Je n’ai fait que parcourir (attentivement) le rapport de la commission Pochard sur la rédéfinition du métier d’enseignant (.pdf). Il n’est pas ici de mon propos d’entrer dans les débats et querelles auxquelles ce rapport donnera probablement lieu. D’abord parce que ce rapport ne concerne que les enseignants de la maternelle au baccalauréat, et ensuite parce que j’ai suffisamment à faire (et à dire …) sur le métier d’enseignant-chercheur. Pourtant (et c’est l’objet de ce billet) j’ai été frappé par la qualité formelle du rapport : celui-ci est un état de l’art conséquent, chiffré et sourcé, sur la condition enseignante dans notre pays. Tous les points y sont abordés, aussi bien sous l’angle sociologique qu’économique. Les propositions du rapport sont avancées sous la forme de scénarios, et deux scénarios sont systématiquement proposés (l’un plus radical, l’autre ménageant davantage les susceptibilités). Enfin, le rapport fait l’effort de situer chacune de ces propositions et de ces scénarios dans le cadre européen, et pas simplement de manière allusive en indiquant que "de toute façon il faut changer", ou autre "parce qu’ailleurs ça fonctionne mieux", et "ailleurs ils ne fonctionnent pas pareil qu’ici". Dans le rapport Pochard, le genre de tautologie précitée cède avantageusement la place à de réels comparatifs sourcés et factuels. Bref et indépendamment du fond, c’est un outil de travail solide pour toute discussion raisonnable sur le sujet.
Bref, je rêve que le métier d’enseignant-chercheur se trouve un jour lui aussi doté de son rapport Pochard. Pour mémoire, ce dernier (le métier d’enseignant-chercheur) a jusqu’ici du se contenter :
- d’un lyrique et lointain rapport Attali "Pour un modèle européen d’enseignement supérieur" (1998),
- d’un rapport Cohen – Le Déault sur la "synergie entre recherche et enseignement supérieur" (1999) ramenant l’ensemble des problèmes à la mobilité et à la problématique (sensible à l’époque) de la décentralisation et des regroupements régionaux.
- des rapports Esperet 2001 (.pdf) et Belloc 2003 (.pdf) qui plaident benoitement pour la fin d’une supposée schizophrénie entre l’enseignant, le chercheur et le secrétaire administratif, afin de pouvoir tranquillement augmenter le nombre de d’enseignants-secrétaires administratifs et réduisant celui des chercheurs non-enseignants ou des enseignants non-chercheurs.
Et je vous fais grâce de la liste des rapport intermédiaires (voir en bas de cette page si vraiment vous y tenez) centrés sur la question de l’harmonisation de l’espace européen de la recherche (réforme LMD principalement). Bref, peu ou prou un rapport par an sur l’enseignement supérieur et l’université, un rapport tous les deux ans portant spécifiquement sur le métier d’enseignant-chercheur, et pour la bonne bouche, les dernières préconisations du rapport Attali (encore), dont celles concernant l’enseignement supérieur et l’attractivité des carrières attestent une nouvelle fois d’une incapacité à penser les spécificités françaises en dehors de l’ombre tutellaire d’un modèle américain qui remplit admirablement le double office de "prêt à penser" et de Gibolin universel. (la preuve par exemple chez TomRoud, notamment dans les commentaires du billet).
Alors oui vraiment, on aurait bien besoin qu’une commission Pochard se penche sérieusement sur le métier d’enseignant chercheur …
une petite erreur je pense dans le lien vers chez Tom Roud, ne s’agit-il pas de ce billet : http://tomroud.com/2008/02/01/attali-bref/ ?
Merci pour ces liens; votre blog est une mine. On peut penser que les nouvelles procédures d’évaluation (AERES) et le couperet séparant “publiants” et “non publiants” vont précipiter la création d’une telle commission…
«Il ny aura pas de réforme de lécole sans les enseignants»
Le titre de ce billet vient du ministre de lducation Nationale qui devait en dbut de semaine rassurer les enseignants suite la parution du rapport de la commission Pochard charg de faire le point sur la condition…