Après les coups de gueule blogosphériques dépités de Jean Véronis (pour qui les blogs "C’est un peu à l’écriture ce que le fast food est à la restauration. Vite écrit, vite lu, vite commenté… et vite oublié") et de Jean-Michel Salaun ("Quelques blogs se sont installés et sont incontournables. Beaucoup picorent, d’autres redondent."), c’est autour de Steve Rubel de pousser le sien en nous proposant le joli néologisme de "Lazysphere". On connaîssait déjà la blogosphère, la pornosphère (ensemble des blogs pornographiques), la splogosphère (ensemble des fake ou spam-blogs) … voici donc maintenant la "lazysphère"
- (traduction assez approximative de moi-même) "La Lazysphère (= blogosphère paresseuse) rassemble un groupe de bloggers (…) qui plutôt que d’avancer de nouvelles idées ou d’écrire des choses originales, rebondissent simplement sur les dernières actualités en ajoutant "moi aussi" à la fin de leur billet. Leur objectif est essentiellement d’apparaître sur Techmeme ou sur digg
– peut-être également sur Google dans une perspective d’archivage de la longue traîne. Ces sites – ainsi que Twitter – ont contribuer à multiplier la redondance des écrits ("a lot of lackadaisical writing"). Le crash attentionnel est un autre facteur qui entre en jeu. Les gens n’ont plus autant/suffisamment de temps pour penser." Concluant ainsi : "It’s almost like we stopped the real work of reading, thinking and writing in favor of going all herd, all the time."
Et Steve Rubel de nous inciter à quitter au plus tôt la "Lazysphere" pour retrouver notre verve d’antan.
Moi aussi :-)))
<Update de 5 minutes plus tard> Au-delà du côté anecdotique, sympathique et plaisant de la "Lazysphère", la question posée par cette dernière est peut être plus "fondamentale". Si l’on admet que les NTIC, Internet, leurs réseaux et leurs outils (dont les blogs) particient d’un phénomène diachronique exponentiel d’externalisation de nos mémoires, cette Lazysphère ne serait alors que la part correspondante à nos différentes mémoires de travail ou mémoires de tâche (une sorte d’équivalent de la RAM de nos ordinateurs), c’est à dire ce lot coutumier d’informations que nous mobilisons et dont nous gardons trace de manière relativement systématique, afin d’en incarner certaines seulement dans de futures activités ou tâches davantages "construites". Dans cette perspective, la "Lazysphere" a encore de beaux jours devant elle.</Update>
Olivier,
Concernant ton update, je ne suis pas sûr que ta réflexion s’applique à la « lazysphere », mais plutôt aux blogueurs qui « avancent de nouvelles idées ou écrivent des choses originales »…
L’une des raisons pour lesquelles je mets souvent dans mes billets des liens vers des billets plus anciens, c’est justement pour tenter de lutter contre l’oubli de billets « dépassés » parce qu’ils ont plus d’un jour.
Il y a dans les blogs une incroyable sédimentation par couches (1 billet = 1 couche) et malheureusement un gisement énorme qui pourrit lentement mais sûrement sous la surface.
Voici longtemps déjà que je pense à comment « sauver » de « vieux » billets de l’oubli, pour l’instant la seule idée qui m’est venue serait de publier de temps en temps des « monographies » reprenant différents billets sur un sujet en les réactualisant, mais le temps manque cruellement.
Et en fait tout ceci correspond à un mode de consommation de « masse », où la blogosphère devient un peu comme l’actu ou les journaux, qu’il faut alimenter sans cesse en nouvelles « fraîches », le seul problème étant que le « frais » ne dure généralement pas plus de 5 minutes 🙂
Jean-Marie
Jean-Marie> Tu as raison. J’ai updaté trop vite 🙂
Il y a dans la Lazysphere une notion de course à l’audience qui la place à l’intersection parfaite de l’egosphère. Le blog en tant que prothèse mémorielle externalisée concerne effectivement davantage ceux qui placent l’audience et l’ego au second plan ou qui ne voient ces derniers (audience et ego) que comme un épiphénomène flatteur et réconfortant
Le concept de Lazysphere est assez intéressant, et il est aussi étonnant qu’il n’ai pas été définit ainsi bien plus tôt.
Steve Rubel a raison, je trouve que cette redondance d’information pollue plus qu’elle ne sert.
Tiens, des bloggers découvrent un phénomène vieux comme le Web 1.0, à savoir la duplication d’information ?!
Bon concrètement je vous propose de penser le Web en tant que territoire et en ce sens un espace comme nous le faisons à WebAtlas. Gardez en tête que les internautes ne consultent en moyenne que 7 sites différents. Et ajoutez à cela que le contexte d’énonciation est important pour l’interprétation d’un texte, dupliqué ou non, et plus qu’une redondance, nous avons alors affaire à un phénomène de diffusion, de dissémination de l’information à travers l’espace de sites et de blogs dont l’interprétation est à revoir légèrement sur chaque site, car son contexte (ce qui est autour du texte dans le site + les sites voisins par lequel l’internaute est arrivé au cours de sa navigation) varie.
Petit exemple assez mal choisi je l’avoue: une annonce politique dupliqué sur un blog tenu par un communiste et un blog tenu par un militant de droite contiennent-ils la même information (comment le perçoit-on) ? Je crois qu’il y a une différence subtile induite par le contexte 🙂
Bonjour Olivier
Je ne vois pas les choses de façon linéaire et uniforme !
En ce qui me concerne, il y a des périodes ou je moissonne et engrange des richesses trouvées ça et là »…le niveau d’appropriation est variable…parfois je me contente d’extraire des choses qui me paraissent intéresantes…parfois je les contextualise de façon plus soutenue…c’est selon…pas de régle…mais le blog me sert de « grange » et j’aime partager ces trésors avec d’autres !
Et puis il y a des périodes ou les choses prennent sens entre elles…l’émergence de liens apparait plus clairement et là encore le blog me permet de mettre les choses en cohérence de façon publique…les feedbacks sont fondamentaux !
C’est MA façon de fonctionner et je revendique cette liberté…
Je ne spollie personne : je cite mes sources à chaque fois avec un lien direct vers elles…et je diffuse les infos qui me touchent auprès de ma communauté !
La lazysphère me semble une façon bien réductrice de voir les choses…mais à n’en point douter, c’est là l’intention ! 🙁
Dans le même état d’esprit, je viens d’ouvrir un « lazzy blog » en parallèle du guide des égarés car je n’ai plus le temps de maintenir un rythme élevé de publications sur le blog principal qui va entrer en « paren-thèse ».
Dès lors, mon nouveau blog est lié surtout à mes signets partagés, une sorte de « lieux communs » qui constitue des traces plus qu’une réflexion organisée.
http://megatopie.info/arcadia
@ Seb
Votre approche me semble très pertinente.
@Olivier,
Dit on des écoliers qui réecrivent tous les mêmes choses dans leurs cahiers pour les assimiler qu’ils sont « lazy »?
Seb, FLorence, Loran> Je répère ce que j’ai déjà répondu au commentaire de Jean-Marie : ce qui me semble poser problème dans la Lazysphere, c’est le phénomène (qui n’est pas nouveau mais amplifié) de redondance pour la course à l’audience et au référencement. Pour le reste, chacun fait comme il veut, et tout le monde à le droit de bloguer comme il l’entend, en recopiant ou non des infos déjà existantes. Mon billet n’était en rien un jugement de valeur mais un simple constat (pas nouveau non plus) du fait que cette course à l’audimat (l’audiweb ?) accroît de manière significative le problème de la redondance informationnelle.
PAssionnant article. Je vous conseille également de lire celui ci:
http://www.davduf.net/Cycle-Recyclage-Davduf-net-n-est.html
Il date de… juin 2006 et vous verrez qu’il était prémonitoire.
Affordance! Continuez!
Blogosphère LRU > Compléments
Jétais parti pour simplement éditer mon article sur la blogosphère et rajouter larticle très intéressant, mais avec une approche tout à fait différente de Olivier Ertzschei, Maître de Conf en Infocom sur son blog, affordanc…