Facebook University

Un article intéressant de l’Atelier signale une étude de l’université de Leicester à propos du rôle joué par Facebook dans l’intégration universitaire. Le résumé de l’étude est en ligne. L’étude dispose également de son site web. Au total, 221 étudiants de première année ont été interrogés. Avec les résultats suivants :

  • "more than half (55 per cent) had joined Facebook to make new friends
    prior to entering university, while a further 43 per cent joined
    immediately after starting university. Nearly three quarters said
    Facebook had played an important part in helping them to settle in at
    university.
    " Facebook est donc très clairement un facteur d’intégration.
  • "Over a third of respondents also said they used Facebook to discuss
    academic work with other students on a weekly basis, and more than half
    responded positively to the idea of using Facebook for more formal
    teaching and learning – although only 7 per cent had actually done so.
    " Facebook n’est donc pas vraiment plébiscité pour des usages universitaires standards.
  • "But the survey also found that 41 per cent of students were against
    being contacted directly by tutors via Facebook
    . A report on the
    preliminary findings warns that the university will need to tread
    carefully if it wants to use Facebook to communicate with students for
    administrative or teaching and learning purposes.
    " Facebook dispose d’un "effet de bulle". C’est à dire que pour pouvoir jouer pleinement le rôle que lui assignent les étudiants (effet d’intégration sus-cité), ces mêmes étudiants ont besoin d’un espace "déconnecté" de l’université, ou à tout le moins d’un espace qui ne soit pas le vecteur d’une communication universitaire "traditionnelle". Bref de rester dans un "entre-soi".

Je suis moi-même utilisateur régulier de Facebook. Et j’ai une liste "d’amis" intitulée "étudiants" qui compte à ce jour 73 étudiants ou anciens étudiants de l’IUT dans lequel j’officie principalement. Au regard des conclusions de l’étude ci-dessus je constate :

  • que je n’ai jamais utilisé Facebook pour "parler boulot" avec mes étudiants. Et ce pour deux raisons : primo je dispose d’autres outils ; et deuxio, j’avoue qu’à les fréquenter et à observer l’utilisation qu’ils font de cet outil, je n’avais pas besoin d’être très clairvoyant pour sentir qu’ils n’avaient pas envie que je vienne leur parler boulot "sur" Facebook. De la même manière j’ai assez intuitivement senti que si je l’avais fait, nombre d’entre eux auraient rechigné à "devenir l’ami du prof". Au final je n’interviens d’ailleurs jamais dans leurs échanges, sauf s’ils me sollicitent ou m’interpellent directement, ce qui arrive parfois, mais pas très souvent.
  • que mes étudiants (en tout cas les 73 que je suis) n’abordent quasiment JAMAIS la question de l’université (sauf quand elle est le prétexte d’une soirée, ou sauf pour en dire du mal) dans leurs discussions et leurs échanges de photos ou les liens qu’ils signalent. C’est effectivement et très clairement un espace de loisir et de détente dans lequel ils échangent principalement des photos prises lors de soirées et assorties de commentaires pour l’essentiel sur le mode de la "private joke".

Par ailleurs je sais :

  • que les étudiants savent que je suis sur Facebook et qu’ils savent également (parce que je le leur signale en cours), que je voie "tout" d’eux, au même titre que leurs actuels ou anciens camarades de promo. Ainsi quand j’aborde dans mes cours la question de la vie privée numérique, j’attire leur attention sur le fait qu’il n’est pas dommageable (pour eux) que je tombe sur des photos dans lesquelles ils ne sont pas vraiment à leur avantage (doux euphémisme …), ou encore dans lesquelles ils se livrent à des pratiques réprimées par la loi (moi-même à leur âge …), mais que cela pourrait être effectivement plus gênant qu’un futur employeur (ou leur mère) tombe sur les mêmes photos. Or même après leur avoir indiqué tout cela, même après leur avoir indiqué qu’ils avaient la possibilité de "régler" leur degré d’intimité affichée pour certains de leurs amis, aucun d’entre eux n’a jamais modifié ses pratiques.

Bernard Stiegler (à la toute fin du documentaire "Pris dans la toile") confiait récemment qu’il avait posé la question à ses étudiants de l’UTC pour savoir lesquels étaient sur Facebook. La moitié "y étaient". A la question suivante "Qui trouve ça bien ?", pas une main ne se lève. Et Stiegler d’essayer de comprendre. Le résultat : ses étudiants "y étaient" parce "qu’ils considèrent qu’il est en train de se produire là quelque chose et qu’ils espèrent que ça va sortir." "C’est très positif ajoute Stiegler. Ca veut dire qu’ils attendent encore quelque chose." De mon côté, je serai tenté d’ajouter que les étudiants "y sont" également par biais d’une mimesis sociale (mes copains y sont, faut que j’y soie). Enfin (et si je peux me permettre de taquiner Bernard Stiegler tout en ignorant quels sont les rapports qu’il entretient avec ses étudiants de l’UTC), enfin disais-je, je crois que ses étudiants sont un peu comme les miens : ils ne disent pas toujours tout à leur prof 😉 Si je posais la même question aux miens, j’obtiendrais probablement le même genre de réponse.  Mais en observant leurs pratiques, l’intérêt qu’ils y trouvent est tout à fait manifeste 😉

Conclusion ? Conclusion je crois qu’il nous faut apprendre à utiliser ces outils pour ce qu’ils induisent comme modèle d’usage et non pas pour ce qu’ils autorisent comme pratiques.

Hein ? Je m’explique. Il ne faut pas essayer à toute force d’utiliser Facebook, "tel quel" et "pour" l’enseignement ou "pour" la recherche (ce qui n’empêche pas d’en proposer l’usage si possible "éclairé", pas plus que cela n’empêche – au contraire – d’y former les collègues).

OK, il faut faire quoi alors ?? A la manière des "Youniversités" qui empruntent à YouTube la possibilité de mettre en place "le déploiement rapide d’expertises dispersées et la reconfiguration des champs" (c’est pas moi qui le dit, c’est Henry Jenkins), les "Facebookiversitiés" (beurk), les "universités sociales" (re-beurk), les "socioversités" (admettons … faute de mieux), les socioversités donc, doivent emprunter à Facebook en particulier et aux réseaux sociaux en général :

  • leur capacité à distendre et étirer le lien social sur une dimension temporelle débordant largement le calendrier (et les horaires) universitaires
  • leur capacité à créer un "effet de bulle", un environnement, un lieu dans lequel toute désintermédiation apparente est l’occasion de réintermédiations successives dont l’ensemble est largement porteur de sens et vecteur de projet.

Ok mais heu … c’est possible de refaire la dernière phrase sans les mots compliqués ? OoooK.

  • "Désintermédiation apparente" =  les étudiants ne sont plus "en face" du prof et réciproquement. Le prof ne s’adresse plus à un groupe physique mais à un groupe virtuel qui n’est pas nécessairement composé de ses seuls étudiants. Idem dans le sens étudiants => profs.
  • "réintermédiations successives dont l’ensemble est largement porteur de
    sens
    " : En s’adressant à ses étudiants dans cette temporalité différente et avec la souplesse de cette "place" virtuelle, le prof. (s’il est un minimum volontaire et surtout un minimum formé et/ou curieux) a la possibilité de créer de nouvelles dynamiques de médiation. D’enrichir et de documenter les différents aspects de cette médiation renouvellée. Sur cette base, ou plus précisément sur cette "intensité" (cf infra) de la médiation, se dessinera le visage des "socioversités" de demain. "et vecteur de projet" donc.

Car après tout, comme disait l’autre : "C’est par intensité qu’on voyage, et les déplacements, les figures dans l’espace, dépendent de seuils intensifs de déterritorialisation nomade, donc de rapports différentiels, qui fixent en même temps les reterritorialisations sédentaires et complémentaires." G. Deleuze.  Dans la vidéo sus-citée, Bernard Stiegler s’interroge pour savoir si nous serons prêt à nous donner les moyens de satisfaire l’attente des étudiants. Ou si d’autres le feront à notre place. Il s’interroge pour savoir si nous sommes prêts à y investir le temps et l’argent nécessaire. J’ajoute la question de savoir si nous serons préparés à l’intensité de ce voyage.

(Temps de rédaction de ce billet : 2h30)

13 commentaires pour “Facebook University

  1. Contrairement à toi j’utilise Facebook avec mes étudiants y compris pour travailler sur les projet. Là, je parle des Masters 2.
    Pour les master 1, ils ont d’eux même créé un groupe dans Facebook qui fonctionne ! Mais cela ne les a pas empêché de créer leur forum où les profs sont absents ! C’est une évidence.
    En supplément, j’ai créé l’année dernière un groupe « non-actif » de l’UFR pour occuper la place 🙂 Les étudiants des différentes sections s’y inscrive ainsi que certains étudiants qui visiblement serait intéressé de rejoindre l’UFR… Cette mise en ligne du groupe tendrait pour moi vers une autre demande des étudiants. Ils sont à la recherche d’information livré sous une forme différente dans Facebook en dehors de l’utilisation ludique !
    Je me suis également aperçu que le groupe qu’ils avaient créé dans Facebook à leur intention, mais qu’ils avaient laissé ouvert à permis à d’anciens étudiants de les rejoindre. Donc, oui Facebook est très clairement un facteur d’intégration, voir de communauté !
    Facebook n’est pas vraiment plébiscité pour des usages universitaires standards car les enseignants ne le propose pas comme un outil de travail !
    Pour l’espace qui ne soit pas le vecteur d’une communication universitaire « traditionnelle » ou rester entre soi, à mon avis ce sont deux choses différentes. Mes étudiants ont très bien compris que s’ils désirait en plus une communication entre eux en privé, il suffisait qu’ils créaient un groupe privé ! Ils ne se sont pas génés pour le faire 🙂 Et d’ailleurs, chose curieuse, ce groupe est perméable à des étudiants proche d’eux qui ne sont pas dans la même formation 🙂
    Tes craintes sur l' »ami » du prof au vue de mon expérience sont à réfuter 🙂 Je suis leur ami sur Facebook, mais aussi sur Viadeo ou Linkedin ! Nous parlons boulot (y compris pour les anciens parfois 🙂 et aussi d’autres sujets plus légers ! Nous arrivons à faire la part des choses.
    Nous n’avons pas la même influence concernant Facebook sur nos étudiants 😉 J’en connais qui ont fait un peu plus attention au fur et à mesure. Et Facebook n’est peut-être pas ou plus le lieu où les « pires » photos et autres peuvent être diffusées 🙂
    je suis entièrement d’accord avec ta conclusion intermédiaire : je crois qu’il nous faut apprendre à utiliser ces outils pour ce qu’ils induisent comme modèle d’usage et non pas pour ce qu’ils autorisent comme pratiques.
    Bref, devant l’utilisation que faisaient les étudians l’année dernière de Facebook, j’ai cessé d’utiliser le Yahoo Group qui nous servait de lien au préalable 🙂 En effet, une fois sur Facebook, plus aucun message en moins d’une semaine n’a transité par Yahoo 🙁 Nous sommes donc passés tout Facebook/

  2. À propos de lieu, le fonctionnement rappelle fort le type de rapports qui s’instaurent dans les cafétérias…
    Conversation libérée de la structure chaire/amphi, regroupements mouvants autour des tables, pas de sujet déterminé.

  3. AlainPierrot> Caféteria … oui probablement. Il y a en tout cas (dans la relation prof-élève), l’instauration de quelque chose comme une « parole flottante ». Ce qui est très fort dans cet outil (et qui n’existe pas dans la cafétéria ;-), c’est la capacité (potentielle) à mobiliser très rapidement des profils sur un objectif, un thème, une idée. Bref, un effet « vortex ».
    Eric Delcroix> Merci de ton commentaire. Effectivement, fréquentant majoritairement de « jeunes » étudiants, j’avais zappé des pratiques plus avancées. Il est clair que les usages progressent en même temps que le parcours universitaire avance. D’accord avec toi aussi pour indiquer que l’un des paris passionnants que lance Facebook à la communauté universitaire, c’est notre capacité à proposer des scenarios d’usage cohérents avec les pratiques effectives des utilisateurs de ces plate-formes.

  4. Vous ne parlez pas tellement du rapport « je sais/tu ne sais pas » prof/étudiant.
    Est-ce qu’il s’efface dans ce réseau virtuel ?
    Est-ce que cela change la manière d’enseigner dans la réalité ?
    Justement, quel est le modèle proposé ?
    Merci

  5. Steph> Je ne peux ici parler que de ma propre (et lmimitée) expérience. Ce qui est sur c’est que :
    – cela « ajoute » une sorte de proximité/complicité avec les étudiants. En même temps, avec ou sans Facebook j’essaie d’être un prof assez « abordable », donc peut-être que cette variation n’est pas significative …
    Pour le reste, comme je ne me sers pas de Facebook comme « outil » pédagogique, je ne peux pas juger si cela modifie le rapport « je sais/tu ne sais pas ».

  6. Steph> Je confirme pour la complicité mais je pense également être un prof « joignabl » et abordable 🙂 Mais effectivement par rapport à d’autres systèmes employés jusque là, la complicité est plus importante.
    Je ne crois pas que l’utilisation de Facebook se joue simplement dans la relation je sais/je ne sais pas. C’est d’ailleurs une notion que j’ai aboli depuis longtemps par « nous savons tous quelque chose » 🙂 Pour l’illustrer, parfois, mes étudiants me fournissent des liens sur des sujets qui m’intéressent.
    Donc, on pourrait dire qu’il s’efface par ce réseau. Mais, cela facilite également d’autres actions. Par exemple, lors des stages… je peux leur dire de contacter directement telle ou telle personne présente sur Facebook.
    Autre avantage de Facebook, nous sommes deux profs à nous répartir les cours de projet. Notre MyOffice permet à l’un et à l’autre de connaitre les évolutions des projets en live. Mais, cela est déjà arrivé, alors que nous étions en cours de communiquer au travers de Facebook avec l’autre enseignant qui était chez lui !
    De même, il est facile dans le cadre de ces projets de venir ajouter des membres extérieurs qui doivent intervenir dans le projet ! Les échanegs sont donc plus facile. Normalement, si tout se déroule normalement, nous devrions travailler sur un projet entre deux université de cette manière en vue de l’organisation d’une manifestation… Devrait se trouver réuni : les étudiants des 2 établissement, les enseignants responsables respectifs, les « organisateurs » et les intervenants ! Cela fait du monde.
    C’est vrai que nous sommes dans une partie spéciale des enseignements : les projets tutorés dans ce cas.
    Mais depuis cette année, j’utilise également Facebook pour stocker excercice, cours… (une sorte de Moodle).
    Autre exemple ‘utilisation, même si nous l’avons pas encore mise en place, il est possible « d’échanger » nos écrans d’ordinateurs… mais là encore je devrais tester cela cette année par exemple pour les aider parfois dans les exos…
    De nombreuses « applications » existent dans Facebook… Elles sont seulement méconnues… Nous en avions listé un certain nombre dans notre livre. Mais chaque jours de nouvelles apparaissent.
    Le gros avantage en plus que je vois à Facebook n’est pas l’activité en présentielle… même si nous avons tous notre Facebook d’ouvert 🙂 Mais lorsque je fais du Photoshop, il est difficile d’utiliser jusqu’ici Facebook 🙂
    Facebook prend toute son utilité lorsque nous sommes à distance ! Un un lieu unique nous disposons d’un courrier électronique, ou il est assez facile d’échanger avec les autres, de passer en tchat au besoin, de passer sur Skype….
    Autre exemple : l’année dernière, j’étais en formation dans une entreprise en début d’après-midi. J’ouvre mon Facebook et une avalange de Poke. J’avais oublié le rendez-vous que nous avions prévu dans le cadre de l’université mais en dehors de mes cours 🙁
    Enfin, j’arrête là et je crois que je devrais bientôt écrire un billet à mon tour sur comment j’utilise Facebook en cours, donc la dernière remarque : Je pense qu’il est intéressant que les étudiants se rapproche des milieux vers lesquels ils vont évoluer par la suite. Pour les étudiants de Master2 vers le référencement, l’elearning, la rédaction ou le contenu web, voir chef de projet. Ils peuvent au travers de mes relations entre autre entrer en contact avec des personnes que je connais, il découvrent également mes « sources d’information » sur Facebook. Et je m’aperçois à l’usage que certains vont au contact de ces personnes, rejoingnent les groupes…
    Bref, ce n’est pas temps la manière d’enseigner en classe qui change, mais l’ensemble des à-côtés… et cela me permet également une simplification dans la gestion des courriers électroniques 🙂

  7. Olivier est de mauvaise foi (mais tellement sympathique). Cette note aurait du débuter par une petite introduction sur les différences culturelles entre les universités anglo-saxonnes et les nôtres. La perception qu’en ont les étudiants n’est pas vraiment la même, le processus de choix d’un établissement n’est pas vraiment le même, l’attachement à l’alma mater n’ont plus. Cela fait beaucoup d’euphémismes mais je crois qu’ils sont nécessaires.
    Par ailleurs, si les interactions entre Olivier et ses étudiants sur Facebook semblent bien différentes des résultats de l’étude ne serait-ce pas parce que là encore nous avons quelques différences culturelles. Combien d’enseignants d’université à « disposition » de leurs étudiants ou facilement joignables par mail et messagerie instantanée ? Pourquoi les étudiants auraient-ils ce type de réflexe sur un réseau social alors que ces réflexes ne sont pas aiguisés dans « la vraie vie » ?
    Par ailleurs, puisque j’incite maintenant régulièrement les établissements supérieurs à utiliser Facebook et les autres réseaux sociaux, je partage complètement l’avis final d’Olivier. C’est la part d’outil de ces réseaux qu’il faut investir, un peu cyniquement en restant attentif à leurs limites et leurs audiences.
    Je crois d’ailleurs que Lyon 1 et son outil SPiral a tenté quelque chose de ce genre via Facebook.
    PS : je note qu’Olivier ne parle pas des outils mis en place à l’université même où il officie et où moi-même autrefois….;-)

  8. Ma propre expérience — concernant des étudiants en L3, c’est en effet important de le préciser — : j’ai créé un petit site internet ad hoc pour mon cours, conception + réalisation en 48h (en partant d’autres morceaux existants, bien entendu), beaucoup plus souple et performant qu’un blog, ou que facebook. De toute façon, je ne suis pas sûr qu’ils soient nombreux, parmi mes étudiants, à « y être », sur facebook — j’en ai même encore un ou deux sans adresse email, c’est la sociologie spécifique des étudiants en musique à Paris 8 ! Le site tel que je l’ai fait est potentiellement un outil puissant (mais qui demande quelques compétences au départ), mais le problème, c’est d’y faire venir les étudiants : on se retrouve à les « appâter » avec telle ou telle explication supplémentaire pour le devoir à rendre, etc. Je ne suis pas encore vraiment satisfait du résultat, l’interactivité est faible, mais ça me semble un peu inévitable pour des étudiants de licence — sans doute plus facile de motiver des masters.
    J’insiste sur le côté « sociologie » spécifique à tel ou tel cours, à telle ou telle université : une amie (en allemand à Paris III) me racontait hier que ses étudiants (L1, je crois, ou L2) avaient spontanément créé un groupe facebook pour le « projet Berlin » qu’elle montait avec eux.
    Pour ma part, concernant facebook : pas trop envie à vrai dire d’être encore plus surveillé par mes étudiants que je ne le suis déjà via mon site internet (dont ils connaissent l’adresse), et pourtant j’ai de facebook une utilisation minimale (quoique régulière) et plutôt « sobre ».
    amicalement
    benjamin

  9. Manuel> autant il est des fois où j’assume ma mauvaise foi, autant pour ce qui est de ce billet … je ne vois pas 🙁
    Sur les « différences culturelles » => certes, mis précisément, cette étude et l’observation de Facebook dans les université françaises fait surtout remonter des similitudes (facteur d’intégration)
    Sur « les interactions entre mes étudiants et moi » => là encore Manuel, lecture trop rapide du billet. Elles ne sont justement PAS différentes de l’étude. On s’en sert comme d’un espace de « proximité » dans lequel la relation enseignant/enseigné n’est pas au premier plan.
    Sur « Combien d’enseignants d’université à « disposition » de leurs étudiants » => là, OK, même si j’observe que de plus en plus de collègues sont (heureusement) au moins virtuellement disponibles.
    Sur « Olivier ne parle pas des outils mis en place à l’université même où il officie et où moi-même autrefois. » => précisément. C’est tout le sens de la conclusion de mon billet. Univ’tchat (messagerie instantannée) et Madoc (plateforme Moodle) n’ont pas la même vocation ni la même utilisation que Facebook. Pour causer marketing, leur « taux de pénétration » est loi (très loin) d’être le même. Faut peut-être se demander pourquoi, sans éternellement pointer du doigt l’architecture technique des outils …

  10. Bonjour Olivier, je m’excuse de la taquinerie sur la mauvaise foi mais je persiste à dire que j’ai perçu des différences entre l’étude et les observations que tu tires de tes relations avec les étudiants sur Facebook. Nous sommmes d’accord sur l’essentiel. Je m’interroge cependant sur :
    – les lycéens français sont-ils nombreux à prendre d’assaut les groupes « universitaires » sur facebook pour socialiser dans la perspective d’une prochaine inscription ?
    – les étudiants sont-ils rétifs à recevoir des infos universitaires ou bien à se placer dans une relation enseignants/étudiants sur facebook ? Certains étudiants français n’utiliseraient-ils pas facebook pour obtenir des informations ou des renseignements qu’ils ont du mal à obtenir de leur établissement ?
    – les expériences menées à L’université de Liège ou à Leicester prouvent qu’on ne peux lutter frontalement contre l’effet d’aspiration des réseaux type facebook ou myspace. La question des usages est alors primordiale….et la communication également :-). Les outils mis à disposition des étudiants par les universités ne peuvent pas se satisfaire de leur simple existence. Pour répandre leur utilisation, il faut « évangeliser », bref, organiser artificiellement ce qui se fait naturellement avec les réseaux sociaux leaders de leur catégorie dès qu’ils ont dépassés une certaine masse critique d’utilisateurs.
    – enfin pour terminer sur les différences, à ma connaissance aujourd’hui aucune université française n’a officiellement investi facebook. On constate que d’autres ailleurs (je parlais de Liège et de Leicester mais j’aurai également pu citer des universités québécoises) en sont à un autre stade. Cette implication de l’institution sur le réseau change sans doute également la perception et l’usage des étudiants.
    Je me permets d’ajouter que le classement des universités francophones sur Facebook pour le mois d’octobre sortira cette semaine sur mon blog. L’occasion de poursuivre la discussion.

  11. je vais tenter de répondre par mon expérience, à Lille 3 au sein de l’UFR IDIST.
    * aucun lycéens dans le groupe de l’IDIST ! De même, je possède également un groupe Lille 3 (ce n’est pas le plus important mais aucun n’est pris en main par l’université) et également là, pas de lycéens à ma connaissance…
    * Je pencherai pour la solution qu’ils sont en attente d’informations ou des renseignements qu’ils ont du mal à obtenir de leur établissement. De même, l’année dernière la diffusion d’une information dans le groupe IDIST avait permis d’informer les étudiants que l’associations des « anciens » se réunissait et qu’ils étaient invité !
    * d’accord sur le jugement des outils mis en place dans les universités. l’année dernière j’étais présent à une rencontre sur l’usage des TIC dans l’enseignement. A ma grande surprise, les enseignants utilisaient les outils genre Moodle, etc. pour que l’information ne sorte pas : il tentait de verouiller les informations dans leur cercle restreint. Il était incompréhensible pour eux qu’un étudiant mette en place un blog à l’extérieur de leur sphére d’influence 🙁
    Il faudrait que je repose la question aux étudiants de l’année dernière, mais je pense qu’ils n’ont jamais mis les pieds dans le Moodle de l’université ! De plus, le problème de l’utilisation de ces outils par les enseignants (les utilisent-ils ou pas ?) ne fait qu’augmenter le problème.
    Cette année, les masters 1 ont mis un place un SPIP pour s’échanger les notes de cours. Ils ne sont pas passés par Moodle.
    * j’attends avec impatience le classement 🙂

  12. En passant, et en restant plus ou moins dans le thème, mais je trouve ça intéressant, je signale un phénomène nouveau. Aux Etats-Unis, un reportage parlait de « cyber-bullies » ; que j’ai compris comme étant la version informatique des forts qui embêtent les faibles dans les cours d’école : intimidation, racket, harcèlement, humiliation… Cela concernait les classes primaires / collèges où celui qui a le mot de passe d’un autre sur MSN s’en sert à des fins peu amicales…

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