Libreka.

Il y a 3 ans, à l’occasion du salon du livre de Francfort, Google allait annoncer son projet de numérisation. Trois ans plus tard, à ce même salon du livre, un consortium d’éditeurs (combien ?) vient de lancer le projet Libreka (projet décrit ici, et interrogeable ). Il s’agit de remettre en selle la fameuse règle de l’Opt-In. L’ensemble des contenus disponibles sur Libreka le sont donc, après l’accord préalable des éditeurs. Autre point de conflit dans le cadre de Google Book Search, l’affichage d’extraits (snippets) est laissé à l’entière discrétion des éditeurs. Certains ouvrages ne sont donc "accessibles" que sous forme d’une vignette de couverture, pour d’autres, il est possible, comme dans Google Book Search, d’afficher quelques extraits choisis et de chercher dans le texte intégral de l’ouvrage. Il est également possible d’ouvrir différents droits sur les ouvrages numérisés, permettant par exemple aux libraires d’accéder au téléchargement de certaines parties des ouvrages. D’après les différents commentateurs ayant couvert l’annonce, c’est un peu plus de 8000 ouvrages (tous en allemand) qui seraient concernés. Autre différence de taille avec le projet Google, les frais de numérisation sont à la charge des éditeurs (lesquels fournissent également les métadonnées permettant d’ouvrir certains droits). Il leur en coûtera :

  • 15 Euro pour les livres de 300 pages
  • 19,50 Euro jusqu’à 600 pages
  • 39 Euros jusqu’à 1500 pages
  • au-delà de 1500 pages, c’est à négocier …

Donc …

  • Premièrement, on ne peut que se féliciter d’une reprise en main par les éditeurs, ne serait-ce qu’au nom d’un risque avéré de monopole sur la diffusion des biens culturels (en l’occurence les livres sous droits)
  • Deuxièmement, on ne peut qu’être sceptique sur l’avenir d’une telle initiative, du fait de la difficulté à atteindre une masse critique pouvant un tant soit peu rivaliser avec celle de Google Book Search. Et je ne parle même pas du public concerné …
  • Troisièmement, le sceptissisme est d’autant plus grand qu’aucun modèle économique (hors celui de la prise en charge par les éditeurs-demandeurs des coûts de numérisation) ne semble proposé avec Libreka.
  • Quatrièmement, ce projet semble aller dans une voie qui est clairement celle des usages restreints (via diverses possibilités de vérouillage), laquelle voie ne me semble pas être la plus judicieuse actuellement …
  • Cinquièmement, lors du même salon du livre, Peter Olson, directeur de Random House (maison d’édition qui fut à la pointe des procès engagés contre Google sur la question des droits d’auteurs), a indiqué que sur ce terrain : "I think we are close to resolving our issues. We have so much in
    common
    ". ArsTechnica (d’où je tiens l’info) ajoute malicieusement que Peter Olson semblait espérer (annoncer ?) que Google renonce prochainement à l’affichage d’extraits, ou plus exactement, que ledit affichage d’extraits pour des livres encore sous droits, soit précédé d’un micro-paiement … (depuis le temps que je le dis …)

(Initialement via DigitalKoans)

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