Allez savoir pourquoi, mais c’est toujours au début de l’été,
quand la plupart des concernés sont en vacances (oui je sais, c’est
mal), que paraissent et sont remis au ministère les rapports décidant
de leur avenir (aux concernés). Probablement pour leur laisser le temps
de lire attentivement lesdits rapports. Je ne voie aucune autre raison
possible … Bref, le rapport Schwartz ou "rapport de la Commission de
réflexion sur l’avenir des personnels de l’Enseignement supérieur" a
été remis le 8 Juillet à Valérie Pécresse. Il est téléchargeable sur le site de SLR en .pdf.
169 pages de bonheur. Les recommandations proprement dites ne
commencent qu’à partir de la page 121 et elles sont au nombre de 52,
concernant tous les personnels, et tous les aspects du métier
(recrutement, salaire, promotion, évaluation, part de l’enseignement et
de la recherche, etc …). En voici quelques-unes :
- "Réduire la charge d’enseignement pour les McF nouvellement nommés"
: vieux serpent de mer. Le problème c’est que les McF nouvellement
nommés le sont très souvent sur des profils de poste dont l’exigence
première est celle des besoins d’enseignement (en IUT notamment,
principale filière d’entrée pour les aspirants McF, en tout cas dans ma
discipline), et que les vieux barbouzes ou mandarins considèrent comme
un déshonneur manifeste l’enseignement dans des filières en dessous du
Master. - "Permettre la modulation du temps de service des
enseignants-chercheurs en fonction des trois grands domaines :
enseignement, recherche et … administration." Là encore, vieux,
très vieux serpent de mer. Mais qui a cette fois toutes les chances de
passer. Feu le rapport Belloc préconisait la même chose mais de manière
plus abrupte : il s’agissait en gros de créer trois "classes"
d’enseignants-chercheurs : les enseignants, les chercheurs, et les
administratifs. In fine, c’est au même résultat qu’aboutiront les
préconisations du rapport Schwartz. Et les "garanties d’encadrement" et
autres "assurances sur la transparence de la définition de ces
missions" n’y changeront pas grand-chose. Sur ce point précis, une
chose m’échappe encore, pourquoi s’évertuer à faire faire des tâches
administratives à des gens que cela enquiquine prodigieusement et qui
n’y connaissent pour l’essentiel (et pour la plupart) rien du tout (les
enseignants-chercheurs), au lieu de recruter des administratifs
compétents pour le faire ??? Dans le rapport Schwartz, ce sont les CA
(donc le président) qui décideront de cette "répartition des obligations de service".
Et là encore, il y a fort à parier que ce sont les jeunes McF qui
devront se coltiner de nouveaux genres de postes à profil …
administratif. Vous me direz, faut bien employer tous ces thésards en
lettres. Et y’a pas autant de places de profs de lettres à l’université
que de thésards. Par contre, y’aurait effectivement plein de postes
pour gérer la partie administrative de différentes filières. Oups. Je
crois que je viens de répondre à la question que je posais quelques
lignes plus haut … le suite est limpide et c’est d’ailleurs la
proposition numéro 10 du rapport Schwartz : - "Proposer un temps partiel aux enseignants-chercheurs qui ne rempliraient pas l’ensemble de leurs obligations."
Traduisez : puisque personne (à part quelques masochistes) ne voudra se
coller des "obligations de service" comprenant 80% de tâches
administratives, se laisser la possibilité de créer des mi-temps
administrativo-thérapeutiques. Autre piste de lecture : vous faîtes une
thèse en sociologie. Vous êtes recrutés sur un profil qui vous impose
de faire 70% de tâches administratives. Ca vous gave et vous essayez,
une fois recruté, de faire bon an mal an un peu plus de recherche et
d’enseignement. PAF. "Vous ne remplissez pas l’ensemble de vos
obligations". PAF. "Temps Partiel." - Je partage entièrement en revanche les recommandations 13 et 14
(page 127 du rapport) sur la procédure de recrutement. Je regrette
juste que le rapport Schwartz ne mentionne pas que l’idée vient de Baptiste Coulmont et est opérationnelle depuis déjà deux ans sur le Wiki Auditions 😉 - "Créer une habilitation à diriger les enseignements sur le modèle de l’habilitation à diriger les recherches"
: pas idiot. Même si cela contribuera inexorablement à accentuer la
frontière entre les enseignants-chercheurs qui enseignent et les
enseignants-chercheurs qui cherchent. En même temps, pour le coup,
j’avoue qu’en l’état actuel des choses, s’investir administrativement
dans le montage de projets d’enseignement équivaut à se tirer une balle
dans le pied du point de vue de sa progression de carrière. - Au final le rapport Schwartz est plein de bons sentiments. On y
trouve même quelques bonnes idées qui dépassent les traditionnels
clivages politico-idéologiques. Mais le rapport Schwartz ne dit rien du
"comment", laissant probablement ce soin à la ministre commanditaire
qui fera son choix dans la liste des 52 recommandations. Attendons donc
de voir ce qui sortira de tout cela. Mais il ne serait pas aberrant que
la communauté universitaire dans son ensemble profite de ce retour de
vacances pour se plonger attentivement dans les 52 propositions du
rapport et pour les commenter publiquement. En la matière, ce ne sont
pas les espaces de discussion qui manquent.
P.S. : pour celles et ceux que le titre de ce billet intriguerait …
Merci de la citation mentionnant l’absence de citation !
Pour tout dire : J’ai moi-même eu l’idée du wiki après avoir vu le travail efficace de l’ANCMSP (doctorants en sciences politiques) sur sa liste de diffusion et sur son site, et le rôle de l’Opération Postes en mathématiques. Je ne me sens pas « leader », mais plutôt suiveur.
Si je lis bien, le Rapporteur Schwartz est partisan d’un site ministériel officiel (et pas d’un site un peu « pirate »). Espérons qu’il verra rapidement le jour.