A lire dans Scientific American ...
C’est l’histoire d’un cabinet de Relations Publiques (PR en anglais), Dezenhall, spécialisé dans la gestion de crise et plus connu sous le doux sobriquet du "Pitbull des RP" pour s’être illustré (notamment) dans la défense d’un dirigeant d’Enron ou encore contre l’organisation Greenpeace. Cabinet contacté par la division des publications universitaires de l’Association des Editeurs Américains (AAP), ainsi que par Wiley, Elsevier, et la "American Chemical Society". Du lourd comme on dit. Il faut ici rappeler qu’aux Etats-Unis, tout le monde a compris depuis longtemps que les implications économiques et stratégiques (et donc politiques) de la question de l’accès ouvert (=public) aux résultats de la science était immenses. Ce qui n’est pas le cas partout, mais passons. Donc les éditeurs scientifiques font appel au pitbull de RP pour, devinez quoi ? Mener tambour battant une campagne de dénigrement désinformation au sujet de l’accès public aux résultats de la science, et donc du même coup contre les archives ouvertes.
- Marlène dans son indispensable coin, synthétise admirablement toute l’affaire.
- Peter Suber compile et collecte toute la chronologie de l’affaire et des réactions suscitées (dans l’ordre) : ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici et ici. Jusqu’ici 🙁
Je suis de mon côté moins optimiste que Jean-Michel sur cette affaire. Le manque de curiosité, d’intérêt, et d’acculturation dont témoignent, en France, de nombreux enseignants-chercheurs, de trop nombreux CNUs, et de trop nombreux conseils scientifiques, allié à une campagne de désinformation bien orchestrée, pourrait faire perdre des années à une action de formation et de sensibilisation qui aurait dû démarrer (de manière systématique et intensive) depuis plusiers années. Cela me rappelle cette scène d’un film américain "à procès", dans lequel l’avocat du méchant balance la pire calomnie possible sur le gentil accusé, calomnie aussitôt "rejetée" par le juge. "Pourquoi as-tu fais ça !", s’écrie le méchant à l’oreille de son avocat, "tu savais que le juge ne l’entendrait pas!". Lequel avocat répond : "Oui, mais les jurés l’ont entendu. Et eux, ils ne l’oublieront pas." (sourire sardonique)
Si ce temps là n’était pas révolu, ces gens-là mériteraient un bon GoogleBombing. Désinformation. Ou Pitbull. A vous de choisir.
Le genre de coup à vous radicaliser un conflit, et à signer en masse l’appel de Lawrence Lessig du 15 Mars 2005 :
- Le libre accès tu défendras.
- Dans les revues qui te réclament la
cession entière de tes droits tu ne publieras pas. - Des licences Creative
Commons d’attribution et d’usage non-commercial tu exigeras.
Je signe.
Update : Naturellement, l’AAP nie en bloc et aligne les arguments spécieux du genre : "We believe that government mandated open access
could put essential aspects of the system at risk and could undermine
the quality, sustainability or independence of science." Ben voyons :-(((
Sauf que maintenant en recherche, si c’est pas sur Internet ça n’existe pas… Ça va être dur de cautionner les revues ou les conférences qui nous refuse une présence de nos articles sur le net gratuite et libre de droits.