliothèques numériques.

  4. Nicolas> Bien que d’accord sur l’indigence des questions et l’indigence induite des réponses, il s’agissait là d’un exercice convenu : on ne peut pas demander à des sénateurs de maîrtiser toutes les arcanes de la numérisation. Ce qui me semble (beaucoup) plus problématique c’est le manque de relai qu’ils (avec les politiques dans leur ensemble, et notamment le ministère de la culture) offrent aux « ambitions » de jeanneney. Car si je suis en désaccord avec ce dernier sur bien des points (risque d’hégémonie culturelle notamment), on ne peut pas lui enlever d’avoir « réveillé » quelques consciences dangereusement assoupies.

  5. Juste pour tempérer la critique:
    1.) Je ne pense pas que la france n’a pas compris l’importance stratégique de tout numériser. J’essaye aussi à l’étranger de m’intéresser concrêtement à des projets de cette nature, financer des projets comme ceux là, c’est partout 1 immense casse-tête politique, car c’est un peu la déprime budgétaire partout.
    2.) J’ai plutôt le sentiment que « Quaero » doit bcp à l’initiative et l’évangélization menée par la BNF depuis maintenant des lustres. Honnêtment j’ai même cru que Chirac s’est laissé embarqué dans « Quaero » notamment parcequ’il fallait faire la BNF. Bon, si ces braves gens (notamment chez Thomson) avaient une autre conception de la communication on en saurait plus aujourd’hui. Pour l’instant je ne peux malheureusement que me contenter que de mes propres supputations ( http://iblog.typepad.com/iblog_eng/2006/01/cache_memory.html )

  6. JNJ dit :
    « la mobilisation de l’opinion permet de renforcer le poids relatif des considérations civiques face aux enjeux commerciaux »
    ça peut toujours servir …

  7. Se comparer à Google serait en effet prétentieux voire farfelu compte tenu de la puissance financière du géant Google. Néanmoins le fait qu’une référence mondiale en matière de livres électroniques de tous horizons soit gérée exclusivement par une entreprise sans qu’il existe d’alternative ouvre tout droit la porte au monopole de google et par extension de l’entreprise (au cas où d’autres sociétés privées se lancent dans la course par exemple) concernant la mise à disposition de tous d’ouvrages libres de droits sous forme numérique.
    Pour moi, pour des raisons d’éthique face à un mode et à une certaine idée de la diffusion de supports culturels quant à leur universalité, il serait souhaitable que de tels services ( bibliothèque numérique en ligne ) soient contrôlées et mises à disposition par des entités publiques.
    Ensuite et pour terminer, bien entendu que les senateurs n’ont pas à connaître les méandres et le casse-tête de la numérisation, mais en étant efficace et avec des moyens on peut confier et déléguer tâches et responsabilités à des gens compétents en la matière : c’est pas nouveau et ça fonctionne plutôt bien.
    Après, bien évidemment les processus de numérisations sont assez lourds (scan des pages deux par deux puis injection dans un logiciel de reconnaissance de caractère puis enfin relecture à faire à la main pour corriger les coquilles toujours présentes à l’échelle d’un ouvrage) et engendreront des coûts importants et peut-être supérieurs aux financements européens, un partenariat avec un groupe privé est alors envisageable bien entendu. Il ne faudra pas perdre de vue, selon moi, que l’intérêt général prime sur les intérêts privés des sociétés comme Google ….
    Enfin de compte le caractère public d’une telle activité est un garde fou (qui a ses failles bien entendu comme toute protection mais qui aurait le mérite d’exister)contre les dérives merchantiles de la diffusion de la culture, dans le but utopique que l’argument financier, ne soit pas un obstacle à l’accès à la connaissance …

  8. Comment peut-on dire devant une commission des affaires culturelles du Sénat, et que ceci figure au compte-rendu sans que personne ne vérifie rien, que « la numérisation en mode texte coûte huit fois plus cher que la numérisation en mode image »?
    C’était (peut-être) vrai au début de Gallica, c’est faux maintenant, n’importe qui ayant scanné chez lui un document sait que la reconnaissance de acractères y est incluse.
    Par ailleurs, dans un process de numérisation de livres, ce qui est très coûteux, c’est la manipulation des livres (aller les chercher dans les rayons, les transporter chez le numériseur)!

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