A lire dans le dernier numéro du BBF un article d’Olivier Le Deuff qui fait le point (définition, historique et débats en cours) sur le principe et les usages des folksonomies (indexation sociale) et de leur système de "tag". Article repris et discuté par Got.
J’en profite pour vous livrer un article co-écrit avec mon camarade de jeu Gabriel Gallezot,que je vais présenter bientôt lors d’une conférence en suisse, et qui traite, justement, de folksonomies.
Le titre est le suivant :
"Etude exploratoire des pratiques d’indexation sociale comme une renégociation des espaces documentaires. Vers un nouveau big bang documentaire ?" in "Document numérique et société", 1ère édition, sous la dir. de Ghislaine
Chartron et Evelyne Broudoux. Actes de la conférence organisée dans le
cadre de la Semaine du document numérique à Fribourg (Suisse) les 20 et
21 septembre 2006. ADBS Éditions, 2006. 344 p. Collection Sciences et
techniques de l’information.
En voici le résumé :
- "A l’échelle du web, la massification des corpus et celle des accès ainsi que la concentration des acteurs (moteurs de recherche), témoigne d’une tectonique documentaire qui bouleverse nombre d’usages associés au document, du point de vue du traitement de corpus documentaires inédits dans leur forme (formats) et dans leur taille (volumétrie), ou de celui de la recherche et de l’accès pertinent et/ou raisonné auxdits documents. Des pratiques d’indexation sociale (folksonomies) émergent, en lien avec la préemption par un public non expert de techniques d’analyse et d’outils s’inscrivant habituellement dans l’héritage de la linguistique de corpus et plus globalement des sciences du document. Ces pratiques de re-documentarisation s’appuient sur une assise communautaire forte. Leur succès – à la fois public et technique – s’explique par un faible coût cognitif conjugué à une renégociation inédite des espaces documentaires du web. L’observation de motifs récurrents dans l’application de ces pratiques les situent dans la lignée des travaux définitoires du web socio-sémantique et pose également la question de la perméabilité de deux modèles. Avec le risque que le modèle bibliothéconomique d’accès raisonné aux connaissances soit battu en brèche par un modèle « marchand », subordonnant pour la première fois la problématique qualitative du « classement » des biens culturels à celle purement comptable du nombre de fois où ils sont « accédés »."
En langage non-universitaire cela pourrait donner un truc du genre :
- "Pourquoi diable tant de gens utilisent-ils des sites comme FlickR et tout un tas d’autres systèmes de tags ? Ces trucs là peuvent-ils vraiment améliorer l’organisation de l’information sur la planète comme les index et autres thésaurus le permirent pour l’amélioration de l’organisation des bibliothèques ?"
Si la lecture vous tente, le texte intégral est ici (Téléchargement sdndocsoc.pdf)
A ce propos et dans la série "science 2.0", ce serait pas mal si pour quelque conférence que ce soit on pouvait disposer du texte ou au moins du résumé des articles des collègues afin de ne pas découvrir une dizaine de communications par jour et de donner plus de champ aux débats qui sont tout de même censés être l’intérêt principal de ce genre de manifestation (après le voyage et les petits four bien entendu :-))
Je trouve ta seconde formulation bien plus accessible 😀
Tu y crois aux folksonomies pour tout le monde ? Perso je crois qu’elles ne peuvent fonctionner que pour des communautés très motivées : tagger, c’est quand même du boulot, il faut donc un interêt. Ou alor sil faut envisager les folksonomies passives, qui passent par l’étude automatisée des comportements (par ex les mises en favoris pour des sites web)…
Ma curiosité de documentaliste m’avait fait m’interroger sur cet habitude du tagging. En effet, dans le marketing des outils documentaires, l’indexation full-text a souvent été avancé comme argument permettant de se passer de l’indexation humaine. Et évidemment, cela m’amusait que l’on redécouvre cette pratique importante. Mes interrogations portaient sur les problèmes documentaires que cela occasionnaient. J’ai donc écrit quelques scripts récupérant des infos sur Del.icio.us (nickname, tag, occurences, etc), mais je n’ai pas encore eu le temps de me pencher sur ces données. Je vais lire attentivement l’article de la BBF ainsi que votre document, cela me donnera sans aucun doute des pistes pour anayser les résultats.