La nouvelle suivante risque d’infléchir significativement la logique propre de l’encyclopédie Wikipédia.
L’état allemand, plus exactement le Ministère allemand de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Protection des consommateurs, par le biais de l’organisme des ressources renouvelables allemand (FNR : Fachagentur Nachwachsende Rohstoffe), le tout sous l’égide de l’institut (privé) Nova, va former et rétribuer des experts pour alimenter les articles concernant ces questions dans l’encyclopédie. Je ne saurai trop vous recommander la traduction de l’article original relatant la nouvelle. On y apprend notamment que lesdits experts en ressources renouvelables seront d’abord formés à l’utilisation de Wikipédia et à son écologie particulière, les mêmes experts n’ayant que peu l’habitude de voir n’importe qui venir modifier un de leurs articles lorsqu’ils publient dans un magazine ou une revue "classique".
Cet intérêt étatique, ainsi délégué à un institut privé me semble révélateur de plusieurs prises de conscience simultanées, la première d’entre elles étant la reconnaissance du formidable pouvoir prescripteur de Wikipédia dans le cadre d’une économie de l’accès.
En attendant de voir comment la communauté wikipédienne réagira, il faut en même temps souligner les nouveaux risques en temps réel occasionnés par les déviances possibles d’une redocumentarisation déléguée et soumise à rétribution. Tant qu’il s’agit de ressources renouvelables, on aurait effectivement mauvaise grâce à ne pas saluer l’initiative. Mais qu’adviendra-t-il si ce nouveau mode opératoire s’étend à d’autres domaines comme celui de la bio-éthique, de la génétique ou de tout autre sujet "porteur" et/ou "sensible" et/ou engageant d’énormes enjeux commerciaux ? La traçabilité et l’identification des auteurs-experts occupera alors le premier plan, comme dans le modèle schismatique proposé par Citizendium.
En tout état de cause WIkipédia sort aujourd’hui de son orbite pour prendre une nouvelle orientation, pour s’autoriser un nouvel horizon. Elle a déjà montré par le passé sa grande capacité d’auto-régulation, son fondateur sachant intervenir pour mettre en place des solutions moins ouvertes et plus régulées quand cela était nécessaire. Attendons donc de voir ce qu’il en sera de cet incontestable nouveau pallier de la redocumentarisation.
(Via Framablog, signalé par mail par Olivier)