Les états d’urgence sont décidemment dans l’air du temps, ainsi que leurs dérives populistes. Concernant la société de l’information on a, à l’occasion des récents événements, de manière assez hâtive et disproportionnée (pour tout dire hors-sujet) incriminé les blogs comme mode de diffusion de messages incitant à l’émeute. A l’heure où des pans entiers d’informations concernant nos vies basculent en ligne, la dimension de cette sphère présumée inviolable qu’est notre vie privée, s’enrichit d’une face numérique. Les réseaux sont pour nombre d’entre nous un espace de rencontre, de socialisation, d’échange, de partage. Qu’il s’agisse de mails personnels, de sites de rencontre, de télédéchargements, ou bien encore de requêtes adressées aux moteurs pour des buts avouables ou non, il est actuellement indéniable que chacune de nos "sessions", chaque pas de citoyen connecté effectué en une contrée quelconque du cyberespace en dit sur nous beaucoup plus que, par exemple, nos relevés de carte bancaire. A l’heure où il serait souhaitable de s’interroger sur les garanties législatives de nos droits fondamentaux (comme le droit à l’oubli), à l’heure où dans le même temps d’autres, pour des raisons dont il ne nous appartient pas de débattre ici de la légitimité, d’autres mettent en place des législations qui pourraient à terme faire d’Orwell un historien et non plus un romancier. D’un côté donc, les Etats-Unis et leur dérive sécuritaire. De l’autre, la Chine. Au dessus de tout cela, les moteurs.
Et au milieu, l’Europe. Notre vieux continent. L’Europe réfléchit actuellement à un
- "Projet de décision-cadre sur la rétention de données traitées et stockées en rapport avec la fourniture de
services de communications électroniques accessibles au public ou de données transmises via des réseaux de
communications publics, aux fins de la prévention, la recherche, la détection, la poursuite de délits et
d’infractions pénales, y compris du terrorisme"
En d’autres termes, l’enjeu n’est rien moins que de stocker les données des opérateurs téléphoniques et de traffic Internet de 450 millions d’Européens. Les différents organismes policiers et autres services de renseignement pourraient alors y avoir accès sur simple injonction. Les périodes de rétention oscillent selon les textes des différentes propositions entre 6 mois et 4 ans. Les pages ressource sur la question ne manquent pas et une requête "commission européenne ‘rétention de données’ " sur Google vous renverra vers les plus complètes. A vous alors de décider si cette société de l’information est celle que vous voulez. Ou de dire non.
(Via InsideGoogle)