Les archives ouvertes ont 17 ans. Google à 8 ans. Wikipedia a 5 ans.
Pas une de ces avancées n’est "légalement majeure". Pourtant toutes sont autant de révolutions cognitives majeures. En 5 ans Wikipedia a donné ses lettres de noblesse à un encyclopédisme non plus "savant" mais "d’usage" (voir la page 307 de ma thèse). En 8 ans, Google a mis en place un guichet unique d’accès à l’information à une échelle jamais atteinte, une échelle planétaire. En 17 ans, les archives ouvertes ont rendu au monde les résultats d’une science qui n’appartenait jusqu’ici qu’à une "élite".
Encyclopédisme. Information. Connaissances. Le tryptique est bouclé. La tectonique interne aux savoirs s’est doté de nouvelles plateformes, de nouveaux usagers, de nouveaux publics, et de nouveaux contributeurs. Elle hésite parfois encore sur la question des modes de validation. Mais l’intelligence collective comme corpus savamment détérritorialisé et remis à disposition du plus grand nombre a connu en 17 ans un bouleversement radical, majeur du point de vue de l’histoire des sciences.
Naturellement, l’angélisme n’est pas de mise. La société de la connaissance n’est pas la société de l’information. Sur la ligne de front reliant ou séparant ces deux mondes, les antagonismes n’ont jamais été aussi forts. Autre pierre angulaire de ces crispations, se juxtaposant à celle de la validation, celle des intermédiaires et de la nature du processus d’inter ou d’alter-médiation.
Mais l’essentiel est fait. Les archives ouvertes ont engagé un processus irréversible, un déclic. A compter de cette date, la boîte de pandore de la connaissance une fois ouverte, nul ne songera plus à la refermer. Wikipedia servit ensuite de révélateur, en inscrivant dans le panorama des sciences la figure nouvelle de l’usager encyclopédiste. Pendant ce temps, Google servit de fixateur. Fixateur de la convergence des regards planétaires, fixateur plus contesté et contestable de contenus, mais fixateur avant tout.
Un déclic, un révélateur et un fixateur. Tels sont les ingrédients qui en 17 années à peine dessinent ce qui n’est pas une révolution mais une révélation. L’essentiel est fait. Les usagers encyclopédistes ont jusqu’ici été plus prompts à se saisir de la formidable chance qui leur était offerte que ne le sont actuellement les usagers chercheurs. Mais ces derniers y viendront. A n’en pas douter. L’essentiel est fait.
A l’origine de ce billet :
- la vidéo de la conférence de presse sur l’initiative Archives Ouvertes en France.
- l’Express, "Wikipedia : l’encyclopédie qui affole le net".
Merci beaucoup pour ce commentaire. L’année dernière avec le directeur de notre service commun de documentation, nous avons cru pouvoir sensibiliser notre Président et le conseil scientifiqueà l’urgence d’investir HAL . Bof et flop. Malgré l’accord CNRS, DES, INSERM. Les sciences du vivant, qui sont la dominante à Paris 5, sont je crois les moins demandeuses. Pub med les satisfait . La présidence recherche la cohérence entre stratégies d’organisme et stratégie scientifique, mais ne veut pas croire encore que HAL soit une solution. Après on bute sur les solutions informatiques maison, pas là, promises, et pas liées à HAL, et tout s’arrête. Mais grâce à l’Académie des sciences, qui sait ça va peut-être repartir. Je vais diffuser le lien en actu du site Web, si j’arrive à intéresser la Com…
Bonjour Olivier,
J’imagine que tu as lu cet article : http://www.homo-numericus.net/blog/La-french-touch-des-archives.html et le renvoi qu’il fait vers la discussion entre Stevan Harnad et Franck Laloe, qu’il qualifie de « véritable dialogue de sourds » ( http://openaccess.eprints.org/index.php?/archives/139-Frances-HAL,-OAI-interoperability,-and-Central-vs-Institutional-Repositories.html ). Qu’est-ce que tu en penses ?
J-M
Constat encourageant !
Mais une petite remarque en forme de boutade :
La boîte de Pandore contenait tous les maux de la Terre. (et au fond est resté l’Espérance…)
Doit-on considérer que la connaissance est un mal ? ;-))
Portrait de famille.
Il y a plus de 5 ans de cela, je rédigeais un billet sur Affordance expliquant en quoi les Archives Ouvertes, Google et Wikipédia consituaient les 3 piliers d’une révélation cognitive. A l’occasion du 10ème anniversaire de Wikipédia (15 Janvier…