Une petite série de 3 billets très instructifs sur différents aspects de Google :
- le billet de Nicolas Morin : "Tentative de synthèse juridique sur Google Books Search pour les bibliothécaires".
Plus qu’une tentative, un remarquable boulot au sortir duquel on se sentirait presque avocat. Avec une conclusion à méditer : "Quant aux bibliothèques, on ne les entend pas. En dehors de la BnF,
bien entendu. Mais elles devraient avoir conscience qu’une victoire de
La Martinière et du SNE n’est pas nécessairement dans leur intérêt:
plus les droits de Google seront limités, plus leurs propres droits le
seront. Et si demain tous les livres français sous droits sont enlevés
de Google et de tous les projets équivalents, je ne vois pas en quoi
cela servira les intérêts collectifs de la nation, ce qui est pourtant,
a priori l’objectif de nos lois (d’auteur ou pas)."
- dans un autre genre, ce billet dissèque le brevet de Google concernant la recherche de blogs.
Avec d’abord cette liste de critères très "génériques" :
- "popularity of the blog document, an
implied popularity of the blog document, the existence of the blog
document in blogrolls, the existence of the blog document in a high
quality blogroll, tagging of the blog document, references to the blog
document by other sources, and a pagerank of the blog document. It will
be appreciated that other indicators may also be used."
On y apprend également l’importance du "feed readership" (= lectorat RSS), lequel est moins sujet à controverse que les traditionnels liens entrants (backlinks) et semble donc un indicateur plus "objectif". Et là vous me dites : "Et comment Google sait-il combien j’ai de lecteurs abonnés à mon fil RSS ?" Et bien tout simplement via Google Reader. "Et ceux qui n’utilisent pas Google Reader ?" Et ben ils ne comptent pas 🙁
Le brevet souligne également l’importance des Blogrolls, et plus exactement de ce que j’appellerai la "blogrollsroyce" : plus vous êtes dans la blogroll d’un blog à forte notoriété, et plus la vôtre (de notoriété) augmente.
Et puis … et puis … sont prises en compte : "[0044] les références vers le blog par d’autres sources peuvent également être des indications positives sur la qualité dudit blog. Par exemple, le contenu des emails ou la transcription de conversations (chat) peuvent contenir l’URl du blog. Les emails ou les clavardages (chat) qui incluent des liens vers le blog sont des indicateurs positifs de la qualité dudit blog".
Et voilà. Un big brother assumé, revendiqué, fonctionnant en vase clos. Bien sûr on sait que Google lit le contenu de nos mails (même si chaque fois que j’en fais la démonstration à mes étudiants, j’ai quelques évanouissements dans la salle). Bien sûr on sait qu’il se sert de l’analyse de ce contenu pour nous bombarder de publicités contextuelles. Mais j’avoue que je suis un peu étonné de voir qu’il se sert également de ce contenu … comme un critère d’optimisation de son algorithme … Cela marque la dernière étape de la dérive des continents documentaires :
Il est désormais clair que le web s’est effondré sous son propre poids. Ou plus exactement, que la représentation sociale et algorithmique que Google nous donne à voir du web dans une artefacture métonymique réfléchie, est désormais "complète". Elle (cette réprésentation) fonctionne comme un écosystème autarcique avec en point de mire une totale transparence :
- des contenus
- de chacune des interactions avec ces contenus
- de chaque échange public, privé ou intime entre l’ensemble des "habitants/utilisateurs" de cet écosystème
Une redéfinition de l’algorithmie. Un algorithmie "impliquante".
Et pour conclure cette série de billets, celui de Danny Sullivan : "What is Google PageRank ? A guide for searchers and webmasters."
Bonne(s) lecture(s) et n’oubliez pas : "Don’t be evil" 😉
L’objectif de Google est d’améliorer ses résultats de recherche par tous les moyens disponibles (pour devenir incontournable par les annonceurs).
Google n’est pas encore Big Brother, puisqu’il n’utilise pas les informations à sa disposition pour éliminer les « dissidents », mais une dérive autoritaire est toujours possible.
Quelles sont selon vous les bonnes limites de votre tectonique des plaques pour respecter ces 2 objectifs contradictoires ?