L’actualité encyclopédique est relativement chargée …
- Afin de rivaliser avec Wikipedia, la Britannica lance une opération de communication visant à offrir un an d’accès gratuit à la totalité de l’encyclopédie : il suffit pour cela de s’inscrire ici. Pour obtenir votre abonnement cadeau, il vous faudra cependant justifier d’une activité de "web publisher", c’est à dire disposer d’un site/blog tenu régulièrement. L’idée est donc de profiter de la blogosphère (et assimilée) comme chambre d’écho, afin de ramener du traffic vers la Britannica. Je m’y suis moi-même inscrit et je teste depuis une semaine les ressources de cette grande dame. Et j’avoue rester un peu sur ma faim. Il est vrai que je n’entre pas tout à fait dans le profil de l’usager lambda d’encyclopédies, mais sur des requêtes assez spécialisées, les contenus de la Britannica apparaissent assez maigres au regard de ceux de Wikipedia. In fine, il n’est pas sur que l’opération de communication porte ses fruits étant donné qu’il est par exemple impossible d’offrir aux autres (ceux qui n’ont pas gagné un an d’abonnement gratuit) un lien vers les contenus de ladite Britannica. Bref, le contre-buzz est déjà en marche est il semble évident que la Britannica n’a pas compris la logique de sérendipité qui sous-tend l’économie de l’attention. (voir aussi l’article d’Ecrans)
- beaucoup plus pertinente (à mon avis) est l’initiative de Larousse qui vient de lancer son encyclopédie contributive. L’article d’Ecrans sur le sujet est limpide et j’en reprends donc les grandes lignes pour ce qui concerne le "modèle" de cette riposte à la Wikipédia : "accès
libre à son dictionnaire encyclopédique validé (150 000 articles et
10 000 objets multimédias). Pour consulter l’encyclopédie, il faut s’inscrire et il
est possible de fournir ensuite des textes ou des images, tout en
restant propriétaire de son œuvre. (…) Chaque volontaire est invité à créer son espace personnel, qui dispose d’une messagerie. Contrairement à Wikipedia, les anonymes sont bannis et
les contributions sont sanctuarisées une fois écrites. Pas question
d’aller mettre son grain de sel sur un article d’internaute déjà publié." L’interface est en sus beaucoup plus agréable de celle de la Britannica et les futurs contributeurs sont bien guidés, avec par exemple la possibilité d’indiquer un niveau de lecture de leur article (expert, grand public ou junior). Côté contenus en revanche, c’est la même déception (subjective) que pour la Britannica. Une déception certainement biaisée par mon habitude de consultation de Wikipédia, mais les possibilités de navigation me semblent bien en-deça d’une logique d’écriture de contenus multimédia.
Moralités :
- Dans l’absolu, il est heureux que les marchands d’encyclopédie tentent de devancer les initiatives des marchands/moteurs de recherche. On avait en la matière plutôt été habitué à constater une habitude de suiveurs. Or ces initiatives interviennent alors que, parmi d’autres, le projet Knol de Google en est encore à l’état d’annonce. Quant à savoir si l’amorçage collaboratif prendra …
- Dans l’absolu toujours, et alors même que les encyclopédies "classiques" se mettent au numérique – elles y étaient déjà timidement entrées – et surtout au numérique collaboratif, on observe que le leadership du collaboratif numérique (Wikipédia donc) va tenter l’expérience du papier (essentiellement pour renflouer sa trésorerie) une expérience dont on mesurera les enjeux en lisant le billet de Jean-Michel Salaun.
Salut Olivier,
Juste une petite précision/correction, les encyclopédies classiques sont entrées depuis longtemps dans le numérique, bien avant les éditeurs traditionnels. Elles avaient transformé leur chaîne de production et aussi leur modèle d’affaires avec la vente de Cd-rom et les abonnements. C’était déjà un changement très important en rupture avec le porte-à-porte pour la vente d’une étagère complète de volumes reliés.
Le réseau et le «Web 2.0» est donc une seconde rupture, qui marque une relation différente au savoir. Il est important de noter que le vecteur principal de cette rupture, Wikipédia, est «a-économique». C’est un des très rares acteurs majeurs du Web qui refuse ouvertement une logique commerciale et financière et a trouvé pour le moment un mode d’organisation productif.
D’une certaine façon, même si cela ferait hurler bien des collègues gardiens du temple, on peut dire que Wikipédia est plus proche d’une économie universitaire que d’une économie éditoriale.
Ainsi le jeu de la concurrence est faussé. Je crois qu’aujourd’hui il faut s’en réjouir car cela montre l’extrême productivité du travail en réseau. Je serai moins optimiste pour demain si on ne trouve pas de moyen de rémunérer le travail sur les contenus. Les seuls à bénéficier commercialement du développement de Wikipédia sont les moteurs, et évidemment en premier Google.
Au tour de Larousse…
http://www.lemonde.fr/technologies/article/2008/05/13/larousse-s-ouvre-au-net_1044523_651865.html