Internet, la science, la fracture digitale

La denrier rapport du Pew Internet Institute porte sur l’accès à la science via Internet. Les principaux résultats attestent de la place que tient désormais Internet dans les rapports que nous entretenons avec la science, à la fois comme source d’information et comme outil d’approfondissement.

  • Internet occupe la seconde place (derrière la télévision et devant les journaux et magazines) pour l’accès à l’actualité scientifique
  • Pour répondre à une question scientifique (genre "origine de la vie sur terre"), 67 % des usagers vont sur Internet contre 11% en bibliothèque. (d’où – vieille antienne … – l’intérêt pour les bibliothèques de mettre sur le net non seulement des catalogues servicialisés mais également du CONTENU)
  • le reste du rapport est consultable ici.

Au-delà des chiffres (qui ne sont pas une révélation mais permettent de mesurer l’ampleur du phénomène), il est intéressant de croiser cette étude avec la dernière tribune de Jakob Nielsen sur les "Trois phases de la fracture digitale". Selon Nielsen, la première fracture est de nature économique (achat d’un ordinateur et coût d’une connection), rappelant que trop de zones d’ombres persistent dans un village global très occidentalisé. La deuxième fracture est celle de l’usabilité ("Usability") : le web et l’informatique restent pour nombre de presonnes des outils difficiles d’accès (techniquement parlant).
La troisième fracture, à mon avis décisive, est celle de la "compétence/capacité/participation" (non-traduction du terme "empowerment", vos traductions sont attendues en commentaire) : sur ce chapitre, Nielsen relève deux points :

  • inégalité participative : sur la plupart des sites de contenu dits communautaires, c’est une minorité d’utilisateurs qui est à l’origine de la majorité des contenus (cf les chiffres sur Wikipedia)
  • manque de distance critique et d’acculturation technique (les gens ne savent pas comment fonctionne un moteur de recherche, pourquoi et comment il classe les résultats, ce qu’est un lien sponsorisé, etc.)

En conclusion de son billet Nielsen fait part de son optimisme sur la fracture économique (tout au moins pour les pays dits "développés"). Optimisme également pour la fracture de l’usabilité, dontl a "réduction" devrait cependant prendre plus de temps. Seul pessimisme au tableau, le troisième point, qui ira selon lui en s’aggravant. J’aurai mauvaise grâce à partager ce dernier point (étant donné que je passe la plupart de mon temps d’enseignement et de recherche à essayer – modestement – de faire avancer les choses), mais il est vrai que l’offre et la politique de formation en la matière ressemble encore trop souvent à un emplâtre sur une jambe de bois.
L’étude du Pew Internet sur l’usage massif de ce média (Internet) comme un outil scientifique de premier plan doit en tout cas nous inciter fortement à développer les contenus, les accès, les pratiques et la pédagogie des sites/blogs à contenu scientifique.

Un commentaire pour “Internet, la science, la fracture digitale

  1. Il me semble que le mot « utilisabilité » traduit mieux le mot « usability » que usabilité, mais comme ni l’un ni l’autre ne semble appartenir aux lexiques officiels… 🙂
    Pour le mot « empowerment », je crois que le mot qui pourrait s’approcher le plus est « responsabilisation ». Mon dictionnaire m’affirme haut et fort qu’il signifie « habilitation », mais dans le contexte de la boîte américaine pour laquelle je travaille, où l’abus de ce mot est entré dans les mœurs, c’est plutôt le sens qu’il a. « Enrôlement personnel » me plairait aussi pas mal dans ce contexte…

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