Ce que l’on sait de Facebook (et donc des réseaux sociaux)

Les analyses autour du phénomène Facebook se font chaque jour plus nombreuses. Petite revue des dernières en date … A propos donc de Facebook, on sait :

  • <Update>qu’on ne sait pas si on ne peut pas </Update>parler d’un phénomène de longue traîne concernant les applications tierces dudit Facebook ("applications tierces" = tous les petits gadgets disponibles, le terme d’application étant souvent à mon sens, utilisé abusivement …) : certains analystes pensent que oui, d’autres (derrière lesquels je me range, <Update> en plus maintenant c’est confirmé </Update>) pensent que non, vu que, comme le rappelle Didier Durand, "une telle distribution de la demande trop massivement concentrée est
    justement le signe d’un marché immature où règne la "tyrannie de
    l’effet réseau"
    ". Bref, la courbe d’adoption des applications tierces ressemble à la longue traîne, mais ce n’est pas de la longue traîne. Facebook = CanadaDry (voir aussi, sur le modèle économique de Facebook, le billet et les commentaires de Jean-Michel Salaün)
  • que Facebook est bien une opération de numérisation, comme c’est à lire dans un article du LATimes sur la "Révolution Facebook". L’article revient sur les rumeurs de rachat et/ou d’entrée au capital en provenance du Google et/ou de Microsoft. Il rappelle également quelques chiffres :  MySpace (propriété de Ruppert Murdoch) : 100 millions d’utilisateurs, Facebook : 40 millions. Mais les deux sites sont radicalement différents : des adolescents sur MySpace, avec une croissance (en nombre d’utilisateurs) "stabilisée", contre une croissance soutenue pour Facebook, avec le groupe des "trentenaires" qui affiche la plus forte croissance. Et puis il y a cette phrase éclairante : "Humans get their information from two places — from mainstream media
    or some other centralized organization such as a church, and from their
    network of family, friends, neighbors and colleagues. We’ve already
    digitized the first. Almost every news organization has a website now.
    What Zuckerberg is trying to do with Facebook is digitize the second.
    " C’est donc bien de numérisation qu’il s’agit, et plus précisément, de numérisation de notre graphe social, de numérisation de la collection des individualités humaines (lire à ce sujet le commentaire de Martin Lessard sur ce billet). Comme le précise Zuckerberg lui-même : "We’re not trying to help you make new friends online. We’re just
    trying to help you digitally map out the relationships you already
    have.
    "
  • que la presse (mainstream media) regarde le même Facebook comme sa prochaine frontière. Il s’agit pour cela de développer des applications tierces (l’article de l’OJR en détaille quelques-unes) permettant de diffuser les contenus des sites de presse et des principaux médias. Tout cela ressemble à un effet d’entonnoir, ou plus précisément à un effet vortex.

La presse, la numérisation, les crispations, les effets vortex … vraiment, ça me rappelle quelqu’un … pas vous ?

<Update du soir, espoir> Et puis je vous laisse méditer ce qui suit :

  • "Le social networking, c’est considérer que sur internet comme dans la
    vie, on ne peut rien faire tout seul: pour exister, il faut faire
    partie de quelque chose. On n’existe
    pas comme individu, mais comme potentiel de sociabilité, comme
    connexion. Jusqu’aux années 60-70, la tendance sociétale était à
    l’émancipation: l’individu ne se fantasmait que dans l’extraction de la
    masse. Depuis, dans ce qu’il est convenu d’appeler la postmodernité,
    l’individu retrouve le goût des relations primales et tente par tous
    les moyens de faire partie du collectif (Street Parade, repas entre
    voisins, régionalisme..). Il partage des moments éphémères et intimes
    avec sa communauté. Mais lorsque le réseau devient trop grand et trop homogène, la
    notion d’intimité partagée par une communauté d’élus disparaît et le
    réseau éclate en sous-réseaux. D’un autre côté, paradoxalement, le
    réseau doit se développer pour exister."
    Stéphane Hugon, sociologue et membre
    du Gretech
    (Groupe de Recherche sur les Technologies et le Quotidien), (info dénichée via Les z’Ed) </Update>

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