Sauf erreur de ma part, on n’a pas encore entendu la position sur la loi Pécresse des différents CNU et des Commissions de spécialistes. La conférence des présidents (CPU) s’est exprimée (pour), à titre individuel certains présidents se sont également exprimés, on entend poindre la voix de quelques enseignants chercheurs, mais rien de la part du CNU. Rappelons-ici que le CNU est, pour chaque discipline uiversitaire, chargé d’attribuer (ou de refuser) une "qualification" au sortir de la thèse, ce qui permettra ainsi, une fois "qualifié" de s’en aller candidater sur des postes de Maître de conférence. Rappelons enfin que les élus du CNU le sont à partir de listes syndicales.
Que l’on entende pas les commissions de spécialistes – CS – (jusqu’ici chargées de s’occuper des recrutements) n’est finalement guère étonnant : elles sont de facto supprimées par la loi. Comme il n’y a pas d’instance "nationale" représentant les CS, et comme elles sont supprimées, elles se taisent. Ce qui est à mon avis dommage car bien qu’imparfaites, ces CS étaient le coeur du recrutement. Ce silence pourra également être interprété comme un souci de certains membres les composant de se retrouver en poste dans les nouvelles instances remplaçant ces commissions.
Mais le silence du CNU, s’il est tout aussi assourdissant, me semble plus étonnant : primo parce que bien qu’élus sur la base de listes syndicales, les représentants du CNU dans leur tâche principale de qualification, sont naturellement censés se placer au-delà de toute considération d’appartenance syndicale. Ils (les CNU) sont les autorités scientifiques incontournables de ce vivier de ressources humaines que sont les universités. Se taire sur la loi Pécresse quand la question du recrutement des enseignants-chercheurs est au coeur du texte me semble donc au mieux un oubli dommagable, au pire une politique à courte vue. Car si les CNU ne s’expriment pas, c’est peut-être car ils ne se sentent pas concernés. Rien dans la loi ne les concerne effectivement. Pourtant, la logique de recrutement que met en place la loi Pécresse va impacter à terme l’autorité même des différents CNU.
Alors qu’ils soient pour ou contre la loi, j’aurais vraiment bien aimé que les différents CNU prennent une position claire sur ce texte, dans le cadre de leur compétence spécifique, c’est à dire l’évaluation et le recrutement des enseignants chercheurs.
Bonjour,
Entièrement d’accord avec cette analyse.
Une précision toutefois : sur le site de la 71° section du CNU (celle des Sciences de l’Information et de la Communication, http://cnu71.online.fr/) on peut lire ceci :
“Pour deux tiers, les membres [du CNU] sont élus par leurs pairs (sur des listes syndicales ou indépendantes); pour un tiers, les membres sont nommés par le Ministère.”
Il est vrai que ces infos n’ont pas été mises à jour depuis les dernières élections ; sauf erreur de ma part, ce fonctionnement est toujours d’actualité, non ?
Ce qui ne change rien au fond du questionnement…
À bientôt !
Cyril> Oui, c’est bien toujours ainsi que cela se passe.
Oui, ce fonctionnement est toujours d’actualité. Il y a une partie des membres de chaque commission du CNU qui est nommée… et quand on est nommé on n’est pas aussi indépendant que quand on est élu… Cela ne m’étonne donc pas du tout que les sections du CNU soient silencieuses à ce sujet. Surtout que les élections au CNU viennent d’avoir lieu et que les nomminations sont également toutes fraîches ! Nous avons donc de nouvelles sections (avec de nouvelles personnes / plus ou moins) qui sont justes installées (pour la 16ème section cela s’est fait il y a quelques jours).
Le silence des CS, quant à lui, me paraît normal : elles n’existent plus dans la plupart des universités. Comment une “instance” qui n’existe plus pourrait prendre position ? Par contre les CA ou les CS (conseil scientifique) pourraient tout à fait voter des motions (ce qui a déjà été fait, je crois, dans certaines universités).
quelques éléments factuels pour une réponse… j’ai comme un devoir réserve en tant que membre d’un CNU 😉
en bref
1) Composition CNU en 71e par exemple : 16 élus (8 MCF, 8 Prof) – 8 nommés , les membres ne sont donc pas tous élus
2) Certains (pas d’autres) CNU ont votés des motions à l’ouverture des cessions, du type : les membres du CNU XXXXXXX réunis ce jour, expriment leur désaccord avec de nombreux points de la loi LRU, en particulier :
– le remplacement des commissions de spécialistes par des comités nommés par l’université sans garantie de représentativité, ni de légitimité scientifique
– l’attribution des PEDR au niveau local
– la remise en cause du statut des enseignants-chercheurs, notamment
o le recrutement de contractuels non nécessairement qualifiés
o le mode de gestion des carrières essentiellement local (promotions, modulation de services)
et demandent l’ouverture de négociations associant l’ensemble de la communauté universitaire pour aboutir à une loi renforçant le service public d’enseignement supérieur et de recherche.
3) la cp-cnu pourrait colliger l’ensemble des motions ou positions et faire remonter des propositions
4) il faut ajouter que l’AERES évaluera (c’est son rôle) le fonctionnement des CNU… quel(s) rapport(s) ?
Mixez les points de 1 à 4 … ajoutez les points oubliés ou omis, multipliez les réponses par le nombre de CNU (74 de mémoires), divisez par le nombre total de membres et vous avez un début de réponse à Olivier 🙂