Chers nayantsdroits, les meilleures choses n’ont pas de fin.

Par un message intitulé "Les meilleures choses ont une fin", en date du 4 juin 2013, le webmaster du site Redlist indique que suite à une plainte et à une perquisition, on lui demande "de retirer l'intégralité du contenu illégal sur RedList. Et je n'ai plus d'autre choix malheureusement. Les liens ne sont plus accessible (sic) et il n'est plus possible d'en ajouter."

De Redlist à Blacklist.

Redlist est un agrégateur de liens permettant de récupérer films, ebooks, séries, jeux, le tout en direct download (DDL), en renvoyant vers d'autres sites "hébergeurs" lesquels sont eux toujours en ligne. Bref Redlist est un moteur de recherche de fichiers piratés disponibles en "direct download" et non en Peer to peer, le tout moyennant seulement l'ouverture d'une dizaine de pop-ups vantant les mérites de méthodes révolutionnaires pour gagner plein d'argent sans rien glander sur le web ainsi que pour des escapades romantiques avec d'accortes jeunes filles qui ne se caractérisent pas non plus par leur goût de la légalité, ni d'ailleurs de la majorité sexuelle.

Redlist n'est pas le seul à proposer ce type de service mais il est de loin l'un des plus connus, des plus fournis, des plus ergonomiques et des plus efficaces. Plusieurs de ses prédécesseurs ont également été contraints de fermer, et il n'a jamais fallu plus de 6 mois avant que n'émerge un nouvel avatar. Parce que le "direct download" est plus accessible au profane que le Peer to Peer, moins aléatoire que le streaming, parce que l'offre légale est inexistante (chronologie des médias et blocage des nayantsdroits), parce que le web continue et continuera toujours d'être une immense base de donnée de fichiers davantage partagés que réellement piratés, toujours disponibles sur une foule de services (Dlfree, …), la fermeture d'une plateforme (d'hébergement) entraînant l'immédiate migration vers une autre.

La raison du plus fort … est parfaitement déraisonnable.

S'attaquer à Redlist sans s'attaquer aux sites réellement hébergeurs (ce qui de toute façon ne servirait à rien, t'as qu'à voir comme la fermeture de Megaupload a ramené l'ensemble de la planète à une consommation culturelle légale), s'attaquer à Redlist sans s'attaquer aux sites réellement hébergeurs est à peu près aussi efficace et censé que d'enlever les panneaux de signalisation routiers en espérant ainsi éradiquer les excès de vitesse. Aussi censé que d'interdire à tout le monde de rouler à plus de 50 km/h en continuant de vendre à tout le monde des véhicules faits pour atteindre des vitesses moyennes de 140 km/h. Et avec une espérance de réussite à peu près équivalente à la probabilité que Christophe Barbier prenne sa carte d'adhérent au Parti Communiste ou que l'UMP réussisse des primaires internes réellement démocratiques.

Réaction des usagers

Madame la ministre de la culture et du téléchargement c'est du vol, tu aurais (tu permets que je te tutoie ? c'est plus sympa), tu aurais, ainsi que vous mesdames et messieurs les nayantsdroits, tout intérêt à aller lire les 800 commentaires postés sour le billet annonçant la fermeture du site Redlist. Plutôt que de cramer des millions d'euros du contribuable en financement d'Hadopi-qui-sert-a-rien ou en études diverses sur les attentes des usagers sur les pratiques culturelles à l'heure du numérique, ces 800 commentaires te diront TOUT sur lesdites attentes et te fourniront en outre un précieux, légal et gratuit cahier des charges pour ce que toi et tes prédécesseurs auraient dû mettre en place il y a déjà 10 ans. Et oui. Mais comme tu ne vas pas prendre le temps de le faire (je te connais un peu) et que je suis sympa, je vais le faire pour toi. J'ai donc lu (si, si) et analysé (si, si) les 800 premiers commentaires et voici ce qu'il en ressort.

La culture c'est trop cher.

  • "Merci
    à tous d'avoir permis à ceux qui n'ont pas de moyens énormes d'avoir pu accèder
    à la culture
    " // "Merci
    de tout coeur pour votre travail et de nous avoir permis de voir ce qu'on ne
    pouvais pas s'offrir
    " // "ton site m'a permis ainsi que bien d'autres
    d'accéder à une culture devenue trop chère pour nous. Tu peux être fier. Ton
    site accomplissait tout simplement une mission de service publique.
    " // "on
    dit que le telechargement est nocif pour l'art du cinema,mais un film qu'on
    regarde pas est une oeuvre perdu ! en ces temps difficiles, qui peut se
    permettre d'aller se ruiner au cinema 10 fois par mois ?
    " // Et ben oui. Sur Redlist y'avait des livres (numériques), des films, des concerts, etc. De la CULTURE. De la culture piratée mais de la CULTURE. De la culture que les gens n'ont plus les moyens de se PAYER. Je te reparle de moi juste 5 minutes, je suis dans la catégorie CSP++, je gagne plus de 2000 euros par mois, j'ai 3 enfants et une compagne. Pour une soirée en famille au ciné (sans les pop-corns et le coca), je ne m'en tire pas à moins de 50 euros. Je te rappelle que 50 euros c'est quand même plus de 300 francs. Un bras.

Le téléchargement est une preuve de désir … de consommation

  • "et
    comme le dise bcp…redlist ma donné plusieur fois la motive pour aller au
    ciné,tans pis
    " // "Ce
    site, via sa rubrique news m'a donné envie devoir certains films au ciné, et
    des amis ont acheté des coffrets DVD de séries que je leur ai fait découvrir…
    " // "Dommage,
    mes 68 derniers achats en CD et DVD et mes 18 ou 19 dernières toiles, c'est
    REDLIST qui me les a fait faire… C'était un super truc : on teste, on achète.
    Mais sans tester, je n'achète plus !!!
    " // eh oui. L'offre entraîne la demande. Les gens qui regardent des films sur Redlist iront davantage au cinéma voir d'autres films. Je sais c'est pas très mainstream comme argument, mais les téléchargeurs "normaux" sont AUSSI les plus gros consommateurs de culture légale. C'est très documenté, y'a des tas d'études tout à fait sérieuses sur le sujet, là j'ai la flemme d'aller te les chercher mais t'as qu'à demander à l'un de tes attachés ministériels, ils n'auront aucune peine à le faire.

En plus c'est formateur. Si, si.

  • "Votre énorme travail, votre générosité et votre aide. A votre manière, vous avez aidé des personnes dans mon cas
    qui n'avaient pas les moyens d'acheter des films ou d'acheter des livres ou des
    logiciels.
    " Eh oui. Monter un site comme Redlist c'est du TRAVAIL. Au-delà du seul côté hardware, faut aussi catégoriser les différents documents, gérer les forums, proposer une navigation facile, mettre en place des systèmes de recommandation, etc. Et ça permet à plein de gens de se former pour leur TRAVAIL (parce qu'il y a plein de logiciels qu'on leur demande de mettre dans leurs CV de pôle emploi et qu'ils n'ont évidemment pas les moyens de se payer. C'est juste un exemple.

Se cultiver c'est d'abord appartenir à une communauté.

Et même s'il faut payer, et bé on paiera.

  • "Tout
    a déjà été dit donc je n'ai rien d'autre à ajouter sauf que si vous avez besoin
    d'un financement pour redémarrer le site ou un semblable de même grande qualité
    vous pouvez compter sur mon aide active et financière.
    " // "Mais
    sache REDARCHE que si tu as besoin d'argent pour maintenir le site en vie je
    serai la moi aussi pour mettre la main a la poche
    " // "D'accord avec toi si il faut contribuer, je répond présent
    sans réfléchir,
    avoir une telle qualité mérite
    bien quelques euros dépensés
    " // Ça ça devrait quand même te plaire non ??? Les gens sont prêts à PAYER pour financer des projets comme Redlist. Je répète : à PAYER. Dingue non ? Tu as juste un tout petit effort hypothético-déductif à faire pour imaginer qu'ils le seraient donc également pour un service légal équivalent.
  • D'ailleurs les gens te proposent même des idées : "a
    ce moment la pourquoi ne pas faire un systeme de détention de film de durée
    limite de façon a permettre au personne de découvrir un film et si il plais de l'acheter
    .. tout est fait pour l'argent et qui c'est qui trinque bah nous
    ". Sympas les gens non ?

De la valeur ajoutée des métadonnées sociales.

  • "Je vous supplie de laisser le site utilisable comme
    instrument de recherche pour les cinéphiles. A bientôt, nous comptons tous sur vous pour une renaissance.
    " // "j'espère que le forum et la tchat box
    resterons , que les membres puissent continuer à se parler et échanger pleins
    de choses entre eux
    " // "Bon
    c'est vrai, il y avait quand même beaucoup de fautes dans les expressions, mais
    l'esprit convivial et partageur était bien là ! Je m'y sentais au chaud, en
    famille. Les critiques me faisaient souvent rire. Bref j'aimais beaucoup ce
    lieu de liberté.
    " // Et oui, Redlist n'était pas utilisé uniquement par de dangereux pirates soucieux de mettre à mal la florissante économie du cinéma mondial, mais aussi par des cinéphiles qui avouent même s'en cogner comme de leur première bière de télécharger les films offerts mais qui souhaitent simplement pouvoir continuer à disposer de la base de données d'avis, de synopsis, de critiques, de bande-annonces que proposait Redlist en Français. Je sais, c'est dingue.

Dégâts colatéraux.

  • "Mais
    alors, qu'en est-il du contenu légal qui était disponible ici ? J'ai vu que
    certains jeux gratuits que j'avais posté ne sont plus accessibles, bien sûr je
    comprends que vous ayez pas eu le temps ni les moyens de faire un tri sur ce
    qui est licite ou non
    " // Et bé oui. y'avait aussi des trucs légaux. D'accord pas beaucoup. Mais y'en avait.

Diversité éditoriale

  • "Des
    liens vers des films anciens que l'on ne retrouvera nul part ailleurs.
    " // "Depuis des mois, je rêvais de pouvoir partager ce que je
    possède et que d'autres recherchent.
    Principalement des vinyls
    jamais réédités en CD mais dont les gens de mon âge se souviennent
    " // Nulle part ailleurs. La consommation culturelle est totalement affranchie des logiques médias de (re)diffusion et de leur finitude saisonnière ou autres effets de mode.

Et en plus d'être pratique, c'était bien foutu.

  • "c'était le meilleur site du genre, le seul (à ma
    connaissance) qui proposait un vrai moteur de recherche pour s'y retrouver :
    genre, année, qualité, truefrench,…
    " // "C'est vrai que ce n'était pas seulement un site de partage
    de lien a la volée, c'était bien structuré, c'était clair et net, il y avait
    les commentaires qui nous aidaient pas mal, une liste clair et nette triée
    comme il faut, c'était propre et quand même règlementé … Je découvrais très souvent des séries/films/logiciels avec
    la page d'accueil, et franchement, j'aurais pu acheter des DVD de films/séries que
    j'ai découverts, certain(e)s sont vraiment énormes …
    " // "l'avantage de Redlist c'était ce côté élitiste des liens,
    au moins, on avait droit au meilleur du DL, on avait pas comme sur certains
    sites des liens qui fonctionnait à moitié ou qui, dans le cas d'une série, un
    épisode génial et un second assez merdique. C'était vraiment le meilleur site
    que je connaisse.
    "

Et encore … Merci.

  • J'allais presque oublier. Sur le petit millier de commentaires analysés, un bon gros 98% d'entre eux se commencent ou se terminent par un mot tout simple. "Merci". C'est un mot tout con "merci". De ces mots des pauvres gens comme disait Léo. Des citoyens, jeunes, très jeunes, vieux, très vieux, cinéphiles, serial-addicts, geeks de moins de 30 ans et ménagères de moins de 50, pères de famille et tout le toutim. Une vraie tour de babel sociologique. Vous en connaissez beaucoup Madame la Ministre, Messieurs les Nayantsdroits, des gens qui remercient des voleurs ? Ça fait combien de temps que ce mot tout simple ne vous a pas simplement été adressé en dehors de la signature d'un juteux contrat ou de la sauvegarde d'un impérissable monument ? C'était quand la dernière fois que mille personnes vous ont juste dit "Merci" ?? Si Depardon était à la caméra, ce "merci" pourrait ressembler à celui des ouvriers qui remercient le patron qui a tenté de sauver son usine face à des gros méchants actionnaires, et qui n'y est pas parvenu. 

Et maintenant il faut fermer Google.

Et ben oui mesdames messieurs les nayantsdroits et la madame la ministre de la culture. Car, rubrique "le saviez-vous", Google est un annuaire de liens. Je dirai même que Google est le plus énorme annuaire de liens que la terre ait jamais connue. Et, circonstances agravantes, Google dispose en outre de son propre service d'hébergement : YouTube. Alors je sais, vous allez me dire, "oh mais il n'y a presque plus de fichiers piratés sur YouTube, depuis qu'il l'a racheté, Google a fait le ménage, et il est très gentil avec nous les nayantsdroits." Vraiment ? Vous êtes sûrs ? Vraiment sûrs ???

Mais oublions un instant YouTube et revenons à Google. Vous aurez beau argumenter que Google fait baisser à la main le positionnement desdits sites illégaux ou les supprime, vous aurez beau arguer que sous la pression de la toute puissante RIAA, Google retire carrément certains sites de son index, dont celui qui nous intéresse ce soir, vous apprendrez également (attention, surprise) que Google n'est pas le SEUL moteur de recherche de la planète. Et ben oui. Vous serez également heureux d'apprendre que Google, grâce à des requêtes certes élaborées mais pour le moins accessibles au profane (la magie pédagogique du web 🙂 permet encore d'extraire de véritables trésors de pépites illégales reléguées dans les limbes de sites russes. Et oui mesdames messieurs les nayantsdroits, votre tactique était toc, et ce grand-duc avec ses trucs, ses astuces, ses ruses de Russe blanc continuera encore longtemps de faire le délice du curieux piaffant d'impatience devant votre incapacité à faire simplement votre boulot : vivre votre vie de paisible rentier en proposant une offre "légale" intégrant une chronologie des médias enfin adaptée à internet (c'est à dire pas de chronologie des médias du tout) et pouvant s'appuyer sur les nombreux (eh oui) modèles économique vous permettant de continuer à reprendre deux fois du dessert (VOD, paiement adapté, freemium, etc).

Euro tout sauf symbolique.

Mesdames et messieurs les nayantsdroits, je vous rappelle que nous vivons dans un monde où un morceau de musique coûte moins de 2 euros (RIP Steve Jobs), ou la totalité de catalogues de majors en écoute illimitée revient au coût d'un abonnement mensuel à peine équivalent au prix d'un CD, et que payer 50 euros pour une soirée au cinéma en famille au regard des arguments et des réalités culturelles et technologiques que je vous exposais plus haut semble voué au même avenir prometteur que les postes à galène pour l'information et le Tam-Tam pour les télécommunications. Tiens, comme je suis sympa, je vous propose un petit sujet de réflexion à balancer en fin de banquet en éructant après avoir repris trois fois de la pintade aux truffes : "Dans une économie de l'abondance, quel peut-être l'intérêt d'entretenir une offre de la rareté ?". Tu manges, tu éructes, et tu discutes. Et surtout tu ne te sens pas obligé de me tenir au courant du résultat de tes cogitations, je "followe" déjà Pascal Nègre sur Twitter et ses hommages aux "chanteurs-morts-que-tu-peux-retrouver-dans-le-catalogue-dUniversal" suffisent à nourir largement ma curiosité morbide sur le crétinisme psychologico-mercantile.

Aurélie.

Madame la ministre, Aurélie. Laisse Rihanna à la RIAA. Ton ministère est immense et passionnant. Je vais encore te donner un conseil. Une idée. Il faut que tu cesses de considérer que ton ministère travaille sur deux pans de culture : la culture contemporaine d'une part (les films, livres, pièces de théâtre et toute autre oeuvre de création sortie publiée ou éditée depuis disons les 20 dernières années), et la culture patrimoniale au sens large (c'est à dire les vieux trucs encore couverts par le droit d'auteur ou les très très très très vieux trucs couverts par plus rien du tout à part de la cendre et des ruines et l'impossibilité de les prendre en photo). L'immense chance et l'immense défi de ton ministère c'est de travailler sur l'ensemble de la culture planétaire. Des dessins animés japonais des années 80 au cinéma d'Aki Kaurismaki en passant par Psy (gangnam styyyyyyyle) et les 2Be3. Arrête de penser exception culturelle française et tu découvriras les joies ineffables et la mission régalienne de mettre en marche la globalisation de l'accès à toutes les cultures. Et surtout Aurélie, surtout, oublie la chronologie des médias. Le web n'a jamais tué quelque industrie que ce soit. Et surtout pas ces "industries culturelles". Le web ne tuera pas la culture. Ni la musique. Ni le cinéma. Ni la littérature. Ni les libraires. Ni les 2BE3. Par contre le web a tué le temps.

Le rhizome fait de la résistance.

Cours Aurélie, cours. Cours dire aux nayantsdroits que le web a dézingué leur si lucrative et précieuse chronologie des médias vécue seulement comme alibi commode d'une vision hiérarchique de la culture. Dis leur qu'avant d'être un rhizome, le web est une résistance. Qu'ils auront beau le reterritorialiser à outrance, remettre en place des frontières, des proxys, des blacklists, ils n'auront jamais de prise sur le temps si particulier qu'est celui du média qu'ils combattent au lieu d'essayer de le comprendre.

Le web a tué le temps. Vous êtes anachroniques. Le web est a-chronologique. Le web est une uchronie. La première de toutes. Ça tombe plutôt bien pour une ministre de la culture. Paraît que la culture traverse les siècles. Rendez-vous dans quelques-uns d'entre eux.

<Update du week-end> Ce billet bat tous les records "d'audience" sur Affordance. 4000 pages vues le jour de sa publication, 2000 le lendemain (Merci Rezo.net ;-). Il a en outre été dupliqué sur … Redlist sur lequel il a été lu presque 20 000 fois. PC Impact le reprend à son tour ce samedi. Et Slate devrait aussi en proposer une reprise intégrale (c'est fait). On en trouve même mention dans les forums du talk-show de Jean-Claude Bourdin sur RMC … J'en profite pour signaler et recommander à ce nouveau lectorat la lecture du dernier billet de Philippe Aigrain : "Le partage est un droit culturel, pas un échec du marché" et l'ensemble des travaux s'intéressant à la légalisation du partage non-marchand.

Et v'là t'y pas que mon texte se retrouve transformé en pétition Avaz. Cela ne me gène pas outre-mesure – je n'ai pas pour habitude de renier mes écrits et les licences creative commons s'appliquent partout, mais je fais remarquer à l'auteur de l'initiative que lesdites licences recommandent d'indiquer le nom de l'auteur et la source originale dudit texte.

</Update>

19 commentaires pour “Chers nayantsdroits, les meilleures choses n’ont pas de fin.

  1. Superbe billet, Olivier ! Magnifique coup de gueule contre la bêtise ambiante… Mais…
    Je doute franchement que l’appel à Aurélie Filippetti soit d’une quelconque utilité, étant donné que d’autres sirènes semblent avoir bien davantage l’oreille du pouvoir http://www.pcinpact.com/news/80259-le-csa-ne-veut-pas-sorte-copier-coller-pour-regulation-net.htm
    Dans ton billet, en filigrane, je lis un appel lancé aux industries culturelles au développement d’une offre légale en phase avec les nouveaux usages. Mais la première aporie, dans le concept même d’offre légale, dont la seule véritable utilité est de rejeter dans l’illégal, par contraste, des pratiques entièrement légitimes. J’avais essayé de le démontrer ici : http://scinfolex.wordpress.com/2013/05/12/le-mirage-de-loffre-legale/#more-6188
    Il n’y a pas d’issue possible du côté de l’offre « légale ». La seule voie possible est dans la légalisation des pratiques.
    Redlist n’était pas un MegaUpload, mais il partageait avec lui le trait de privilégier des formes d’échanges de type streaming et direct download, au détriment de l’échange décentralisé de pair à pair.
    Si l’on veut à la fois mettre fin à la stupide guerre au partage des nayantsdroits et favoriser un retour à l’utilisation de l’architecture d’internet en conformité avec sa nature, il faut soutenir des propositions de type légalisation des échanges non marchands.
    Ces propositions sont à présent développées et articulées, comme dans les Eléments pour la réforme du droit d’auteur de la Quadrature du Net https://www.laquadrature.net/fr/elements-pour-la-reforme-du-droit-dauteur-et-des-politiques-culturelles-liees
    Si on veut passer de la critique du négatif à une vraie victoire positive, il faut soutenir des propositions pour qu’elles arrivent aux oreilles des politiques avec suffisamment de force pour qu’elles passent dans la loi.
    Sans cela, la spirale répressive continuera ; d’autres Redlist tomberont ; les internautes finiront par payer et la belle uchrnonie d’Internet deviendra un vieux souvenirs…
    > REPONSE / t’as bien sûr raison. Et tout aussi raison de me rappeler que je néglige effectivement un peu trop souvent la défense de la légalisation des pratiques. Ce qui d’ailleurs m’étonne moi-même (faudra que j’en parle à mon psy). Mais plus sérieusement je crois que parvenir à convaincre le politique qu’il faut injecter du légalisme dans l’offre culturelle « for the masses », est un levier qui permettra de l’amener à se poser la question de la légalisation des pratiques et des échanges non-marchands. Ou au moins essayer de jouer sur les 2 tableaux. / Olivier E.

  2. En fait, on Mâame la ministre continue de défendre les moines copistes face à Gutemberg… Rassurons nous, d’ici qq siècles nous passerons au XXIème…

  3. Bonjour !
    Une démonstration brillante, avec la touche d’humour littéraire qui rend la lecture agréable (on dirait presque du Lordon 😉
    J’ai seulement un doute profond…
    Et si… Et si la « culture » dont il est question n’était qu’une vaste machine désirante (pour rester dans le registre deleuzo-guattarien proposé…).
    Un bel assemblage d’images, de son, de gens, de sous… Dont l’objectif serait essentiellement… PUBLICITAIRE… À savoir support et drain à publicité : placement de produit à l’interne (ça l’internaute voyeur « illégal » lambda se l’enfile comme les autres), mais aussi et surtout à l’externe… Drain à pub que ce soit à la télé, au ciné ou même, oh surprise… Sur Internet… Y’à qu’à mater un peu Youtube pour s’en rendre compte…
    Créer un flux de désirs et plaisirs (créer des affects, le moteur no 1 des productions culturelles) qui devient un désir de flux (point de saturation affectuelle des consommateur), et là crac, j’te colle la pub (décharge dans l’ouvert d’une dose de symboles finalisés…).
    Alors la convergence des intérêts de ces messieurs-dames les ayants-droits avec ceux d’une catégorie beaucoup plus large d’individus, à savoir l’ensemble des producteurs économiques susceptibles de se servir du médium publicitaire pour continuer (ou commencer…) à capturer une part des habitudes de vies de leurs congénères sur cette planète, et ce faisant de leur pépètes… Pourrait devenir un moteur explicatif puissant de certaines attitudes (politiciennes comme ayantsdroitiennes… Comme la faiblesse de l’offre « légale »… Pourquoi investir, pour se faire piquer ses produits encore plus vite, et rater l’objectif non négligeable de pousser les gens vers les « bons » supports à pub…). Attitudes qui sinon pourraient rester parfaitement absconses…
    Société du spectacle, quand tu nous tiens…

  4. Il est vrai qu’Internet est LE support qui me donne envie de consommer de la culture. Je ne téléchargeais pas beaucoup mais j’ai découvert beaucoup de choses grâce à Redlist. Voici quelques exemples :
    The Walking Dead… j’ai acheté les BD (226 euros) et le coffret des 2 premières saisons pour offrir (40 euros), un artbook (17 euros).
    Game Of Thrones, je lis tous les livres, je n’en suis qu’à la fin de la deuxième intégrale (30 euros) sans compter qu’il m’a redonné goût à cet univers et que sans cette découverte, je n’aurais jamais lu tous les assassins royal de Robin Hobb (environ 104 euros de livres et j’ai pas fini) car l’auteur de GOT, faisant la promo sur la 4ème de couv, a largement influencé mon achat et que sans redlist, j’aurais pas pris le risque d’acheter cette série à l’aveuglette et je n’aurais jamais connu George R.R. Martin (et acheter le coffret dvd me fait plus envie qu’acheter un truc nouveau)…
    Bref, voyez mes dépenses juste pour deux produits téléchargés qui m’ont énormément plus… j’avais même pas conscience de ça avant de le calculer. Ce ne sont que des exemples, j’ai acheté des films, des goodies, des séries, j’ai eu envie d’aller au ciné, de lire des livres et quasiment chaque achat est raisonné (testé par moi-même ou influencé par plein de commentaires écrits par des « téléchargeurs » qui ont des goûts similaires -> l’influence de la communauté) car à ce prix, on veut une valeur sûre. Le pire c’est que ça me fait acheter des trucs encore plus cher (vu que j’ai déjà vu le film, s’il me plait beaucoup j’ai tendance à acheter l’édition bourré de bonus).
    Les séries géniales ou les films géniaux auront toujours un succès commercial d’une manière ou d’une autre. Cet argument est dur à comprendre pour les ayants droits mais il est vrai que des sites comme Redlist ont un côté promotionnel pour certains d’entre nous… (et je ne gagne même pas un smic)

  5. Et sans compter qu’en plus de ça, le gros de mes téléchargements c’était des « vieux » Disney pour mon fils dont je possède encore les VHS (une grosse collection je vous assure, j’ose même pas calculé le coût) mais qu’il aurait fallu racheter pour les visionner à nouveau… Franchement, c’est clair que si Redarche a une amende, je suis prête à l’aider financièrement car si légalement tout ça c’est du vol, j’ai dû mal à le voir comme tel. C’est eux les voleurs sur beaucoup de points…

  6. Salut,
    Bel article, mais pour les zhumains, pas pour la pauvre fille à qui il s’adresse et qui est imperméable aux arguments pour au moins deux raisons : 1) elle est la domestique appointée des « nayantdroits » c’est-à-dire de ceux qui prennent 97% et redistribuent 3% aux CREATEURS ou souvent à leurs héritiers (à côté d’eux le pire des maquereaux peut passer pour un philanthrope) ; 2) elle a un QI de protozoaire, et ceci explique cela (les partis de pouvoir ne peuvent accepter que des cons ou des ordures, compte tenu du cahier des charges du job de politicien).
    La personne qui se vantait de ne coucher qu’avec des boxeurs retraités voulait même plus encore plaire, en promettant de traquer les emails… Voilà… Mais juste un mot : merci (quand même) 🙂

  7. Bonsoir,
    Merci pour cet article. Je suis un utilisateur de Redlist et je suis content de voir que le mécontentement et la déception dû à la fermeture du site, ne touche pas que ces utilisateurs.

  8. Ce texte a effectivement une « touche littéraire » et il est donc très émouvant.
    Mais dans quel monde d’hypocrites vivons-nous donc qu’il faille presque supplier une ministre pour qu’elle admette publiquement l’évidence.
    Au fond, c’est aussi un peu comme pour certains « produits illicites », tout le monde admet que la Loi n’est plus adaptée mais personne du côté du pouvoir ne l’admet officiellement.
    A qui donc l’immense majorité obéit ?

  9. Bonjour,
    Je suis un utilisateur de Red-List. Enfin j’étais. Et je suis 100% d’accord avec toi.
    Je suis dans la catégorie des gens qui téléchargent « pour voir » et qui achètent si ça vaut le coup. Car mine de rien, un DVD neuf, c’est 20€, une place de cinéma, c’est 10€, un CD, c’est au moins 10€. Un livre, c’est au moins 6€ et un livre audio (je suis commercial, je roule beaucoup), c’est dans les 20€. Du coup, je ne veux pas acheter un film de merde, un CD pour 1 seule chanson, et une place de ciné, encore moins car on ne peut même pas la revendre sur Leboncoin ou chez Easycash. J’achète ce que j’aime.
    [a http://nsa34.casimages.com/img/2013/06/07/130607101143793128.jpg%5DPour preuve, voici une photo de mon meuble TV [/a](oui, c’est du Ikea, la série Expedit pour les fans).
    En bref, si le problème, c’est que les ayant-droits ne touchent rien quand je télécharge, à ce compte-là, quand j’achète un DVD chez Easycash, ils ne touchent rien non plus et pire, si je l’achète sur Leboncoin, l’Etat ne touche même pas de TVA. Il faudrait donc les interdire, non ?
    Cordialement,
    Néoptolème

  10. Bonsoir, je viens de lire cet article trèèèèèèès long mais surtout très vrai avec la petite pointe d’humour ajoutés. Personnellement Redlist était pour moi un moyen de pouvoir avoir accès à certaines séries CORÉENNES dont je n’arrivais pas à accéder à cause d’un site comme DRAMAPASSION qui licencie les séries coréennes mais qui ne publie pas les épisodes quelques jours/semaines du début de la série lancée en Corée, mais bien des mois et des mois après. 🙂 En plus ça te bonde de pubs pour gagner de l’argent et les utilisateurs sont obligés de payer quoi qu’il en soit pour voir des séries en STREAMING et en BONNE QUALITÉ !! Acheter quelques épisodes de la série coréenne (quelle qu’elle soit) revient à très cher et pourtant on est pas une grande majorité à regarder ces séries car il y en a tellement et il en sort tellement énormément. Les achetés toutes reviendrait tout simplement à se ruiner, et pour se nourrir ? Et pour les factures ? C’est pas assez déjà ? Au lieu de financer des projet comme Hadopi qui finalement ne peut pas arrêter tous les sites qui proposent le DDL… A quoi bon ça sert ?! C’est une perte d’argent et après ça se plein que la France est encore en crise économique, mais foutre un paquet d’argent sur Hadopi revient à financer un projet qui finalement n’en finira jamais et cette perte d’argent et de temps continueront de s’accroître !
    En tout cas c’est clair et net, je félicite REDARCHE et les autres du staff pour avoir fait de leur site un répertoire culturel bien tenu ! Ils m’ont permis également lorsque j’étais au lycée d’avoir Microsoft office que les profs nous demandaient pour les DIAPOSITIVES en TPE ou simples exposés. Payer un logiciel rien que pour ça c’est extrêmement cher pour pas grand chose. Et bien sûr, ils ont du en aider des milliers d’autres avec cet énorme boulot effectué…

  11. Depuis quand la Wallonie est un territoire français ?
    Vous vous trompez de cible en appelant Mme Filippetti pour vous plaindre qu’un annuaire de fichiers pirates a perdu son contenu illicite.
    « Eh oui. Monter un site comme Redlist c’est du TRAVAIL. »
    Mettre sur place une arnaque ou un crime c’est aussi du travail, mais balayé par le fait de vouloir commettre un délit.

  12. On dirait la réaction d’un enfant de 5 ans qui réclame un biberon alors qu’il vient d’en finir un.
    On croirait vraiment entendre des enfants gâtées qui croient que tout leur ai dû.
    J’ai beau chercher, je ne vois rien de brillant dans l’article, aucune idée, et la plupart des propos vides de sens.
    De ceux qui ne comprennent pas que le divertissement est un industrie, qui emploi du monde, fait progresser la technologie (par exemple: les images de synthèse, sans l’industrie culturelle, ne serait pas où elles sont… aujourd’hui ce qui a été créé et financé par les industries du divertissement servent dans des secteurs comme la médecine).
    Ce n’est pas possible de faire vivre une industrie sans ressources. Ces ressources représentent la valeur accordée par le public à cette industrie (qui ne fait que répondre à une demande, un besoin). Cette valeur est faussée par des gens qui aujourd’hui refuse un système simple, et pourtant juste.
    La plupart des gens comme vous en on rien à foutre, de comment et pourquoi sont faite les œuvres, ils veulent juste le gâteau et la cerise sur le gâteau.

  13. « Eh oui. Monter un site comme Redlist c’est du TRAVAIL. »
    Mettre sur place une arnaque ou un crime c’est aussi du travail, mais balayé par le fait de vouloir commettre un délit.
    un délit est constitué lorsque l’on apporte la preuve du préjudice subi… or là il est difficile de situer ce préjudice, et encore plus d’en apporter la preuve.
    les différentes études disponibles montrent qu’au contraire, la vente de médias « culturels » ne s’est que rarement aussi bien portée…

  14. Ziggo, vos commentaires sont empreints de mépris et d’arrogance. Essayez de comprendre avant de vouloir juger. D’autre part, il y a des milliers de cas ou c’est l’argent public qui a servi à financer, à produire des projets, et dont quelques acteurs privés touchent les bénéfices. Ca n’a pas l’air de vous choquer, vous semblez avoir une vision ultra libérale, ultra simpliste et c’est tout.

  15. Pas besoin de sortir la grosse artillerie, envoyer deux flics polis, très gentils et c’est la déballonage complet 🙂
    ALDUS > tant qu’on continuera de ne voir que le côté « piratage » en refusant d’envisager le côté « offre de service » et « attentes des usages en matière de consommation culturelle », on ne fera pas avancer le schmilblick et on encouragera au contraire ce que l’on souhaite combattre. La bascule vers d’autres sites s’est déjà faite de puis la fermeture de Redlist. Mais on peut effectivement continuer à envoyer des flics, et à creuser sa propre tombe … 🙁

  16. Et surtout, Madame la ministre, si vous arrêtez de soutenir les nayantsdroits, on échappera à Emma Leprince en 2022.

  17. Comme toi je regrette que les offres légales sur la vidéo et maintenant le livre ne soient pas en phase avec les attentes (prix, offres et accès). Finalement le grand vide de ce rapport Lescure. Si la musique est maintenant au niveau, pour le reste on est encore très loin du compte. Je préfèrerais les termes Nartistes et Nauteurs dans ton accroche, non?

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