La carte est l’avenir du web

Un article du magazine Forbes nous rappelle que dès le 16ème siècle, "the map was the interface for business" (la carte était le support du commerce). L’article revient ensuite de manière intelligente sur cette petite révolution en applications qu’à permis Google Maps non seulement en amenant une nouvelle manière de programmer des applications web (AJAX) mais également en marquant un pas décisif vers ce qui est, pour Google et pour d’autres, l’enjeu documentaire du 21ème siècle, à savoir l’indexation géographique ("geotagging").

  • L’occasion de relire Bateson : "Le langage entretient avec les objets qu’il désigne le même rapport que la carte entretient avec le territoire. » [Bateson 77 p.212]
  • L’occasion également de relire Lévy : « Sans doute est-ce à partir de la découverte d’un espace composé de points abstraits que Zénon d’Elée put formuler son fameux paradoxe sur l’impossibilité du mouvement. (…) Sur le Territoire, Achille ne rattrape jamais la tortue. On n’avance pas sur le Territoire, on ne peut qu’y faire le point. Mais sur la Terre (…) Achille rattrape la tortue. Or Achille (…) vit dans les deux espaces. Il se repère et s’oriente sur le Territoire, mais il progresse sur la Terre. » [Lévy 81 p.180]

L’occasion, enfin, de se demander devant Google Earth dans quel espace évoluons-nous : celui de la carte ou celui du territoire ?
Car la "surterritorialisation"** que nous préparent nos chers moteurs à indexation géographique (geotagging donc) et autres géolocalisations fait certes de chacun d’entre nous des citoyens "hyper-situés" mais également des spectateurs (acteurs ?) d’outils technologiques permettant pour la première fois dans l’histoire de s’orienter sur une carte à l’échelle du territoire.
Ce qui n’est pas sans poser question. Surtout si l’on considère qu’il ne s’agit pas simplement de trouver la pharmacie ou la pizzeria la plus proche de chez soi, mais de s’orienter, via une carte des savoirs sur un territoire de connaissance.

** dans le sens (inverse) où Deleuze parle de déterritorialisation : « Nos sociétés ne fonctionnent plus à base de codes et de territorialités, mais au contraire sur fond d’un décodage et d’une déterritorialisation massive."
(Via DigitalTechnik)

6 commentaires pour “La carte est l’avenir du web

  1. oui mais encore,
    desole j ai rien compris
    j ai pas besoin de google earth pour savoir m orienter sur une carte a l echelle du territoire
    desole je sais ou se trouve lille par rapport a paris et idem pour strasbourg et marseille
    c bien beau de philosopher mais la honnetement je vois pas ce que cela apporte
    une tite explication pour les neophytes ?
    thanks

  2. Seb > ça « n’apporte » pas forcément quelque chose. Le but de ce billet est simplement de pointer le fait que pour tout ce qui est repérage et service de proximité, les services de Google Maps et de quelques autres sont très pratiques et très efficaces. La dessus, effectivement nul beosin de philosopher. En revanche, on observe que de plus en plus de ces outils de recherche, et plus généralement, de plus en plus d’outils informatiques utilisent désormais des interfaces cartographiques. Les quelques citations de philosophes et chercheurs sont là pour nous guider dans une réflexion du type « Pourquoi désormais utilise-t-on tellement des cartes et les met-on à toutes les sauces ? »
    En plus de cela quand on s’intéresse (comme moi) à la manière dont les informations et les savoirs s’organisent sur Internet et surtout à la manière dont les gens y ont accès (via ces fameuses cartes) c’est quelque chose de relativement nouveau. Normalement quand vous cherchez une information, un article de presse, une définition, vous utilisez de l’information sous forme de liste (dictionnaire, encyclopédie, etc …) et ce y compris sur les moteurs de recherche (on tape un mot et on récupère une liste). Avec ces nouvelles interfaces cartographiques ce n’est plus le même type de représentation des connaissances qui est en jeu. Pour le dire autrement on ne « lit » pas pareil une liste et une carte.
    C’est plus clair maintenant ?

  3. oui beaucoup plus d autant que je me suis aussi pose la question concernant le succes de ces cartes telles google earth and co.
    dc oui merci pour ces explications 🙂

  4. Le monde comme un plateau de jeu.

    Je n’ai jamais été un accroc des jeux vidéos. Mais j’ai souvent regardé mon petit frère ou des amis passer des heures à construire leur univers avec les Sims et autres Civilization. Je n’ai jamais été non plus un grand

  5. Et pour les neophytes qui aimeraient lire avant de relire 🙂 je me permets de vous demander les références (le titre) du Levy et du Bateson. Amicalement. Pierre

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