Quand des chercheurs en science de l’information, en informatique et en communication des universités de Cornell et Stanford s’unissent pour s’intéresser aux moteurs de recherche, cela donne un papier intitulé : "The influence of Task and gender on search and evaluation behavior using Google." (.pdf) Phil Bradley résume les conclusions de l’article : peu de nouveautés en fait. Il se confirme qu’aucun utilisateur de "descend" au delà de la troisième page de résultat du moteur, et que les résumés affichés sont utilisés comme autant d’aides dans les stratégies cognitives permettant de poser et de modifier ensuite une requête. Mais cet article est également l’occasion de retrouver le trace des travaux d’A. Broder, qui dans son article "A taxonomy of web searches" (.pdf), établit une taxonomie des recherches en fonction du "besoin derrière la question", distinguant ainsi trois classes :
- Recherches navigationnelles (recherche d’une page particulière)
- Recherches informationnelles (recherche d’une information nécessitant la consultation de plusieurs pages)
- Recherches transactionnelles (désir d’accomplir une action comme un achat en ligne)
Selon A. Broder (en 2002), la répartition entre ces requêtes est respectivement de 50%, 20% et 30%, contredit par d’autres chiffres plus récents portant les premières à 60%. Cette prédominance, dans Google et les autres moteurs de recherches navigationnelles marque l’avènement d’un deuxième âge de la recherche d’information sur le web. Dans le premier âge, les moteurs étaient d’authentiques outils documentaires, certes limités au regard des bases de données dans leur offre de syntaxe et de limitations de recherche (booléens, limites temporelles, linguistiques, etc.), mais pour autant "documentaires" en ce qu’ils permettaient de faire correspondre une requête à un contenu y répondant.
Le deuxième âge de la recherche d’information sur le web est marqué par les habitudes cognitives qui nous font utiliser les mêmes outils comme autant de "moteurs de sources" (pour reprendre une expression chère à Véronique Mesguich). On ne cherche plus l’accès aux contenus mais l’accès aux "pages-sources" sur lesquelles trouver lesdits contenus. Rien d’étonnant là dedans, il ne s’agit que du résultat de la prise en main des contenus par les éditeurs (qu’ils soient individuels – blogs -, ou collectifs et privés ou publics).
Si l’on revient dans le monde classique de la documentation, les outils permettant de repérer les contenus en fonction de leurs sources sont les catalogues et les annuaires. Il peut donc être simplement amusant de remarquer en observateur "décalé" que derrière la fin effective des "annuaires de recherche" (avec validation humaine des sites), nos chers moteurs – et Google en tête – sont devenus les nouveaux catalogues/annuaires documentaires du numérique. Moteurs d’orientation plus que de recherche.
(Via Phil Bradley)
Intéressant, ça, très intéressant. Moteurs d’orientation, j’aime bien. Boussoles, autrement dit 🙂
J-M
Et pour prendre la balle au bond, qui dit boussole dit carte ! (la boussole étant un instrument assez primaire de navigation, la carte est beaucoup moins primaire)
A quand la 3ème génération avec des cartes de navigation ?