Dans sont dernier billet, Tim Berners Lee revient sur une notion au coeur de bien des débats ces derniers temps, celle du graphe social.
Partant de l’analogie fréquemment et un peu abusivement employée qui fait que quand on parle de graphe, on fait immédiatement référence à Internet, à l’image du réseau, Tim Berners Lee commence par rappeler que le Net et le Web ne sont pas la même chose, mais que tous deux sont effectivement des graphes (d’ordinateurs pour le premier et de contenus/documents pour le second). Il se lance ensuite dans un plaidoyer pour la notion de graphe, regrettant même avec humour de n’avoir pas appelé le www (world wide web) le GGG (giant global graph).
Mais le passage le plus intéressant est celui qui clôt son billet :
- "The less inviting side of sharing is losing some control. Indeed, at
each layer — Net, Web, or Graph — we have ceded some control for
greater benefits." Et plus loin : "Letting your data connect to other people’s data (…) is still not
about giving to people data which they don’t have a right to. It is
about letting it be connected to data from peer sites. It is about
letting it be joined to data from other applications. It is about getting excited about connections, rather than nervous."
Tim Berners Lee dans ce court paragraphe nous montre clairement la voie : cesser d’être "nerveux" et "s’enthousiasmer" pour les possibilités offertes par une interconnexion globale des hommes, après celle des ordinateurs et des documents. Mais Tim Berners Lee dans son argumentaire plaide également pour une architecture standardisée et normée afin d’opérer ces connexions, sur le modèle de FOAF.
La question est donc de savoir si dans la situation actuelle, ceux qui nous rendent nerveux (Facebook) et les autres (OpenSocial) sont prêts à se rabattre, et leur immense vivier d’utilisateurs avec eux, vers des descriptions standardisées du type de FOAF. Le web, le net et le "graphe" auraient naturellement tout à y gagner, en accélérant ainsi par exemple la progression du web sémantique (ou sémantisé).
<Update> Voir aussi le billet de Francis Pisani </Update>
Bonjour,
Tout cela est bel et bien beau… Mais…
Mais, le problème à mon avis vient de la notion au coeur de ce Web sémantique qui repose en grande partie sur la notion de graphes conceptuels développée par Sowa. Au milieu des années 90, les graphes conceptuels étaient au coeur de la reflexion sur la représentation des connaissances, avec des gens en France comme Michel Chein ou Pierre Zweigenbaum. Je me souviens en particulier d’une conférence à Montpellier au LIRMM en 96, où le ton était plutôt maussade. Pierre Zweigenbaum s’était penché avec son équipe sur la possibilité de transformer des dossiers médicaux en graphes de façon à offrir des méthodes de recherche plus sophistiquées que de simples mots clefs. Et leur constat était assez négatif… Lourdeur de la représentation, difficulté des transformations et des projections via une requête etc… RDF, OWL sont les successeurs de ces théories sur les graphes, et je crois que malheureusement peu de gens se rappellent des échecs qu’ont connus ceux qui se sont aventurés sur ce terrain…
C’est bien dommage…
Claude> Bjr et merci de cet éclairage dont je ne disposais pas.