Cartomanie

Moi qui aime bien les représentations cartographiques, je suis servi en ce moment.

  • Hubert Wassner nous livre une nouvelle version de sa cartographie sémantique des blogs. Deux clés de lecture pour cette carte : la couleur des noeuds (blogs) : du rouge (très populaire) au noir (pas populaire) ; et la couleur des liens les reliant (bleu clair : forte corrélation, bleu foncé : faible corrélation). Affordance.info y occupe une bonne place et y apparaît comme plutôt populaire. On n’y apprend pas grand chose de plus mais on a la confirmation qu’une ligne maginot sémantique relie les lecteurs d’Affordance à ceux de Technologies du langage (coucou Jean) et à ceux d’Outils Froids (coucou Christophe). A lire sur cette nouvelle version, le billet de Jean Véronis, gourou interplanétaire de la distance intertextuelle, et le commentaire d’Hubert Wassner explicitant un peu l’intérêt d’une telle représentation.

Cartoblogs

L’autre carte du moment, c’est celle Christophe Jorge : la "blogosphère de l’intelligence économique" qui dans sa version 3, compte … rien moins que 4471 sites !

Blogie

Ces deux cartes me rappellent au pourquoi de mon amour des cartes (déjà évoqué) :

  • "Il n’y a rien que l’homme soit capable de vraiment dominer : tout
    est tout de suite trop grand ou trop petit pour lui, trop mélangé ou
    composé de couches successives qui dissimulent au regard ce qu’il
    voudrait observer. Si ! Pourtant, une chose et une seule se domine du
    regard : c’est une feuille de papier étalée sur une table ou punaisée
    sur un mur. L’histoire des sciences et des techniques est pour une
    large part celle des ruses permettant d’amener le monde sur cette
    surface de papier. Alors, oui, l’esprit le domine et le voit. Rien ne
    peut se cacher, s’obscurcir, se dissimuler.
    "
    Bruno Latour, Culture technique, 14, 1985 (cit par Christian Jacob dans L’Empire des cartes, Albin Michel, 1992).

Les deux cartes qui précèdent n’entrent que difficilement dans l’espace d’une feuille de papier. Et les "ruses" de la navigation permise par le numérique y tiennent un rôle d’orientation et de repérage mais ne permettent pas pour autant a priori de "dominer" son sujet. Le résultat c’est que ces deux cartes réclament une attention, un apprentissage et une expertise a priori ou a posteriori pour qui voudrait en tirer la substantifique moëlle. Ce qui n’est pas le cas de la dernière carte ci-dessous. 
En effet cette splendide "Map of Findability" (qui tient, elle, dans l’espace d’une feuille de papier) dit bien mieux que tout article scientifique sur la question, les relations entre taxonomie, ontologies et folksonomies (Via Patrick Peccatte). On appréciera particulièrement le soin délivré aux toponymes : "Principauté indépendante de Thesaurus", "Royaume Taxonomique", "République Folksonomique", etc. Depuis le temps que je répète  à mes étudiants que la question des langages documentaires est avant tout une question politique … et quand on sait que la politique est d’abord une question de frontières … on voit mieux comment l’indexation est aussi une question géo-politique 😉

Map_of_findability2_2

(Temps de rédaction de ce billet : 1h45min)

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