La 71ème section en folie : droit de réponse d’Arnaud Mercier.

Dans la quête éperdue de la 7ème compagnie 71ème section, j’ai pointé ce qui m’apparaissait comme un dysfonctionnement méthodologique important (sur le fond : hétérogénéité des critères retenus et de la composition des comités de constitution des listes disciplinaires, et sur la forme : absence non-justifiée de certaines sections et disciplines scientifiques). Arnaud Mercier (celui qui coordonne la – future – liste des revues 71ème), qui avait déjà répondu à mon premier billet, vient de déposer en commentaire du second un texte qui me semble (enfin) éclairer le processus. Je reproduis donc ci-dessous ce commentaire dans son intégralité  (j’y ajoute simplement mes remarques/réponses en rouge).
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Cher collègue bonjour
empruntant parfois moi-même les voies du mauvais esprit ironique, je ne saurais vous en faire grief a priori. Mais je me vois contraint de préciser que je ne le fais que lorsque je suis bien informé, pointant alors, en connaissance de cause, ce qui m’apparait comme des dysfonctionnements. Je suis au regret de constater que votre approche déroge passablement à cette règle de prudence, en assénant des commentaires goguenards faute d’informations. Je veux bien endosser que nous sommes parfois responsables du manque d’information donné, mais il est difficile d’informer sur des processus en cours
<Je ne voie pas en quoi, d’autant que le débat est déjà largement enclenché dans l’ensemble des champs scientifiques, et pas seulement en 71ème section> et qui sont contrairement à ce que vous semblez croire, contradictoires et même conflictuels entre nous.
Je voudrais d’abord pointer une contradiction dans votre posture : vous vous désolez de ce que les revues infocom ne figurent pas encore dans la liste, car j’ai laissé du temps au temps pour que la concertation vienne à maturité ; et de l’autre côté vous raillez la précipitation de publication de la liste. L’AERES aurait dû, j’en conviens préciser dans une note liminaire que la liste se construisait au fur et à mesure, mais si vous regardez le site, dans la colonne de gauche, il y a bien les listes par discipline, ce qui en creux signale celles qui n’y sont pas encore.
<Vous répondez vous-même à ce que vous indiquez être la "contradiction dans ma posture" (cf la partie grasseyée de votre réponse). Quant à indiquer que tout "manque d"information" est en fait "de l’information en creux", cela me semble un peu spécieux comme argument … Mais je laisse les lecteurs juger>
Comme votre grande sagacité a permis de le révéler à tous, je ne suis en rien un spécialiste de STAPS. Voilà pourquoi je me suis fait aider de collègues de la discipline, bénéficiant notamment d’un "expert renforcé", que j’ai enfin réussi il y a une semaine à faire passer au rang de délégué scientifique. Les STAPS ne m’auront donc été attribuées que durant une année, durant laquelle j’ai profité de mon extériorité pour arbitrer entre les courants et les disciplines, sans risque d’être accusé de parti-pris. je tiens à votre disposition l’ensemble des courriels reçus par ceux avec qui j’ai travaillé ou pour qui j’ai eu à organiser expertiser, et qui ont unanimement salué mon action, exprimant même parfois le regret de me voir quitter la fonction. Un esprit d’ouverture et d’équilibre, le souhait d’associer les compétences sans exclusive, peut contribuer à compenser un déficit de compétence spécifique.
<J’en suis ravi. Là encore, pour vous qui vivez cela de l’intérieur, ces éléments d’explication semblent peut-être inutiles. Mais je peux vous assurer que pour les collègues en STAPS qui découvrent et ont pour seul élément d’information la liste des experts de l’Aeres, vos explications tombent à pic.>
Toujours concernant le focntionnement de l’AERES, je crois utile de vous rassurer sur mon collègue Ronald Schusterman, il est délégué scientifique (tout court), ce qui veut dire qu’il a à ses côtés des délégués scientifiques-adjoints, un par discipline ou presque. Il supervise leur travail en somme. Vous voilà rassuré je pense, ainsi que vos lecteurs.
<Effectivement, en revanche l’inquiétude des collègues en lettres ne l’est pas … mais je leur laisse le soin de l’exprimer …>
Pour l’état actuel de la procédure, nous travaillons sur un projet de liste, discuté par les 10 experts constituant la commission (tous professeurs en infocom, travaillant ou non dans des revues, étant ou ayant été au CNU, ayant pour plusieurs conduit des études et travaux sur la publication scientifique et les revues..)
<Je ne vais pas abuser en vous demandant les noms … je pense qu’ils seront rendus publics en même temps que la liste des revues …> Bref, un petit panel de collègues, tous déjà sollicités pour être experts à l’AERES. Le Président du CNU est informé de nos échanges, sachant que nous avons pris comme base de départ la liste assez consensuelle que le CNU avait pris soin d’élaborer. Nous la rediscutons et l’élargissons aux revues non francophones, ce qui fait d’ailleurs par ricochet, que le CNU travaille à son tour à élargir sa liste à des revues étrangères. <Hourra et hosanna 🙂 > Je ne sais si le double processus aboutira à une liste totalement commune. je n’en suis pas certain car les logiques d’évaluation ne sont pas identiques <ceci est à mon avis un gros problème, mais c’est un autre débat>. Le CNU juge les productions individuelles de chaque chercheur. L’AERES évalue la production de chaque unité. C’est bien pourquoi l’AERES a refusé la pression du chiffre, en édictant comme règle pour être publiant, des critères plus souples que ceux de feue la DS06 du ministère. En effet, il faudra avoir en 4 ans, deux publications validantes, dans les revues classées ou dans des ouvrages collectifs de qualité (qui ne comptaient pas avec la DS06), ou via des livres scientifiques bien sûr. Plus quelques modalités particulières pour tenir compte de l’idiosyncrasie de chaque discipline (avant, l’édition annotée d’une Pléiade ne comptait pas pour un collègue de littérature, alors que cela pouvait représenter 3 ou 4 ans de travail et un vrai apport au savoir). je me permets donc d’affirmer sereinement que notre communauté n’a rien perdu avec l’arrivée de l’AERES, bien au contraire. D’autant que la section SHS a refusé massivement l’application des critères bibliométriques "à l’américaine", car non petinents. La mobilisation contre l’AERES et le classement des revues me paraît donc relever du fantasme et de la mauvaise information (nous devons du coup y avoir notre part de responsabilité). Je trouve que le ton avec lequel vous évoquez des faits que vous ignorez ne contribue pas à dissiper ces erreurs de jugement. <Le ton, je vous l’accorde est polémique. Mais vous savez tout le rôle que la polémique joua – en d’autres siècles – dans l’avancée des idées. Par ailleurs s’il peut surprendre un lecteur "de passage",  les lecteurs réguliers de ce blog y sont habitués. Il aurait été effectivement différent si j’avais décidé d’interpeller officiellement l’AERES. Mais ce ton – et accessoirement ce modeste blog scientifique – me semble avoir permis, grâce à mes interpellations complétées de vos réponses, de disposer d’éléments d’informations qui permettront ensuite à chacun de se forger son propre point de vue. Ce qui, dans le contexte
actuel, me semble suffisant pour légitimer ma posture 😉 et soyez certain que c’était là le seul but poursuivi par mes billets.>
Vous glissez régulièrement du légitime questionnement, faute d’infos suffisantes, au jugement en méconnaissance de cause. Je me permets donc en toute cordialité et franchise de venir sur votre blog rétablir quelques vérités et apporter quelques précisions.
J’attends avec impatience de lire vos critiques (peut-être même fondées, qui sait…) le jour où la liste des revues sortira, ainsi que le texte explicatif de notre procédure et de nos principes consensuels
<je puis dès aujourd’hui vous en donner l’assurance 🙂 > ; ce qui ne devrait plus trop tarder j’espère. Mais je préfère le temps de la concertation et de la maturation, à toute forme de précipitation.
Je vous adresse, ainsi qu’à vos lecteurs, mes plus cordiales salutations et vous prie de croire à l’esprit de dévouement pour le bon fonctionnement de notre discipline et de la procédure d’évaluation de l’AERES, qui, je tiens à le dire, n’a suscité quasiment aucune critique pour la première campagne que j’ai conduite. Sachez pour conclure que l’AERES se juge elle-même perfectible. c’est ainsi que l’habitude prise par la DS 06 de noter un laboratoire d’une seule note a été reprise. Face aux critiques émises, et que nous avons jugées judicieuses, l’ensemble des délégués a établi une nouvelle grille de notation en 4 notes, de façon à rompre avec une note unique apparaissant comme un peu trop couperet parfois. Ce processus est rendu possible grâce à notre aptitude collective à l’autocritique et à la vigilance critique de chacun, dont ce blog est une contribution parmi d’autres. Mais à la condition toutefois de savoir toujours s’exprimer avec pertinence et en connaissance de cause.

Arnaud Mercier
délégué scientifique adjoint pour l’information communication à l’AERES

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Un sincère merci donc à Arnaud Mercier pour sa réponse et le travail qu’il mène, lequel, le le conçois aisément, ne doit pas être très facile … Attendons désormais la fameuse liste … et soyez assuré qu’à sa parution, Affordance contribuera "à notre aptitude collective à l’autocritique et à la vigilance critique de chacun." 😉

Un commentaire pour “La 71ème section en folie : droit de réponse d’Arnaud Mercier.

  1. certains n’ont pas compris que ce sont ces méthodes cachottières (un petit groupe d’experts dont on n’a pas les noms qui agissent dans leur coin) qui gênent le plus. Je pensais que ces méthodes avaient évoluées… Dalb

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